2013_12_13_Tokay_photos_2_lr
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Vin de Hongrie
Tokaji du domaine ARPAD HEGYI PINCE
Vendredi 13 décembre 2013
La dégustation a été préparée puis commentée par Attila Aranyos pour la séance de l’après-midi.
Photographies et mise en page par Philippe Ricard.
Quelques commentaires de contexte :
Toutes les bouteilles, stockées pendant une longue période dans des conditions optimales, ont été placées dans une cave de service, à température adaptée, verticalement, 6 jours avant notre rendez-vous.
Elles proviennent toutes du domaine.
Cette dégustation s’est déroulée en deux séances : l’après-midi à 14h15 puis le soir à 19h30.
La plupart des échantillons, fournis en 2 exemplaires, ont été dégustés séparément lors des 2 séances ; ceux ayant été ouverts lors l’après-midi puis regoûtés le soir après 5 heures d’aération sont spécifiés dans le compte-rendu.
Ce compte-rendu détaille les impressions de l’après-midi.
Les vins sont dégustés sans présentation à l’aveugle.
Les verres utilisés sont les « Expert » de Spiegelau + verres à liqueur de 3 cl pour les nectars.
DS : Didier Sanchez – PC : Pierre Citerne – LG Laurent Gibet – PR : Philippe Ricard – MS : Miguel Sennoun – FM : François Martinez – CD : Cécile Debroas – AA : Attila Aranyos
Ordre de dégustation
(Nombre total de dégustateurs : 22)
1.Tokaji Furmint « Kiraly Dulo » 2011 – Domaine Arpad Hegyi Pince
(100% Furmint)
A l’ouverture : DS14 – PR14,5/15 – AA15,5 – CD14,5. Note moyenne AM : 14,7
Belle brillance, bien que pâle, avec une légère touche d’or blanc.
Discret au nez, mais rafraîchissant, avec un joli duo poire/pomme verte secondé de sensations de jus de raisin, de nectarine, d’une touche d’amande et d’un faux-semblant « minéral » suggérant la craie et les pierres humides.
Bouche généreuse où les fruits juteux résonnent avec la « minéralité » volcanique du terroir : tendre et savoureuse, légèrement salée, l’acidité vive (le citron vert en plus) offrant muscle, tension et longueur.
Vin jeune, engageant, d’excellent rapport qualité-prix.
Après 5 heures d’aération : DSNon degusté – PC13 – LG14 – MS13 – FM14. Note moyenne SOIR : 13,5
2.Tokaji Harslevelu « Mézes Maly Dulo » 2011 – Domaine Arpad Hegyi Pince
(100% Hárslevelu)
A l’ouverture : DS13 – PR13,5 – AA12,5/13 – CD14. Note moyenne AM : 13,3
Robe légèrement plus intense, encore pâle.
Nez de prime abord flatteur, presque explosif, sur les fleurs, les fruits mûrs, la mangue, le miel, le pain d’épices, le tilleul. Cependant, la plupart des arômes s’échappent rapidement jusqu’à devenir parfaitement neutres !
Structure légère, plutôt simple, mais de bel équilibre, avec une acidité plus « ronde » (citron mûr), une fin de bouche florale (même en rétro olfaction) très féminine. Expression qu’on peut considérer comme « typique » de l’harslevelu ; vin bien fait mais manquant encore singulièrement de complexité (vignes encore trop jeunes pour ce cépage exigeant).
Après 5 heures d’aération : DSNon degusté – PC13 – LG14,5 – MS13,5 – FM14. Note moyenne SOIR : 13,8
3.Pirate :Tokaji : Munkacsy Pinceszet es Szolobirtok Szaraz Feher Borkulonlegesseg « Szamorodni » 2004
(Furmint, Hárslevelu)
A l’ouverture : DS08 – PR07 – AA06 – CD13. Note moyenne AM : 8,5
Robe de couleur dorée.
Nez agressif, dominé par les aldéhydes (notamment le benzaldéhyde – amande chimique – très présente).
