Horizontale de quelques vins de Bordeaux sur le trés beau millésime 1990. Le compte rendu sur le lien suivant:
LE MILLESIME 90 A BORDEAUX
Quelques commentaires de contexte :
Les vins n’ont pas été dégustés à l’aveugle.
Nombre de dégustateurs : une douzaine.
Les notes et commentaires proviennent uniquement de la dégustation de Didier Sanchez.
Ordre de dégustation :
1 – Château Beauséjour Bécot Saint Emilion Grand cru classé (1er grand cru classé B aujourd’hui) :
Robe moyennement intense, mais profonde, paradoxalement assez rouge au milieu mais bien évoluée sur des franges brunâtres.
Joli nez de fruit à l’alcool, assez puissant, intense et complexe. De la réglisse, de l’herbe sèche, un peu de noisette. Puis du cigare, fruit rouge cuit et pruneau.
Bouche souple, ronde, très fruitée terminant sur une bonne fraîcheur. Dommage que le milieu de bouche soit creux et la finale assez courte et légèrement amère. Cela donne l’impression que la maturité phénolique des cabernets francs est déficiente.
2 – Château Clos Fourtet Saint Emilion 1er grand cru classé B :
Robe plus intense que la précédente, légère évolution dans la masse.
Nez puissant et complexe de fruit frais, café, chocolat, crème brûlé, fumé et grillé. Belle élégance sur la fraîcheur, pas de déséquilibre alcooleux et aucune note tertiaire.
Bouche souple paraissant très mûre, fruité frais, en rondeur, belle sève et fin de bouche sur les fruits à l’alcool. Très bonne longueur (12 secondes).
3 – Château Trotanoy : Pomerol
Robe intense, profonde et évoluée.
Nez intense et complexe de fraise des bois, mentholé et anisé. Très belle fraîcheur, élégance, finesse. Notes de réglisse et de tabac blond. Long à s’exprimer.
Bouche élégante, fruitée et fraîche. Finale sur le foin coupé et légèrement amère. Longueur de 10 secondes. Léger manque de corps, de gras et de concentration. Rendement trop élevé ?
4 – Château Les Ormes de Pez : Saint Estèphe Cru Bourgeois
Robe très intense et noire, seul les bords sont évolués.
Nez de fruits rouges cuits, réglisse et épices. Assez discret et peu complexe, un peu lourd avec une pointe alcooleuse.
Bouche ferme, gaillarde, vigoureuse, fruité un rien rustique (nous sommes bien à Saint Estèphe !). Elle est aromatiquement simple mais mûre grâce au millésime Finale simple, un peu amère. Longueur de 8 seconde.s Se dégustera mieux à table sur une viande rouge.
5 – Château Grand Puy Ducasse : Pauillac Cinquième cru classé.
Robe moyennement intense aux franges évoluées.
Nez intense et complexe dominé par la fraîcheur du fruit rouge, en finesse, mentholé puis arrive le tabac blond, le cèdre, la verveine séchée, le cacao.
Bouche complexe, fraîche, puissante, équilibré et harmonieuse avec beaucoup de finesse et de souplesse. Dommage que la finale soit un peu « dure » (mais le fruit domine).
6 – Château Duhart-Milon Rothschild : Pauillac Quatrième cru classé.
Robe sombre, seul les bords sont évolué.
Nez de tabac blond, intense et puissant; réglisse et cèdre dominent. Puis pointent le champignon, l’anis, le bouquet séché et enfin les fruits à l’alcool.
La bouche et intense et puissante mais un peu brute et sévère. Les tannins sont de qualité assez moyen, la finale est courte, assez simple presque desséchante et un peu alcooleuse. Aurait du être bu avant.
7 – Château Branaire : Saint Julien Quatrième cru classé.
Robe peu intense et brune.
Nez de bouquet séché, de fraise et de réglisse.
La bouche est sur le fruit, puis le bouquet séché; de la souplesse mais la finale est courte, « végétale », astringente et un peu desséchante. Toutefois, il reste une certaine souplesse et de la finesse.
8 – Château Giscours : Margaux Troisième cru classé
Robe de moyenne intensité, aux franges brunâtres
Nez de pruneaux à l’alocol puis confiture de mûre, tout en souplesse et en fruit rouge cuit. Peu complexe et moyennement intense.
La bouche est en rondeur, finesse, veloutée, avec une belle fraîcheur. Toutefois, le milieu de bouche est étriqué et la finale est simple et asséchante. Manque de concentration, certainement en raison des rendements.
9 – Château Poujeaux : Moulis Cru Bourgeois
Robe d’un rouge intense, seuls les bords sont évolués.
Nez assez muet, cerise à l’alcool.
Attaque souple, puis du fruit rouge cuit, la finale est fraîche. Ce vin n’est pas complexe, mais il a le mérite de ne pas être asséchant.
10 – Château Citran : Haut Médoc Cru Bourgeois
Robe d’un rouge intense, même les bords sont peu évolués.
Nez de fumé, intense, tabac et rose. Dommage qu’il soit un peu simple et « carré ».
La bouche est puissante, sur du fruit rouge frais, mais elle termine un peu simple. Ce vin manque de finesse et de complexité mais il n’est pas asséchant.
Conclusion :
Le millésime à tenu ses promesses : tous les vins sont mûrs.
On note toutefois quelques finales asséchantes en raison certainement des rendements importants du millésime. Rappelons à ce sujet ici que les vins dégustés ne font pas partie du haut de gamme (nous aborderons ceux-ci en novembre 2001).
Nous avons été surpris par la fraîcheur de tous les vins : nous nous attendions à des vins lourds, confiturés mais tous possèdent une belle vivacité. Pourtant, il y a deux ans, certaines de ces bouteilles étaient « collantes » à la dégustation. Comment ce revirement est-il possible ?
Les terroirs sont respectés : on ne produira jamais de très grands vins sur des « cinquième » ou « quatrième » crus classés. La qualité des tannins, la finesse, la complexité des nez et les grandes longueurs de bouche ne sont pas là. La longévité n’est pas non plus au rendez-vous ! Seul Clos Fourtet et Trotanoy pourront encore vieillir.