Le vendredi 13 juin 2025
Toutes les bouteilles, stockées pendant une longue période dans des conditions optimales, ont été placées dans une cave de service, à température adaptée, verticalement, 6 jours avant notre rendez-vous.
Cette dégustation s’est déroulée en deux séances : l’après-midi à 14h puis le soir à 19h30.
Ce compte-rendu détaille les impressions du soir.
Entre autres causes, une aération de 5 heures (dans la bouteille rebouchée en position verticale) peut expliquer les variations dans les appréciations.
Les vins sont dégustés sans présentation à l’aveugle.
Les verres utilisés sont les « Expert » de Spiegelau.
N.B.: pour les vins de la Wachau, les “Federspiel” sont des vins issus de raisins ramassés en légère sous-maturité, accessibles rapidement et appréciés pour leur fraîcheur, alors que les “Smaragd” sont issus de raisins ramassés à pleine maturité, souvent issus des plus beaux terroirs, équivalents des grands crus alsaciens.
DS : Didier Sanchez – AA : Attila Aranyos – HC : Hervé Cuzon – HLP : Hugo Le Panse – HD : Henri Dubos – EA : Eric Ambiaud
(Nombre total de dégustateurs : 15)
A l’ouverture : DS14
Après 5 heures d’aération : DS14 – AA13,5- HC14,5 – HD14,5 – EA15- HLP14,5
La robe jaune claire, légèrement phosphorécente, laisse augurer d’un vin jeune voire vert. Le nez, d’abord poivré, révèle ensuite de la pomme verte. En bouche, le jus est à la fois précis et acide, on retrouve le poivre, la pomme, mais aussi le pamplemousse ainsi que des notes florales. Un vin de bonne facture somme toute mais constitué de raisins ramassés en sous-maturité (ce qui est la caractéristique du classement “Federspiel”) et dans un millésime compliqué.
A l’ouverture : DS15
Après 5 heures d’aération : DS15 – AA14,5 – HC15,5 – HD15 – EA15,5- HLP15
La robe est soutenue pour un pinot noir, limpide, et le vin “pinote” admirablement au nez. Le vin est ouvert, le fruit est beau, éclatant. La bouche n’est cependant pas à la hauteur de ces promesses, la fraîcheur est d’une intensité qui prend le dessus sur l’éclat du fruit, les tanins sont un peu serrés. Un bon vin, mais nous restons quelque peu sur notre faim.
(Pinot Noir, Pinot Meunier, Pinot Blanc, Pinot Beurot)
A l’ouverture : DS(13)
Après 5 heures d’aération : DSED – AAED – HC(ED) – HD(ED) – EAED- HLPED
La robe est plus trouble, le nez révèle la volatile d’un vin fatigué. En bouche, nous avons une jolie matière mais elle manque de netteté, finissant sur de la souris. Dommage.
Cépage Blaufränkisch
A l’ouverture : DS13
Après 5 heures d’aération : DS13 – AA14 – HC13 – HD15 – EA15- HLP14,5
La robe est soutenue, le nez balsamique, sanguin, avec beaucoup de cassis. Certains dégustateurs perçoivent de l’acidité volatile. La bouche divise: certains la trouvent ample et caressante, sur les feuilles de cassis, d’autres la trouvent trop asséchante et d’une amertume rappelant le carménère. Clairement pas un vin de garde et clivant qui a probablement attendu trop longtemps avant d’être dégusté.
Cépage Saint-Laurent
A l’ouverture : DS(ED)
Après 5 heures d’aération : DS13 – AA(13)- HC13,5 – HD13,5 – EA13- HLP13
La robe est à nouveau assez soutenue. Le nez est fumé, tourbé, animal. La bouche, également très fumée et animale, est d’une aromatique simple, la finale est asséchante. Un vin qui n’a pas suscité notre intérêt.
A l’ouverture : DS14,5
Après 5 heures d’aération : DS15 – AA15,5 – HC16 – HD16 – EA15,5 – HLP15,5
La robe est rubis, plus translucide que les précédentes. Le nez, quoiqu’encore sur la réserve, révèle de jolies notes de cerise et de petits fruits rouges. Les arômes de rhubarbe que révèle la bouche sont plutôt charmeurs, il y a plus de jus que dans le pinot noir alsacien de chez Boxler, avec une jolie finesse et une arômatique qui peu rappeler les pinots du nouveau monde. Un bien joli vin.