Si on retrouve en bouche les caractéristiques « plastiques » du terroir (certaine fraîcheur portée par l’acidité combinée à la « minéralité » volcanique des lieux), il est cependant difficile de trouver quelque chose d’intéressant dans ce vin rachitique et dilué. Approche simplement pédagogique…
Après 5 heures d’aération : DSNon dégusté – PC13 – LG14 – MS14 – FM14. Note moyenne SOIR : 13,8
4.Pirate :Tokaji : Kereskedohaz « Szamorodni » 1991
(Furmint, Hárslevelu)
A l’ouverture : DS10 – PR09 – AA05 – CD13 Note moyenne AM : 09
Robe ambrée soutenue, présence de dépôts (brun foncé).
Nez atypique, intrigant : café, chicorée, chocolat, pain grillé, (vieux) fruits secs, vague expression ranciotée d’Oloroso.
On retrouve en bouche ce pain grillé et le rancio sur une amertume assez prononcée ; vin complétement désintégré (minceur extrême) où même l’acidité (pourtant essentielle dans les expressions du Tokaj) a bien du mal à proposer une structure cohérente.
Après 5 heures d’aération : DSNon degusté – PC14,5 – LG14,5 – MS14 – FM14. Note moyenne SOIR : 14,3
5.Tokaji : Kövérszolo 2011 – Domaine Arpad Hegyi Pince
(100% Kövérszolo)
1ère bouteille : DS13 – PR13,5 – AA13 – CD13,5. Note moyenne AM : 13,3
Aspect pâle, paille (jaune/vert).
Nez plutôt agréable : fruits mûrs sucrés (coing, poire, pomme) se mêlent aux notes herbacées (tisane, fleurs fanées, paille) et au noyau d’abricot.
Simple et accessible en bouche (on y retrouve les fruits du nez, le litchi en plus), vin sans défaut, aimable, facile à boire, sucré-gourmand, auquel il manque toutefois le « peps » si typique de Tokaj.
2ème bouteille : DS13,5 – PC14 – LG14,5 – MS14 – FM14,5. Note moyenne SOIR : 14,1
6.Tokaji Aszu 5 Puttonyos 2008 – Domaine Arpad Hegyi Pince
Vin de base : 100% Hárslevelu
Aszu botrytisé : 100% Hárslevelu
Elevage : 2 années en fût de chêne de 220L (fûts de 1 et 2 vins)
Sucre : 160 g/l
Acidité : 7,5 g/l
1ère bouteille : DS15 – PR15,5 – AA16,5 – CD15,5. Note moyenne AM : 15,6
Couleur bouton d’or (à mi-chemin entre pâle et doré) brillant.
Nez très « propre », valorisant le fruit (abricot, coing, nectarine, raisin) de façon charmante et gourmande, dans une expression à la fois fraîche et pure.
On retrouve le même éclat en bouche (raisins secs et fruits tropicaux en sus) valorisée par une acidité « scintillante » sur des tonalités d’agrumes qui vont et viennent jusqu’en finale ; vin bien construit, très précis, d’équilibre parfait (ce qui n’est pas toujours fréquent sur un 100% harslevelu)…
2ème bouteille : DS15 – PC15,5 – LG16 – MS16 – FM15. Note moyenne SOIR : 15,5
7.Tokaji Aszu 6 Puttonyos 2008 – Domaine Arpad Hegyi Pince
Vin de base : 100% Hárslevelu
Aszu botrytisé : 100% Furmint
Elevage : 2 années en fût de chêne de 220L (fûts de 1 vin)
Sucre : 190 g/l
Acidité : 8,5 g/l
1ère bouteille : DS15,5/16 – PR15,5/16+ – AA15,5 – CD15. Note moyenne AM : 15,5
Robe dorée (vieil or), net et lumineux.
Nez « botrytisé » : noisettes grillées, pain d’épices, pommes au four, kumquat, caramel, raisins secs (Corinthe/Sultanas), ainsi qu’une légère touche oxydée (pommes râpées noircies).
