Dégustation de quelques Côtes Roties en Rhône Nord. Le compte rendu sur le lien suivant:
Synthèse des commentaires de dégustation : Pierre Citerne
Quelques commentaires de contexte :
Les vins n’ont pas été dégustés à l’aveugle.
Les vins ont été carafés avant la dégustation
Nombre de dégustateurs : une quinzaine.
DS : Didier Sanchez – PP : Pascal Perez – LG : Laurent Gibet – PC : Pierre Citerne.
Ordre de dégustation :
Le centre du disque est noir, très dense, les bords plus tendres.
Le tout premier nez est marqué par un boisé chocolaté, puis la typicité s’exprime pleinement, avec une appréciable pureté aromatique : minéralité, tabac, épices, viande fumée.
La matière dense présente une fruit gourmand, un bon support acide et un boisé parfaitement intégré ; seule la longueur moyenne dépare un peu l’ensemble. On aimerait évaluer la cuvée haut de gamme.
Noir profond, bords pourpres très jeunes.
Grand fruit de confiture de mûre, avec beaucoup d’épices et de notes balsamiques.
Bouche concentrée mais abrupte, les éléments ne sont pas en harmonie, on devine une acidité volatile marquée ; un vin disgracieux en l’état mais qui a sans doute un potentiel.
Robe tendre, grenat avec une bordure translucide framboisée.
Nez très animal (ventre de lièvre), fin, complexe, typé, avec un fruit délicat de confiture de fraise.
Attaque souple, soyeuse, le fruit présente un beau moelleux, mais à partir du milieu de bouche la matière s’évanouit, et laisse une impression de dilution.
Très dense, la robe présente un centre noir profond et beaucoup d’éclat.
Beaucoup de fruit au nez, oscillant entre la violette et la réglisse, l’aération libère un fumet organique fin, des notes minérales et camphrées, une expression olfactive “rentre-dedans” mais parfaitement typée.
Encore très jeune en bouche, matière ample, équilibrée, tannique, au fort goût fumé ; un vin plein et tonique.
Robe assez dense, mate, oscillant entre grenat et vieux rose.
Nez tendre, gentillet, dominé par un boisé chocolaté plaisant mais facile, fond fruité évoquant un yaourt à la fraise, l’aération induit quelques senteurs plus typées (lard fumé, épices).
En bouche, la matière modeste, souple, est dominée par l’impression de boisé chocolaté, il faut signaler que certains dégustateurs ont trouvé davantage d’ampleur à ce vin.
De nouveau une robe très dense, avec une mince bordure empourprée.
Grand fruit au nez, enrobé par un boisé opulent, merveilleusement épicé et floral (baba au rhum, cannelle, violette), très prometteur, racé, même si le terroir ne s’exprime pas encore vraiment.
Beaucoup de tout en bouche, agencé avec harmonie et aplomb ; la conjonction du fruit énorme (épicé, réglissé), d’une charpente solide et d’un élevage ambitieux dégage une grande séduction.
Robe jeune, dense, bords violacés.
Premier nez un peu comprimé par le boisé, à l’aération on sent un grand fruit, suave, confituré, une expression encore assez simple mais séductrice.
Grand velouté en bouche, profondeur d’un fruit alangui, matière concentrée mais d’une souplesse étonnante, les tannins sont plus que discrets ; un vin charmeur, imposant, racé, manquant peut-être de fraîcheur et de structure (surmaturité ?)
Robe dense pleine de vivacité et de jeunesse, noir-bleutée.
Nez d’une immense pureté et d’une typicité parfaite, frais, précis, intense : minéral (graphite), épicé, fourrure, viande fumée, fruit percutant de cassis et de myrtille.
Superbe matière fraîche, concentrée, longue, veloutée et svelte, qui se développe en bouche avec une rare cohérence, sans effets de manche, remarquable saveur de violette en finale.
Aspect très dense, visqueux, impressionnant.
Nez explosif, derrière un boisé soutenu mais intégré (pain grillé) on perçoit un grand fruit très mûr (olive noire) et une palette de notes complémentaires complexes et typées : gibier, tabac, poivre, minéralité…
On ressent la maturité très poussée du fruit encore davantage en bouche, extravagante de concentration et d’amplitude, équilibrée cependant, beaucoup de moelleux et de saveurs, mais évidemment moins de pureté que chez Jamet. On ressent un net retour d’alcool en finale ; un vin qui parvient à rester harmonieux et typé malgré ses proportions herculéennes.
Robe opaque, très dense, mate.
Nez très puissant, plutôt atypique : camphré, mentholé, avec un fruit confituré légèrement oxydé qui évoque le grenache ! un fumet tourbillonant de rose fanée, d’épices, de gibier.
La bouche se montre très dense, volumineuse, sapide mais pêche par manque de vivacité et de précision aromatique, la finale semble se désunir ; un style dense, tonitruant, mais manquant de cohérence et de typicité.
Robe évoluée mais encore très dense, mate, centre noir, bords brique/acajou.
Premier nez parfaitement défini, typé, puissant, évoquant un civet de sanglier riche en poivre, thym et laurier, le bois est complètement résorbé ; superbe bouquet complexe, intense et fondu à l’aération : cerise à l’eau de vie, tabac, feuille morte, cèpe sec.
Matière moelleuse et cohérente en bouche, fondue, le fruit est resté gourmand, le grain est très fin, les saveurs nettement tertiaires sont nobles et franches. On ressent une petite déception quant à la longueur, finale relativement abrupte (ceci est-il du à la jeunesse des vignes) ?
Conclusion :
Cette conclusion fait sens en lien avec le compte-rendu du Voyage dans le Rhône septentrional du 14 au 19 novembre 2000 :
un jugement très favorable confirmé pour Ogier (cuvée « Belle Hélène » 97), certes encore boisée mais prometteuse, qui peut prétendre se hisser au niveau des meilleures à son apogée. Le bois y est mieux intégré que chez Vernay et Gérin.
une satisfaction pour Gangloff, avec un 97 (comprenez « Vieilles Vignes ») pur, typé et frais, sans aucune lourdeur, sécheresse ou rusticité, et également sans cette expression boisée trouvée chez Ogier (un style différent, donc, avec en l’état, tout comme chez Jamet, un plus grand respect du fruit).
une relative déception pour Gérin avec une cuvée « Grandes Places » 97 dans un style flatteur, charmeur et plus pommadé (effet millésime ?) mais perdant en typicité.
une réserve renouvelée pour la cuvée « maison rouge » 97 Vernay (le vin restant relativement banal).
une confirmation pour Jamet 97 (une sorte d’évidence dans l’expression aromatique et structurelle associée à beaucoup de fraîcheur et de classe, un boisé qui accompagne admirablement le fruit).
La cuvée « Terroir » 97 de Rostaing déçoit, par son manque de concentration. Elle unit dans ce millésimé apparemment raté les 2 cuvées habituelles du domaine (« Côte Blonde » et « Landonne »).
La cuvée « La Landonne » 97 de Delas impressionne par l’alliance réussie de la puissance et de la fraîcheur.
La cuvée « La Mordorée » 97 de chez Chapoutier, sans surprise particulièrement puissante, concentrée et démonstrative, paraît elle pâtir (du moins en l’état) d’un manque de typicité et d’une relative lourdeur. Elle affiche un style international qui ne fait pas l’unanimité.
Enfin, « La Turque » 88 de chez Guigal nous laisse un peu sur notre soif. Le vin est certes bon mais paraît déjà usé et n’offre pas la magie attendue (à cause de l’âge des vignes, encore jeunes pour ce millésime ? des conditions de conservation de la bouteille ?).