Quelques commentaires de contexte (vins américains) :
Sauf mention contraire, les vins ne sont pas dégustés à l’aveugle .
Tous les vins proviennent de la Napa Valley.
Nombre de dégustateurs : une vingtaine.
Cuvées réputées, hétérogénéité d’encépagement.
Ordre de dégustation :
Ridge Lytton Springs 1996 :
Note : 15,5 vers 15 – prix : 174 F
80% Zinfandel, 5% Syrah + autres – 14,5°.
Robe intense.
Beau nez intense qui offre des notes (très typée « cabernet sauvignon ») de tabac, de cèdre, de fumée, de fruits confiturés, d’herbes aromatiques, de poivre. Le Zinfandel apparaît au travers des notes caractéristiques et ici discrètes d’eucalyptus, de camphre).
La bouche n’a pas la complexité du nez. Un rien étrange, exubérante, elle est soyeuse et développe des notes de sirop et de brûlé. Elle est relativement raide, avec une finale chaleureuse. Ce vin est doux et sapide mais sans grande profondeur. Sans vouloir généraliser, il semble confirmer que le Zinfandel n’est pas un cépage de longue garde.
Ravenswood Wood Road Belloni 1995 :
Note : 14 vers 13,5 – prix : 200 F
100% Zinfandel – 15°.
Robe intense.
Nez plus caricatural de zinfandel que le précédent. Des notes boisées, de sirop de mûre, de menthe, d’eucalyptus, de cèdre, de réglisse (cachou, zan). L’aération dissipe quelque peu des notes très camphrées et cèdent le terrain à des notes de « confiture de vieux garçon ».
En bouche, le vin présente plus de matière, plus de structure que le précédent. Des notes d’agrumes précèdent une finale offrant un retour acide assez spectaculaire. Il se pourrait que cette dissociation curieuse entre l’alcool, la matière et l’acide soit le résultat d’une acidification du vin.
Jade mountain Mount Veeder – Paras vineyard 1995 :
Note : 16 vers 16,5 – prix : 290 F
100% syrah – 14,5°.
Robe violacée, opaque ne présentant pas de trace notable d’évolution.
Le nez est intense et très grillé. Il exhale des notes florales et épicées (poivre), une pointe animale dénonçant l’âge déjà un peu avancé du vin. La polémique sur son intensité boisée reviendra sur l’appréciation de la bouche.
La bouche est soyeuse, veloutée, un peu monolithique (des notes de myrtille, de terre battue) et assez longue. Elle finit sur des notes épicées. Ce vin, qui évoque un peu un hermitage très boisé, ne fait pas l’unanimité. Pour certains, il est d’autant plus prometteur qu’il a encore peu évolué. Pour d’autres, son boisé intense (notes de planche), est trop marqué et risque de ne pas se fondre. Ce vin présente la caractéristique d’être à la fois raide (sur cette structure boisée) et soyeux.
Rochioli Little Hill Block 1997 :
Note : 17 vers 17,5 – 407 F.
100% pinot noir.
Robe plus claire que les précédentes (mais elle reste soutenue pour une robe de pinot noir).
Joli nez subtilement boisé. Des notes de figue, de fraise des bois, de fleurs, d’épices.
La bouche décline ces notes florales, épicées, réglissées dans un registre suave et gourmand. Elle est charnue, fine, élégante et dotée d’une bonne longueur (environ 12 secondes). Il s’agit là d’une très belle interprétation du pinot noir en californie.
Anderson’s Conn Valley Réserve 1992 :
Note : 14.5 – prix : 250 F
100% CS.
Robe présentant des signes d’évolution.
Le nez de cabernet est assez logiquement marqué par de belles notes animales, de poivron, d’herbes aromatiques, de graphite, de noix.
La bouche est souple mais manque de classe. Elle n’est pas très complexe, courte (6 secondes) et présente une légère sucrosité.
Robert Mondavi Réserve 94 :
Note : 17 vers 17.5 – prix : 320 F
100% CS.
Robe passant du noir (au centre) à l’acajou (sur les bords). Contrairement aux vins bordelais, pas de nuances de rouge.
Nez médocain moins pur que celui de la réserve 95, moins bien défini, mais en même temps moins évolué.
Les dégustateurs sont partagés quant à l’appréciation de la bouche. Certains la trouvent supérieure à celle du 95, le vin semblant de plus n’avoir pas évolué aussi vite, d’autres lui reprochent un manque de race et une finale un peu chaleureuse.
Dominus estate 1988 :
Note : 14,5 – prix : 850 F
80% merlot, 20% Cabernet-Sauvignon.
Robe présentant des signes déjà notables d’évolution, foncée avec des bords acajou.
Nez évolué également et assez complexe. Des senteurs de champignon (morille), de fruits à l’eau de vie, de goudron, de réglisse, de camphre, de cassis, d’herbe séchée.
Mais comme dans le cas du millésime 86, la bouche déçoit. Elles est un peu austère et relativement courte. Des notes de viande fumée, de réglisse agrémentent sans ostentation un vin qui semble plat et finit sur une légère amertume; ce vin est dépassé. Compte-tenu de la réputation (et donc du prix) de cette cuvée, il constitue indéniablement une grosse déception.
Autres vins dégustés :
8- Champagne Boulard cuvée réservée n.m. :
Note moyenne : 12,5 – Prix : 89 F
Cépages : Pinot Meunier : 45%, Pinot Noir : 35% et Chardonnay 20%.