Très riche (un monde sépare les 5 et 6 puttonyos !), presque sirupeux en attaque, il faut beaucoup de temps au vin pour s’ouvrir et « réveiller » son acidité, jaillissant peu à peu en fin de bouche sous forme de « pulsations » progressives. Vin clairement jeune, avec un équilibre encore en construction, le temps étant nécessaire pour révéler non seulement la complexité aromatique dont il est capable, mais aussi pour laisser l’acidité prendre le pas sur les sucres…
2ème bouteille : DS15,5 – PC14 – LG16 – MS14,5 – FM15,5. Note moyenne SOIR : 15,1
8.Tokaji Aszu 6 Puttonyos 2007 – Domaine Arpad Hegyi Pince
Vin de base : 100 % Kövérszolo (année expérimentale pour tester le potentiel de ce cépage)
Aszu botrytisé : 50% Furmint, 40% Hárslevelu, 10 % Kövérszlovo
Elevage : 2 années en fût de chêne de 220L (fûts de 1 vin)
Sucre : 180 g/l
Acidité : 7,9 g/l
1ère bouteille : DS15 – PR(14,5) – AA14 – CD15. Note moyenne AM : 14,6
Robe dorée et lumineuse.
Nez très diffèrent des échantillons précédents, moins intense mais frais, presque « vert » (herbacé) sur des tons d’aldéhydes (plutôt agréables comme l’hexanal en petites quantités), des notes oxydatives et grillées, des arômes d’abricot.
En bouche, le côté vert est réaffirmé, avec une expression presque tannique, une construction non pas fuselée mais évasée, l’acidité attaquant en premier (de façon étonnamment frontale), le sucre finissant en douceur sur la confiture d’abricot ou l’abricot sec. On dirait un Tokaj « à l’envers » !
Vin malgré tout bien exécuté, juteux, avec les abricots typiques de l’appellation, mais simple, à la structure plus approximative.
Apparemment, il semblerait que le kövérszolo ne soit pas idéalement adapté à la réalisation d’aszu ambitieux (au moins sur cette année, où l’acidité a eu tendance à être « brûlée » avant la récolte).
2ème bouteille : DS15,5 – PC16 – LG16,5 – MS16,5 – FM14,5. Note moyenne SOIR : 15,8
9.Tokaji Aszu 5 Puttonyos 2003 – Domaine Arpad Hegyi Pince
Vin de base : 100% Hárslevelu
Aszu botrytisé : 80% Hárslevelu, 20% Furmint
Elevage : 2 années en fût de chêne 220L (fûts de 1 vin)
Sucre : 146 g/l
Acidité : 7,4 g/l
1ère bouteille : DS15,5 – PR16 – AA17 – CD16. Note moyenne AM : 16,1
Robe dorée, éclatante.
Superbe nez, tout en fraîcheur : miel d’acacia, fleurs blanches, muscat, safran, zeste d’agrumes, aspect « poussière après l’orage », esprit « minéral » suggéré (craie/pierre humide), légère trace terpénique (un peu comme un riesling).
Liqueur de forte intensité, très alerte, à l’acidité tranchante qui porte haut et loin les arômes dans une fraîcheur singulière (dominée par les agrumes).
Bel exemple de 5 puttonyos moderne (fruité millimétré, pur et éclatant) et nouvelle confirmation de la grande différence de style et de richesse entre les 5 et 6 puttonyos.
2ème bouteille : DS15 – PC13 – LG(14) – MS13,5 – FM15. Note moyenne SOIR : 14,1
10.Tokaji Aszu 6 Puttonyos 2003 – Domaine Arpad Hegyi Pince
Vin de base : 100% Hárslevelu
Aszu botrytisé : 70% Hárslevelu, 30% Furmint
Elevage : 2 années en fût de chêne de 220L (fûts d’1 vin)
Sucre : 200g/l
Acidité : 8,5g/l
1ère bouteille : DS16,5 – PR17,5/18+ – AA18 – CD16,5. Note moyenne AM : 17,1
Brillant, couleur d’or avec une touche de « coucher du soleil ».