A l’ouverture : DS15,5+
Après 5 heures d’aération : DS15,5/16 – AA15 – HC15,5 – HD16 – EA16- HLP15,5
La robe est or pâle, le jus, mûr, exhale une aromatique de pomme verte typique de ce cépage autochtone, de jasmin et d’épices. La bouche, ample et fraîche, livre des notes florales, de poire fraîche et poivre blanc. Le tout est cohérent mais n’offre pas la complexité souvent retrouvée sur les grands rieslings.
A l’ouverture : DS15,5+
Après 5 heures d’aération : DS16 – AA14 – HC15 – HD15 – EA16- HLP16
Au nez, l’aromatique est typique du cépage, floral et parfumé à souhait. La bouche est jolie, très muscat, florale avec des fruits exotiques et de la verveine. Un joli vin, un peu saturant en finale.
A l’ouverture : DS15,5
Après 5 heures d’aération : DS15,5 – AA15,5 – HC16 – HD16,5+ – EA16/17- HLP16,5
Le nez est épicé, il “pétrole” avec le charme des jolis rieslings. La bouche est riche, ample, intense, sur la mandarine et dans une trame tendue. La longueur impressionne, finissant sur des amers de belle facture. Une joli riesling qui n’a probablement pas encore livré tous ses secrets!
A l’ouverture : DS17
Après 5 heures d’aération : DS17 – AA16 – HC17 – HD17 – EA17- HLP17
La robe est d’une couleur or splendide. On devine au nez de délicates notes terpéniques, un grillé très noble et du citron confit. En bouche, un joli beurré rappelle la Bourgogne; le jus est à la fois riche et fin, minéral, limpide.. c’est tout simplement un régal. Sans doute un des vins de la soirée, si ce n’est LE vin de la soirée.
A l’ouverture : DS16
Après 5 heures d’aération : DS16 – AA16 – HC16,5 – HD16,5+ – EA16- HLP16,5
Nous continuons notre belle série avec cet autrichien d’une robe dorée. Au nez, nous retrouvons les notes typiques du cépage ; cela “pétrole” joliment avec une pointe d’agrumes. En bouche, on a une matière minérale et plus grasse, plus riche que celle du vin précédent, le jus est sapide. Un régal, mais nous le trouvons peut-être un rien trop riche. A attendre.
A l’ouverture : DS15,5
Après 5 heures d’aération : DS15,5/16 – AA15, – HC17 – HD17 – EA16- HLP16
La robe est relativement pâle et brillante. Le nez est un peu sur la réserve, floral, avec de très belles notes d’abricot qui le distinguent des autres. En bouche, l’acidité est maîtrisée avec savoir-faire, elle est moins tranchante que chez Knoll, plus minérale aussi. L’abricot ressort à merveille! Le domaine est à la hauteur de sa réputation.
A l’ouverture : DS16
Après 5 heures d’aération : DS16 – AA16 – HC17 – HD17 – EA16,5- HLP16
Même parcelle et millésime que le vin précédent. De couleur intense, ce vin s’ouvre sur un nez “très riesling”. La bouche offre une grande minéralité et une tension remarquable, elle est ample et fraîche, dotée d’une acidité plus prononcée que chez F.X. Pichler, mais merveilleusement bien équilibrée par le fruit. Encore un très joli vin!
A l’ouverture : DSED
Après 5 heures d’aération : DS16,5 – AA16 – HC17;5 – HD17 – EA17- HLP16,5
Nous pensons percevoir une petite acidité volatile au nez qui se révèle être moins net que celui des bouteilles précédentes. Le côté macéré confère au vin des airs de chenin. La bouche est gourmande, de belle envergure, complexe.. un vin de très belle facture avec une singularité qui le rend difficile à “classer”, moins typique du cépage que les précédents, mais hautement délectable.
A l’ouverture : DS17
Après 5 heures d’aération : DS17 – AA17 – HC17,5 – HD17,5 – EA17,5 – HLP17
Dans cette magnifique série, nous culminons avec Nikolaihof. De robe intense, le jus offre des notes empyreumatiques auxquelles se mêle une délicate fragrance de champignon. La bouche est saline, minérale, très tendue, d’une droiture, d’une fraîcheur et d’une sapidité des plus charmantes, comme nous ressentimes à l’unanimité. Un des coups de cœur de la soirée!
A l’ouverture : DS17
Après 5 heures d’aération : DS17 – AA16- HC17 – HD16 – EA16- HLP16,5
Le nez révèle des notes terpéniques d’une belle typicité. La bouche est gourmande, d’une légère sucrosité, le tout s’inscrivant dans une identité très typique du cépage. Comparaison n’est pas raison, mais dans le même millésime, nous avons une préférence pour le vin précédent, le riesling de chez Nikolaihof.
