Paris, dégustation orchestrée par David Rayer, spécialiste de vins mosellans (restaurant Natacha, dans le 14è, le 19 février 2009)
1. Riesling Egon Müller Scharzhofberger Kabinett 1986 : 14,5/20 – 19/2/09
Nez étincelant, complexe, emmiellé, à la fois terpénique, balsamique et empyreumatique, alliant des senteurs caractéristiques de la Moselle : minéral, cédrat, prune, carambole, citron, tisane (verveine, camomille, menthe), calisson d’Aix, pastille Vichy. Net et appétant, montant joliment à l’air.
Bouche diaphane certes mais en même temps passablement fatiguée, au sucre amorti, acidulée, manquant somme toute de puissance et de longueur.
2. Riesling Maximin Grünhauser Carl Von Schubert Abstberg Kabinett 1990 : 16/20 – 19/2/09
Nez plus intense, terpénique, produisant des notes de fumée, de résine, de craie, de pêche blanche, d’agrumes (kumquat, mandarine, citron vert), d’eau de vie de framboise (j’entends aussi dans l’assemblée terre de bruyère et fenugrec). David pointe une parenté attendue avec le sauvignon pour ce Riesling de la Ruwer. Bouche vivante, frétillante, assez persistante, capable de tension et de fraîcheur.
Même niveau que la demi-bouteille bue la veille (15,5/16, cristalline, sur le zeste), avec un logique subtil surcroît de fraîcheur.
3. Riesling Reichsgraf von Kesselstatt Graacher Domprobst Spätlese 1983 : 15/20 – 19/2/09
Première impression de liège (qui s’estompera assez vite). On découvre alors dans un bel ensemble fruité, floral (quelque chose comme le lilas ou la glycine) et pétrolé des exhalaisons de pomme verte, d’abricot, de pêche, de fumée, de miel, d’agrumes confits, de camphre, de verveine, de champignons.
Matière pure, au milieu de bouche velouté mais restant un peu fluide avec de plus un petit manque de tonus et de suite.
4. Riesling Fritz Haag Brauneberger Juffer Sonnenuhr Spätlese 1998 : 16/16,5 – 19/2/09
Abord fruité éclatant, fleuri, incluant des notes complémentaires de pastille Vichy, de menthe, de Sprite, de citron vert, de citronnelle (on pense avec gourmandise à de réjouissants accords sur de la cuisine Thaïlandaise), et une touche fumée. Bouche légèrement pétillante (gaz carbonique), vitale, énergisante.
La veille : lot 6 (15,5/20)
Rappel :
Mosel-Saar-Ruwer – Fritz Haag – Brauneberger Juffer Sonnenuhr Riesling Auslese Fuder 10 1998 (Lot 10 – 7,5°) : 16/6/2006 (synthèse par Pascal Perez)
LG16,5 – JP16,5 – PP17
Nez signé, sur de la minéralité d’où pointe une note d’hydrocarbure, sur les agrumes, le poivre blanc et le gingembre.
Le premier accueil est légèrement perlant. Puis, cette sensation disparue, apparaît un corps élégant, de bonne tension, doté d’un sucre médian spätlese/auslese, exotique (mangue, lychee), verveine, pastille vichy, poire, manquant simplement d’un petit peu de peps final pour passer à l’étage supérieur.
5. Riesling Jos. Christoffel Jr. Ürziger Würzgarten Auslese *** 1997 : 17/20 – 19/2/09
On trouve ici un esprit d’arômes alsaciens dans un panier fruité modulé : pain d’épices, citron, melon confit, pêche, sureau, fumée, fruits exotiques (papaye, mangue). On passe facilement par dessus une réduction exprimant de curieuses vapeurs de mazout.
Bouche minérale, assez voluptueuse, au sucré assumé (parfaitement intégré). Expression fondue, d’un superbe toucher, proposant un beau déploiement gustatif. La richesse y est normalement accrue mais le vin, possédant une rassurante motricité, sait surfer sur ses qualités de finesse (perlée), de cohérence, de prolongement. Il devrait bien vieillir.
6. Riesling Joh. Jos Prüm Wehlener Sonnenuhr Auslese 1997 : 17/20+ – 19/2/09
Le nez, marqué par de la réduction, très « blanc », en l’état moins diversifié que celui du vin précédent, est un mélange toutefois avenant de fragrances de mirabelle, de pomme, de pêche blanche, de banane, de sucre d’orge, de fumée, de fleurs, de melon confit, d’anis.
Bouche pure, dense mais aérienne, resplendissante, à réserver. Gros potentiel prévisible.
7. Riesling Dr. Loosen Erdener Prälat Auslese 1995 : 16,5/20 – 19/2/09
Senteurs rôties, généreuses, d’un terroir solaire : papaye, fumée, épices (curcuma, cumin), cire, safran, miel, praliné, raisin de Corinthe, banane flambée. On peut penser à la pente du Rangen de Thann (et à une forme de saturation des arômes).
Matière encore compacte, voluptueuse. Elle évite le piège d’une pesanteur irrémédiable.
Rappel :
Dr. Loosen Riesling Auslese Erdener Pralat 1995 : 15/20 – 18/6/1999
Un nez plutôt complexe : agrume et pétrole mais également notes de melon, de citron, de poire, de coing, de noyau de cerise, d’épices (curry), d’anis.