Nez superbe de complexité : fruits confits (abricot/coing), miel de mille fleurs, épices (clou de girofle, safran, noix de muscade), agrumes (orange dominante), caramel au lait, fruits exotiques (ananas, kumquat), forte « minéralité » qui vient sculpter et souligner les fruits comme les fleurs.
Corps charnu, puissant, avec une belle acidité, de la tension (besoin de temps pour se révéler), mais structure encore une peu serrée, peu disposée à tout « relâcher ». Beaucoup de fruits secs/confits, d’agrumes épicés à l’orientale, belle « minéralité » (légèrement saline), finale extraordinairement longue.
Un sacré gaillard, préparé avec minutie, déjà beau, mais certainement encore trop jeune pour exposer son plein potentiel.
2ème bouteille : DS16,5 – PC15,5 – LG16,5 – MS16 – FM16. Note moyenne SOIR : 16,1
11.Tokaji Aszu 6 Puttonyos 2000 – Domaine Arpad Hegyi Pince
Vin de base : 100% Hárslevelu
Aszu botrytisé : 90% Hárslevelu, 10% Furmint
Elevage : 2 années en fût de chêne de 220L (bois neuf)
Sucre : 198 g/l
Acidité : 8,2 g/l
1ère bouteille : DS(14) – PR15,5+ – AA14,5/15 – CD14,5. Note moyenne AM : 14,7
Or étincelant, pur, l’une des plus belles robes de la dégustation.
Un nez assez fermé, contenu (entre autre par un léger parasitage boisé sur la sciure, la vanille, le pain grillé), marqué par les fruits secs (amandes, noix, noisette) avec toujours ces suggestions de craie et de pierres humides.
Le fruit apparaît enfin en bouche (dominante de fruits tropicaux, d’ananas et de nectarine caramélisée), mais l’ensemble est bel et bien bridé par le bois (évoquant bien davantage Sauternes que Tokaj) ; sentiment mitigé confirmé par une acidité elle aussi en sourdine… Même si le vin semble bien bâti, l’utilisation de bois neuf (nécessaire pour le vigneron qui s’équipe peu à peu de nouveaux contenants…) cadenasse davantage un vin qui devra sans doute patienter bien plus longtemps pour se libérer…
2ème bouteille : DS(14) – PC12 – LG14,5 – MS13,5 – FM13. Note moyenne SOIR : 13,4
12.Tokaji Aszu 6 Puttonyos 1999 – Domaine Arpad Hegyi Pince
Vin de base : 100 % Hárslevelu
Aszu botrytisé : 50 % Hárslevelu, 50 % Furmint
Elevage : 3,5 années en fût de chêne de 500L (fûts de 20 ans)
Sucre : 216 g/l
Acidité : 9,8 g/l
1ère bouteille : DS17,5 – PR18,5 – AA18,5 – CD17. Note moyenne AM : 17,9
Robe clairement ambrée (élevage en vieux bois).
Magnifique complexité du « botrytis » à son meilleur : miel, bouquet de fleurs, abricot, cire d‘abeille, zeste d’agrumes, kumquat, Grand Marnier, herbes/épices fines (thym, clou de girofle, lavande, noix de muscade), soupçon organique.
En bouche, grande précision, équilibre parfait entre sucre et acidité (fondus ensemble), intensité aromatique exceptionnelle, soyeux et veloutés délivrés presque sans fin… Un Tokaj somptueux, étonnamment proche de son apogée (mais qu’il devrait maintenir assez longtemps…), à mi-chemin entre style ancien et moderne.
2ème bouteille : DS16,5 – PC17,5 – LG16,5/17 – MS17,5 – FM16. Note moyenne SOIR : 16,9
13.Tokaji Aszu 6 Puttonyos 1998 – Domaine Arpad Hegyi Pince
Vin de base : 100% Zéta (année expérimentale pour tester le potentiel de ce cépage)
Aszu botrytisé : 50% Hársleveu, 50% Furmint
Elevage : 3 années en fût de chêne de 220L (fûts de 20 ans)
Sucre : 170g/l
Acidité : 8g/l
1ère bouteille : DS15,5 – PR15,5 – AA15,5 – CD16. Note moyenne AM : 15,6
Robe ambrée scintillante.