Nez assez mûr et vineux. Des notes de fruits exotiques, d’agrumes.
Bouche légèrement acide mais surtout défaillante par sa longueur. La bulle est très envahissante.
9- Champagne Boulard Blanc de blancs n.m. :
Note moyenne : 13,5 – Prix : 91 F
Cépages : Chardonnay 100%.
Nez de « blanc de blancs » plutôt intense sur les agrumes, les fruits exotiques, le tilleul, la brioche avec des notes minérales de craie.
Bouche simple, plus vive mais présentant un peu de longueur, sur le citron.
10- Champagne Boulard cuvée Mailly-Champagne grand cru n.m. :
Note moyenne : 14 – Prix : 97 F
Cépages : Pinot Noir : 90% et Chardonnay 10%.
Nez mûr, moins minéral que le précédent. Des notes de brioche, de fruit de la passion et de fruits rouges (fraise, framboise) conférées par le pinot noir entrant dans l’assemblage.
La bouche n’est pas trop convaincante. La bulle est de nouveau peu discrète. La trame acide est ponctuée par une finale courte.
11- Rosemount Cabernet Sauvignon Hunter Valley 88 – Australie :
Note moyenne : 13 – Prix : 90 F
Bouteille d’enchères.
Robe acajou, de vin évolué.
Nez intéressant, relativement complexe, des notes de champignon sec, de bouillon de poule, de tabac, de menthol, d’eucalyptus.
La bouche ne confirme malheureusement pas un nez prometteur. Elle reste simple, dissociée. Elle est quelque peu vulgaire et sa sucrosité acide est peu agréable.
12- Graves cru exceptionnel Château Haut-Bailly 1979 :
Note moyenne : 14 – Prix : 240 F
Robe évoluée, qui apparaît décharnée.
Nez sans surprise évolué, qui développe des notes tertiaires de viande (gibier), de champignon, d’herbes aromatiques, de tabac, de café, de lard fumé.
La bouche en retrait par rapport au nez. Manquant de densité, elle est un peu simple, relativement courte. Une légère acidité ainsi qu’une finale amère confirment que ce vin est dépassé.
13- Minervois Domaine Pujol « cuvée St-Fructueux » 98 :
Note moyenne : 16 vers 16,5 – Prix : 65 F
100% syrah.
Robe jeune, dense et vive, centre noir, bords empourprés.
Nez puissant et flatteur, floral, un fruit intense et pur (mûre, crème de cassis, myrtille) qui s’associe à un boisé crémeux, enveloppant et à des notes plus discrètes de poivre et de garrigue. Des notes de vanille soulignent un joli boisé.
Le fruit s’avère aussi pur et généreux en bouche qu’au nez ; l’élevage amène des saveurs beurrées et grillées. Très bonne concentration ; la structure est ferme (tannins fins mais présents), sans lourdeur ni mollesse La bouche démonstrative et très soyeuse dévoile des notes caractéristiques du cépage (cassis, poivre). Ce vin gourmand présente un très bon rapport qualité/prix. Déjà très bon (le millésime 98 est exceptionnel en Languedoc), facile d’accès, on hésite à le ranger dans la catégorie supérieure (le vieillissement jugera) à cause d’un relatif manque de race. A déconseiller aux amateurs de vins élégants et fin !
14- Château Musar 1991 (Liban – Plaine de la Bekaa) :
Note moyenne : échantillon défectueux – Prix : 80 F
Cabernet-Sauvignon.
Robe framboise, pâle, un peu trouble.
Nez typé par le cabernet, avec des notes tertiaires de viandox mais malheureusement acescent.
Bouche désagréable, décharnée, dissociée. Des notes d’éther, de vernis, de vinaigre, avec une pointe de sucre résiduel. Musar réalise de beaux cabernets mais nous avons ici à affaire à un défaut majeur.
15- Te Kairanga Pinot noir réserve 1994 (Nouvelle-Zélande) :
Note moyenne : 15 – Prix : 80 F
Beau nez de pinot noir subtilement boisé. De la griotte, une pointe animale.
Bouche équilibrée, plaisante et de bonne longueur. Une belle interprétation du cépage à l’autre bout du monde.
16- Gaillac doux Les Vignals 98 :
Note moyenne : 13,5 – Prix : 40 F
Robe claire et brillante.
Nez ralativement simple de buis, de lierre, de pamplemousse.
Bouche simple manquant un peu d’acidité, un peu pommadée, agréablement sucrée mais sans réelle tenue. Finale peau de pamplemousse.
17- Jurançon Clos Thou – suprême de Thou 96 :
Note moyenne : 15.5 – Prix : 60 F
Robe dorée et brillante de vin jeune.
Nez puissant et superbe évoquant le citron, la truffe noire.
Bouche assez vive, sur des notes d’agrumes. Un peu moins bien goûté qu’en décembre 99 (noté 16,5 vers 17), le vin est doté d’une belle trame acide qui, associée à ces notes truffées, signe l’appellation. Mais il paraît ce soir là moins complet et un peu trop vif. Le beau potentiel de garde et le rapport qualité/prix constituent un atout.
Conclusion (pour les vins américains) :
Sans grande surprise, des vins de moins haut niveau que la dégustation de décembre 99.
Ils restent pour la plupart cher, de bon niveau, mais la quadrilogie équilibre, longueur, complexité, race est à l’évidence moins aboutie.
Dominus déçoit de nouveau.