Horizontale de Bordeaux sur le superbe et très classique millésime 1986. Le compte rendu sur le lien suivant:
Le millésime 1986 à Bordeaux
Synthèse des commentaires de dégustation : Didier Sanchez.
Quelques commentaires de contexte :
Les vins ne sont pas dégustés à l’aveugle, ils ont été carafés.
Nombre de dégustateurs : une douzaine.
Les notes et commentaires proviennent uniquement de la dégustation de Didier Sanchez.
1. Pomerol : Château L’Evangile 86
Robe brillante, bordure orangée, moyenne intensité.
Le nez est de belle facture, surtout à l’aération : 1er nez de mure, thé, café, prune, bouquet séché, fraise, pruneau puis sous-bois, cèdre, tabac blond, rose séchée, pour finir sur la mandarine et le pamplemousse.
Bouche souple, svelte, tendre, assez simple à la finale un peu poussiéreuse. Par contre, belle qualité de tannins fins mais pas secs. Beau nez, mais la bouche manque de chair. Ce vin aurait dû être bu.
2. Pomerol : Château La Conseillante 86
Robe évoluée aux franges bien brunes.
Premier nez de framboise mûre, de prune et de violette. Puis évolution sur le gibier, les feuilles mortes, tabac, orange sanguine, pierre à fusil, clou de girofle. Le fond de verre fait apparaître beaucoup de volatile !
Matière tout en souplesse, velouté, rondeur, finesse, pas très intense, pas un gros corps, mais un très bel équilibre, voluptueusement sensuel. C’est un vin de classe, dans un petit millésime, qui souffre d’une certaine minceur, qui se décharne au fil des ans. La finale est métallique et poussiéreuse. Ce vin aussi aurait dû être bu.
3. Saint-Emilion Premier cru classé B : Château Pavie 86
Grenat brillant, centre foncé, légère évolution sur les bords.
Le 1er nez est frais sur des fruits à l’alcool, la cerise, la framboise, qui laissent place aux agrumes, bouquet séché, cendre et humus. Une pointe d’acescence en finale.
Bouche avec une attaque plus serrée que les pomerols, corsée, profonde, un peu de fruit et de fraîcheur mais la finale est un peu alcooleuse.
4. Saint-Emilion Premier cru classé B : Château Beauséjour Becot 86
Robe d’un rouge clair assez peu évoluée.
Un nez de fumée, sous bois, tabac fin, bouquet séché, cerise à l’alcool, rose et confiture de figues.
Attaque souple sur un demi-corps, tannins desséchants, finale métallique, assez court.
5. Haut Médoc Cru Bourgeois : Château Potensac 86
Robe profonde, rubis pourpre, dense pratiquement pas évoluée.
Nez de poivron cuit, épices, fumé, réglisse, herbes aromatiques, minéral. Assez intense, direct et franc, belle fraîcheur mentholée.
Bouche franche, corsée, sur un joli fruit frais plein de jeunesse mais relativement simple aromatiquement. Vin viril qui manque de complexité et d’élégance, un peu ramassé sur lui même. Les tannins sont un peu « rustiques ».
6. Saint-Julien Deuxième vin de Léoville Las Cases : Clos du Marquis 86
Robe d’un rouge intense, légers reflets bruns sur les bords.
Beau nez de fruits rouges, pointe d’alcool, épices, poivre puis bouquet séché et eucalyptus.
Attaque ferme puis un peu de rondeur pour terminer sur une bouche simple, légèrement alcooleuse, courte un peu dissociée. Les tannins sont un peu fermes.
7. Saint-Julien Deuxième cru classé : Château Ducru Beaucaillou 86
Robe d’un rouge intense, complètement noire.
Nez relativement simple, fermé, peu de puissance et de complexité.
Beau fruit en attaque sur une bouche élancée, beaucoup de rondeur, de soyeux, belle matière mais finale sur le pruneau, légèrement acide. A boire.
8. Saint-Julien Deuxième cru classé : Château Léoville Barton 86
Robe très profonde, d’un rouge intense, complètement opaque. Aucune trace d’évolution.
Nez intense et complexe, avec de la race : cassis, cèdre, havane, noyau de cerise, anis, pruneau, caramel, bâton de réglisse, un peu résiné.
Bouche encore sur le fruit, élégante, très jeune avec un superbe équilibre, de la concentration, corpulente, dense, riche. Grosse structure tannique juteuse, de l’intensité aromatique, qui termine sur une belle longueur.
9. Margaux Troisième cru classé : Château Palmer 86
Robe assez claire, légèrement évoluée.
Nez intense, complexe et classique de prune, torréfaction, café, rose séchée, fleurs. Très classe !
Bouche intense de finesse, de jus de fruit, mais la finale est un peu desséchante, manquant de surcroît d’un peu de chair.
10. Pauillac Deuxième vin de Latour : Les Forts de Latour 86
Robe rouge profond, pas d’évolution.
Nez un peu animal, minéral, avec une belle intensité sur le cassis, puis arrive de la noix, des épices, du bouquet séché.
Bouche ferme, marquée par l’acidité, assez austère avec une finale manquant de concentration et de profondeur. Toutefois, bel équilibre entre le corps et les tannins.
11. Saint Estèphe Deuxième cru classé: Château Montrose 86
Robe rouge profond, noire et mate.
Nez intense sur le poivron cuit, la réglisse et le tabac.
Bouche ample, intense, robuste, droite, beau fruit, du muscle et de la profondeur. Vin viril et charnu, corsé, et profond. Belle persistance aromatique en fin de bouche sur les épices.
12. Saint Estèphe Deuxième cru classé: Château Cos D’Estournel 86
Robe rubis, presque noire opaque
Nez puissant et complexe de fruit encore frais, grillé, fumé, prune très mûre, réglisse, poivron grillé, chocolat, cèdre et poivre.
Bouche riche en extrait, pleine, massive, énorme et épanouie, concentrée avec beaucoup de richesse et de profondeur. Belle puissance et charpente de premier ordre qui donnent un vin viril, tannique, puissant, plein, encore très jeune.
Par rapport à la réputation du millésime 1986 :
La rive droite : globalement décevante, tous les vins devraient être bus. Il y a indéniablement un manque de maturité du raisin et peu de chair dans les vins.
La rive gauche : confirme sa capacité au vieillissement dans ce millésime. Les vins ont pas mal d’acidité en raison du climat froid de 86, mais paradoxalement des tannins mûrs qui participent à leur équilibre. Seuls les meilleurs méritent d’être attendus.