Nez typé par le botrytis, entre notes organiques, citron confit, clou de girofle, gingembre, poudre de cacao, Spéculoos.
Liqueur élégamment veloutée, toujours à l’équilibre, mais moins concentrée, délivrée de façon plus simple (absence notable de note « minérales ») ; arrière-goût amer agréable (serait-ce une propriété du zéta?).
Après l’expérience sur le kôvérszolo, l’utilisation du zéta n’est pas davantage concluante, avec un potentiel à priori moindre (en tout cas sur cet échantillon), une complexité limitée.
2ème bouteille : DS14,5 – PC14,5 – LG14 – MS15 – FM15,5. Note moyenne SOIR : 14,7
14.Tokaji Aszu 6 Puttonyos 1997 – Domaine Arpad Hegyi Pince
Vin de base : 100% Hárslevelu
Aszu botrytisé: 70% Hárslevelu, 30% Furmint
Elevage : 3,5 années en fût de chêne de 500L (fûts de 20 ans)
Sucre : 190 g/l
Acidité : 8,5 g/l
1ère bouteille : DS16 – PR16 – AA17 – CD15,5. Note moyenne AM : 16,1
Belle couleur ambrée.
Nez épicé (notamment sur le safran), légèrement « vert » (typé hexanal), éthéré, agréable, délicieusement accompagné de notes de fruits confits et miellés.
Vin de grande harmonie, sapide (sensation saline fort salivante) dominé en bouche par l’abricot sec, le miel de bruyère, relevé de tons légèrement fumés ; grande longueur, portée par l’acidité énergique (le vin démontre une certaine fraîcheur malgré son âge).
2ème bouteille : DS15 – PC11 – LG11 – MS(ED?) – FM14,5. Note moyenne SOIR : (12,9)
15.Tokaji Aszu Eszencia 2002 – Domaine Arpad Hegyi Pince
Vin de base : 100% Hárslevelu
Aszu botrytisé : 90 % Hárslevelu, 10 % Furmint
Elevage : 2,5 années en fût de chêne de 220L (fût d’1 vin)
Sucre : 240 g/l
Acidité : 12 g/l
1ère bouteille : DS17 – PR18+ – AA19+ – CD16,5. Note moyenne AM : 17,6
Aspect doré étincelant, légèrement bronze.
Nez de nouveau très pur, très raffiné, intense : coing, confiture d’abricots, zeste orange/agrumes, fruits confits, tons de pommes aromatiques (Chanteclerc), miel d’acacia, muscat, cannelle, clou de girofle. Derrière tous ces arômes, on retrouve ces notes caractéristiques de pierre humide/craie, de « poussière après la tempête », cette touche de « minéralité » volcanique.
Corps de concentration extrême, délié par de belles et longues élancées acides (rappelant le citron frais). Vin racé, intense, salivant, avec une rondeur veloutée (liqueur et glycérol) sculptée par le caractère salin/minéral tout aussi intense. Frais, vif, de grande finesse – très jeune dans sa définition -, magnifique exemple de Tokaj moderne, parfumé et extrêmement pur, en apparence indestructible.
2ème bouteille : DS17 – PC17 – LG15,5+ – MS17 – FM16. Note moyenne SOIR : 16,5
16.Pirate : Tokaji Esszencia (Nectar) 1993 – château Pajzos
Aszu botrytisé : (probablement Furmint majoritaire)
Sucre : 450 g/l
Acidité : 12,55 g/l
A l’ouverture : DS17,5/18 – PR19 – AA19,5 – CD17. Note moyenne AM : 18,3
Aspect ambré soutenu (rouille), parfaitement limpide (vin à priori filtré ce qui est inhabituel pour une Esszencia).