En bouche, attaque perlante, notes de pêche, d’abricot (rappelant quelque peu l’expression du viognier à Condrieu). Vin fruité, assez long (8 secondes).
8. Riesling Wwe Dr. H. Thanisch Erben Thanisch Berncasteler Doctor Auslese 1992 : 16,5/17 – 19/2/09
Accueil sur une corbeille de fruits frais, de miel, de marmelade d’oranges, de menthe, de verveine, avec un indéniable impact minéral. Le millésime est délicat mais le terroir est exceptionnel.
Beau dynamisme en bouche, peu sucrée, zestée (orange). Un vin comme suspendu (en lévitation), étiré, d’une notable élégance.
9. Riesling Bischöflisches Priesterseminar Kaseler Nies’Chen Auslese 1990 : 14,5/20 – 19/2/09
Nez particulier, chahuté, articulé sur des notes de caramel, de marc, de champignons, de curry, de citron, de fruits secs. On peut penser à un chardonnay ou mieux à un vin jaune.
Bouche fraîche mais indigente, ce cru de la Ruwer amenant nettement moins de classe.
10. Riesling Hohe Domkirche Scharzohofberger Auslese 1990 : 15/20 – 19/2/09
Le terroir confère beaucoup de minéralité dans un profil aromatique simple, marqué par les fruits blancs (un petit côté « poiré » de Bordelet). Matière énergique certes, idéale pour nettoyer le palais (elle possède du fond et de la longueur) mais malheureusement un peu brouillonne (piquante), avec un reste de verdeur. Bref, pas totalement satisfaisante.
11. Riesling Schloss Saarstein Serriger Schloss Saarsteiner Auslese 1983 : 13/20 – 19/2/09
Nez interlope, alliacé (poireau), sur des notes simples de citron et de citron vert.
Bouche maigre, végétale, sans sucre, saline. Sans noblesse et expéditive.
12. Riesling Zilliken Saarburger Rausch Auslese GK 1983 (lot 14) : 13,5/20 – 19/2/09
Emanations peu compliquées de pastille Vichy, de fumée et de bonbon à l’ananas.
Bouche pommadée (j’entends le qualificatif – justifié – de « goût de sucre »), linéaire. Probablement emprisonnée (le soufre), comprimée, réticente, brève en tout cas. Se révèlera-t-elle un jour ?
Aurait du être somptueux, selon David.
13. Riesling Christoffel-Berres Ürziger Würzgarten Auslese Auslese *** GK 1979 : 14,5/20 – 19/2/09
Présentation empyreumatique, avec du sucre d’orge, du tabac, de la gentiane. On y trouve ce côté décoction d’herbes aromatiques d’une Chartreuse.
Bouche exempte de sucre, peu gourmande, assez banale, sans dénivelé. Liqueur patinée, pauvre, assez marquée par l’amertume (zeste d’orange).
Je pense (contrairement au vin de Zilliken) qu’elle pourrait avantageusement s’étoffer légèrement à l’air. Ce flacon, malgré sa revendication de classification, est en tout cas moins intéressant, moins préservé et moins onctueux que le beau et vivace 1979 goûté la veille.
La veille : Riesling Bischöflisches Priesterseminar Erdener Prälat Auslese 1979 : 16,5/17 – 18/2/09
Expression raffinée : kumquat, pain d’épices, fruits exotiques … et aussi curry, morille pour faire penser au Jura.
Bouche misant plus sur l’élégance que sur la puissance, ayant conservé un peu de sucre résiduel (cette légère onctuosité conservée), aérienne et convenablement longue. Elle possède clairement de beaux restes mais son goût, très affable et facile d’accès, n’est pas irrépressible.
14. Riesling Bischöflisches Priesterseminar Erdener Treppchen Auslese GK 1971 : 15/20 – 19/2/09
Le nez, d’un beau caractère aromatique, évoque la nèfle, l’encaustique, le Cointreau, l’abricot caramélisé, le safran.
Bouche portée par la richesse du millésime, correctement longue mais sans l’éblouissement gustatif (en queue de paon) qui signe les meilleurs vins liquoreux.
15. Riesling Prüm Erben Wehlener Sonnenuhr Beerenauslese 1976 : 14/20 – 19/2/09
Arômes dépaysés de grenadine, de tabac, de fraise, de cerise (guignolet), d’orange, de vin de pêche, de pruneau.
Bouche gentillette, insolite, légère, trop vieille, dans laquelle il paraît impossible d’identifier le cépage.
A table :
16. Riesling Rheinhessen Klaus Keller Von der Fels 2007 : (14,5/20+) – 19/2/09
12,5° d’alcool. Allure juvénile, gazeuse : bière blanche, citronnelle, citron vert.
Minéral, austère, très remuant, encore brut de fonderie (aromatiquement simple et avec un iota d’amertume).
17. Rheinhessen Klaus Keller Frühburgunder Trocken S 2007 : 13/20 – 19/2/09
Olfaction timide, un peu entre pinot noir et gamay : cerise, noyau, poivre.
Bouche frêle, glissante, un peu amère, éphémère (le vin est servi trop chaud).