A l’ouverture : DS(16)
Après 5 heures d’aération : DS(16) – AA16 – HC16 – HD16 – EA16- HLP15,5
Ce vin élevé 10 ans en foudre est un inclassable. De robe brillante, le nez s’ouvre sur des notes fraîches rappelant celles des vins de macération; à l’aveugle, nous aurions pu croire à un chardonnay du Jura! La bouche est caressante, ample, concentrée et relativement acide avec des notes de réduction, de pomme verte et de poire, typiques du cépage. Un ovni qui suscite notre intérêt mais qui manque peut-être de complexité pour le rendre incontournable.
A l’ouverture : DS15,5+
Après 5 heures d’aération : DS16 – AA15 – HC16,5 – HD16,5 – EA16- HLP16
La robe est or pâle et laisse augurer d’une certaine intensité dans le vin. Le nez est sans équivoque: cela pétrole avec une légère richesse, ce sont probablement les 12 grammes de sucre résiduel. La bouche est très équilibrée, je jeu sucre-acidité est un modèle du genre, avec un côté pierre/roche superbe!
Ce vin constitue une belle transition entre les secs et les liquoreux. Un régal!
A l’ouverture : DS15,5
Après 5 heures d’aération : DS15,5 – AA14 – HC15,5 – HD15 – EA16- HLP15
Robe d’un jaune intense. Le nez révèle une belle richesse aromatique avec, tout devant, de belles senteurs de litchi que l’on retrouve en bouche, accompagnées de saveurs de rose et de miel. Un vin plaisant.
A l’ouverture : DS16
Après 5 heures d’aération : DS16 – AA15,5 – HC16 – HD16- EA16- HLP16
On passe ici la vitesse supérieure sur la voie de la sucrosité avec ce “ruster Ausbruch” (vin botrytisé de la commune de Rust, près du lac Neusiedl et de la frontière hongroise) qui atteint les 200g de sucre résiduel. La robe est visqueuse, s’y mélangent le jaune, le marron et le vert. Au nez, nous trouvons des fragrances d’abricot rôti, de pruneaux et de miel d’acacias. Et c’est donc assez naturellement que la bouche donne une impression de fruits rôtis, la matière est impressionnante, presque imposante, et le sucre domine l’acidité, ce qui n’est pas toujours le cas sur ces vins. Un jus impressionnant, somme toute.
A l’ouverture : DS(16)
Après 5 heures d’aération : DS(16/17) – AA16 – HC15 – HD15 – EA16,5- HLP16,5
Sur ce dernier vin, qui clôturera une très belle série de blancs secs et sucrés, c’est un nez d’abricots qui domine. La bouche témoigne d’une énorme sucrosité (380 g/l)! L’acidité est plus nette et perceptible. Nous étions impressionnés par la matière du vin précédent, nous le sommes encore davantage avec celui-là qui, compte-tenu de ses mensurations hors norme, est largement délectable!
Nous l’avons souvent dit et entendu: comparaison n’est pas raison. Malgré cela, il nous a paru intéressant de mettre face à face deux grandes régions de blancs: l’Alsace et l’Autriche.
Il y eut cependant quelques rouges en guise d’introduction. Ces derniers ne furent peut-être pas à la hauteur de leurs cousins plus clairs, mais certains d’entre eux méritèrent notre attention.
Notons surtout qu’en Autriche, le Saint Laurent et le grüner Veltliner furent fidèles à leur réputation de cépages à l’aromatique “simple”. Le Blaufränkisch s’en sortit mieux mais ne procura pas le plaisir d’un pinot ou d’un grand riesling.
Ce dernier cépage, roi de notre dégustation, attira notre attention pour son aromatique et son potentiel complexe, et le dénominateur commun des deux régions, Alsace et Autriche, fut peut-être une vinification limpide accomplie par les grands vignerons de notre temps.
Depuis le “Weinskandal” (scandale du vin) survenu en Autriche au milieu des années 80, les vins n’ont cessé de progresser en pureté et en définition. Aussi la région autrichienne de la Wachau tout particulièrement fut-elle, comme l’Alsace, un des pionniers d’une viticulture respectueuse de l’environnement.
Le résultat sont des vins limpides, souvent éclatants et complexes au vrai potentiel de garde. On ne s’en lasse pas!