Nez « botrytisé » fortement concentré : figue, datte, confiture d’abricots, zeste d’orange, raisin de Corinthe, pruneau, kumquat ; mais une certaine fraîcheur par l’apport de fruits acidulés (groseille à maquereau) et d’arômes de mille fleurs…
Bouche riche, épaisse, « enduisante », où chaque mini-gorgée déclenche une « explosion » de saveurs et d’arômes… Le plus surprenant dans ce « vin » hors normes est son équilibre quasi parfait où les 450g de sucre semblent moins démonstratifs que la puissance acide ! Immense, sur tous les fronts, un véritable vin d’exception.
Après 5 heures d’aération : DS17,5/18 – PC18 – LG16 – MS18 – FM17. Note moyenne SOIR : 17,8
17.Tokaji Matur Esszencia (Nectar) 2000 – Domaine Arpad Hegyi Pince
Aszu botrytisé : 90 % Hárslevelu, 10 % Furmint
Sucre : 710 g/l
Acidité : 8-10g/l
Pas d’élevage
A l’ouverture : DS(Non notable) – PR(non notable) – AA(non notable) – CD(pas noté). Note moyenne AM : non notable
Huileux, opaque, couleur approchant le café (comme un pedro ximenez).
Arômes de concentration extrême, caractérisés par des cerises noires surmûres, le pruneau , la figue, les dattes, l’abricot sec, les fruits séchés au feu de bois, les raisins de Corinthe…
La teneur en sucre est accablante, reflétant les caractéristiques solaires de l’année 2000 (l’acidité a besoin de temps pour faire surface en fin de bouche). « Vin » d’expérience davantage que de dégustation (bien plus que l’esszencia précédente), d’épaisseur inouïe (à mâcher plus qu’à boire !) : la moindre gouttelette génère une décharge gustative superlative. Un extra terrestre dans le monde du vin, bien difficilement notable, « matière première » aux sources des grands vins de Tokaj…
Après 5 heures d’aération : DS(Non notable) – PCintéressant! – LG15,5/16 – MS(non notable) – FMsurprenant. Note moyenne SOIR : non noté
Conclusion sur les impressions de la 1ère séance
En sec, le furmint de parcelle « Kiraly » montre déjà le potentiel de cette variété à exprimer son terroir : un vin qui gagnera de plus en plus de corps à l’avenir.
A noter : à titre personnel, j’ai regoûté ce vin après 2 semaines d’ouverture (stocké sous vide au réfrigérateur) : tenue impeccable, laissant deviner une excellente résistance à l’oxydation, donc un potentiel d’évolution au long terme…
Le hárslevelu est quant à lui bien réalisé mais les vignes sont encore beaucoup trop jeunes pour déjà exprimer un message réellement intéressant (même exigence que d’autres cépages comme, par exemple, le carignan ou le cinsault qui réclament plus de 50 ans pour s’ouvrir la voie de la complexité et de la profondeur d’expression).
Le style des 5 puttonyos fut une vraie révélation : ce ne sont pas simplement des 6 puttonyos « moins concentrés », mais des vins de grand éclat, au caractère profondément différent.
L’apparence faussement « légère » d’une matière moins dense, moins liquoreuse, ne devrait pas cacher leur extrême précision aromatique, leur pureté et leur fraîcheur saisissantes : l’acidité est tellement bien calibrée que ces vins se destinent en évidence (et en parfaite digestibilité) à la table (tajine, curry indien, plats sucrés-salés) ; pour des vins affichant 150 g/l de sucre, ce n’est pas loin d’être un exploit…
Dans cette catégorie, le choix du 100% hárslevelu (ou presque) semble d’une extrême pertinence.
Le passage aux 6 puttonyos nous fait franchir un véritable fossé : concentration, saveurs plus soutenues, puissance, le ton est très différent, moins allègre, plus solennel (bien moins immédiat également : on devine des vins de grande patience).
Dans la cour de ces grands, les 2002, 1999 et 2003 caracolent clairement en tête.
L’aszu esszencia 2002 est l’incarnation par excellence de l’aszu moderne : à la force de sa liqueur, à l’énergie stupéfiante de son acidité se rajoute une définition aromatique diablement jeune et millimétrée (elle en est même trop simple à ce stade de sa vie !)… Elle incarne à merveille la parfaite symbiose entre la puissance des 6 puttonyos et l’éclat, la vigueur des 5 puttonyos. Partie pour l’immortalité…
A contrario, si le 1999 nous a également fait forte impression, il s’oppose quelque peu au 2002 par sa signature nettement plus « classique », plus proche de nos repères familiers sur l’appellation ; même vigneron, même terroir, et pourtant des choix d’élevage distincts (vieux fût de grand contenant) pour un vin immédiatement plus complexe ; impression peut-être plus aboutie pour certains, plus évoluée et moins pure (et donc moins impressionnante que la jeunesse balbutiante de l’esszencia 2002) pour d’autres… Mais 2 très belles interprétations d’une même partition…
Avec le 2003, on retrouve cette vision plus « moderne » du Tokaj, toujours impressionnant dans sa puissance d’expression, mais soulignant un souci de précision et de jeunesse aromatique supérieur (avec comme revers immédiat une certaine limite dans la profondeur d’expression ; ce que le temps devrait révéler).
A propos des cépages, on comprend combien leur sélection est déterminante dans les propriétés du produit final (élément stratégique sur lequel le domaine semble porter une attention aussi précise que singulière, en tout cas par rapport à d’autres), non seulement dans la fabrication de l’aszu, mais tout autant dans la définition du vin de base.
A ce sujet, les échantillons de kövérszolo et de zéta n’ont pas convaincu (même si ce sont des vins tout aussi bien faits que les autres) : pas vraiment sûr qu’ils soient adaptés (en tout cas à pareille proportion) à la réalisation d’un grand Tokaj.
D’autre part, on pourrait sans doute penser que l’utilisation plus soutenue du furmint dans les vins de base (en particulier tant que les vignes de hárslevelu sont toujours trop jeunes) permettrait au vin final de gagner en corps, en « rondeur » d’acidité et en complexité.
A propos de l’usage du bois neuf…
On a confirmation que les résultats ne vont pas parmi nos préférés (en contraste avec la pureté des définitions aromatiques des autres échantillons) avec l’exemple du 6 puttonyos 2000 aux faux airs de Sauternes davantage que de Tokaj ; à noter toutefois que le millésime a sans doute favorisé cette équivoque par son faible taux d’acidité…
Le cas de ce vin n’est pourtant pas désespéré, mais on peut déjà parier sur la nécessité d’un vieillissement supplémentaire (ce qui n’est pas une bonne nouvelle, un grand Tokaj ayant déjà besoin de tellement de temps pour pleinement se livrer) pour lui permettre de fondre les stigmates disgracieuses de cet élevage…
Pour finir, l’expérience des pures esszencia est franchement un moment particulier… comme une descente au plus profond des entrailles de Tokaj…
L’expression du Pajzos est proprement phénoménale, d’autant plus qu’elle reste à peu prés « accessible », en tout cas dans l’idée que peut s’en faire un dégustateur de vin…
La version d’Arpad Hegy est par contre nettement plus extrême : évidemment intéressante (l’impression secrète de toucher à la « substantifique moelle » de Tokaj), mais d’une telle extraction qu’elle en devient à peine comestible ! Pour le service, un dé à coudre aurait suffi…
Commentaires du vigneron
Comme tout nouveau domaine, nous sommes encore en phase d’apprentissage, tous les jours !
Notre entreprise est en évolution permanente, de façon la plus responsable possible, fonction de nos ressources humaines et de nos moyens financiers.
Nous essayons d’être aussi perfectionnistes que possible, avec un soucis délibéré de rigueur extrême dans notre démarche qualitative : nous espérons cet objectif déjà visible à travers nos vins…
Encore en quête de notre style, nous sommes toujours en phase expérimentale, tant dans le choix des cépages que dans notre technique de vinification.
Nous pouvons vous confirmer que l’utilisation des cépages zeta et koverszolo dans notre vin de base (en monocépage) faisait partie de ces tests ; non concluants, donc abandonnés.
En 2000, devant le vieillissement de notre parc de barriques, nous n’avons pas eu d’autre choix que d’investir dans des barriques neuves ; occasion également d’essayer une nouvelle technique de vieillissement. Maintenant nous en connaissons, tout comme vous, le résultat…
Conséquence : nous utilisons maintenant nos barriques neuves uniquement pour les vins secs. Et nous atteignons petit à petit une situation de relatif confort avec un parc de barriques suffisant pour gérer l’élevage de nos vins avec davantage de justesse.
Quant au harslevelu, c’est un choix de cépage délibéré, notre marque de fabrique ; nous pensons humblement avoir atteint une première étape en parvenant à démontrer la capacité d’un tel cépage à produire d’excellents aszus.
Mais il nous a fallu plus de dix ans pour juger cette voie avec confiance…
Il n’empêche (on se rejoint dans votre remarque sur les limites de ce cépage dans sa jeunesse), nous avons décidé ces dernières années (à partir de 2010) d’ajouter une proportion de furmint assemblé à l’harslevelu dans l’élaboration de nos vins de base…
Tableau récapitulatif sur les échantillons de la 1ère séance
Grand Vin |
1993 |
Tokaji Eszencia (Nectar) 1993 – château Pajzos |
18,3 |
Excellents vins |
1999 |
Tokaji Aszu 6 Puttonyos |
17,9 |
2002 |
Tokaji Aszu Eszencia |
17,6 |
2003 |
Tokaji Aszu 6 Puttonyos |
17,1 |
Très bons vins |
2003 |
Tokaji Aszu 5 Puttonyos |
16,1 |
1997 |
Tokaji Aszu 6 Puttonyos |
16,1 |
Bons vins |
2008 |
Tokaji Aszu 5 Puttonyos |
15,6 |
1998 |
Tokaji Aszu 6 Puttonyos |
15,6 |
2008 |
Tokaji Aszu 6 Puttonyos |
15,5 |
Assez bons vins |
2000 |
Tokaji Aszu 6 Puttonyos |
14,7 |
2011 |
Tokaji Furmint « Kiraly Dulo » |
14,7 |
2007 |
Tokaji Aszu 6 Puttonyos |
14,6 |
2011 |
Tokaji Harslevelu « Mézes Maly Dulo » |
13,3 |
2011 |
Tokaji Koverszolo |
13,3 |
Echantillon non notable |
2000 |
Tokaji Matur Eszencia (Nectar) |
– |
Moyenne de la dégustation |
15,7 |
Tableau récapitulatif sur les échantillons de la 2ème séance
Excellents vins |
1993 |
Tokaji Eszencia (Nectar) 1993 – château Pajzos |
17,8 |
Très bons vins |
1999 |
Tokaji Aszu 6 Puttonyos |
16,9 |
2002 |
Tokaji Aszu Eszencia |
16,5 |
2003 |
Tokaji Aszu 6 Puttonyos |
16,1 |
Bons vins |
2007 |
Tokaji Aszu 6 Puttonyos |
15,8 |
2008 |
Tokaji Aszu 5 Puttonyos |
15,5 |
2008 |
Tokaji Aszu 6 Puttonyos |
15,1 |
Assez bons vins |
1998 |
Tokaji Aszu 6 Puttonyos |
14,7 |
2003 |
Tokaji Aszu 5 Puttonyos |
14,1 |
2011 |
Tokaji Koverszolo |
14,1 |
2011 |
Tokaji Harslevelu « Mézes Maly Dulo » |
13,8 |
2011 |
Tokaji Furmint « Kiraly Dulo » |
13,5 |
2000 |
Tokaji Aszu 6 Puttonyos |
13,4 |
Echantillon douteux |
1997 |
Tokaji Aszu 6 Puttonyos |
(12,9) |
Echantillon non notable |
2000 |
Tokaji Matur Eszencia (Nectar) |
– |
Moyenne de la dégustation |
15,0 |