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Club toulousain In Vino Veritas.
Verticale du domaine Jamet en Côte-Rôtie sur 36 vins.
De 2005 à 1983 sur 18 millésimes pour la « générique »
De 2005 à 1988 sur 17 millésimes pour la « Côte Brune »
Et la cuvée « Les Sommets d’Harys » en 1997
Quelques commentaires de contexte :
Chaque journée de dégustation se déroule en deux séances : l’après-midi à 14h15 puis le soir à 19h30.
Ce compte-rendu détaille les impressions de chaque séance.
Entre autres causes, une aération de 5 heures (dans la bouteille rebouchée en position verticale) peut expliquer les variations dans les appréciations.
Les notes de Didier Sanchez, présent l’après-midi et le soir, reflètent ces fluctuations.
Les vins sont dégustés du plus jeune au plus vieux, sans présentation à l’aveugle, par série de 2, avec dans un verre la cuvée classique et dans l’autre la Côte Brune.
Nous sommes particulièrement satisfaits d’être parvenu à présenter quasiment toutes les Côte Brune de 2005 à 1988 (seul 1993 manque à l’appel), soit 17 millésimes (presque) d’affilée !
Les verres utilisés sont les «Expert» de Spiegelau.
DS : Didier Sanchez – LG Laurent Gibet – PR : Philippe Ricard – MS : Miguel Sennoun – CD : Christian Declume. PC : Pierre Citerne pour la deuxième séance uniquement.
1ère partie : 2005 – 1998
(Verticale sur les 2 cuvées)
Vendredi 8 Février 2008
Ordre de dégustation
(Nombre total de dégustateurs : 17)
1. Côte-Rôtie : Domaine Jamet 2005 –12,5°
L’après-midi : DS16,5 – PR16,5 – CD16. Note moyenne AM : 16,3
Le soir : DS16,5 – LG16+ – MS16,5. Note moyenne SOIR : 16,3
2. Côte-Rôtie : Domaine Jamet Côte Brune 2005 – 12,5°
L’après-midi : DS18/18,5 – PR17,5 – CD17. Note moyenne AM : 17,6
Le soir : DS18/18,5 – LG17/18 – MS17,5. Note moyenne SOIR : 17,8
Note : mes compagnons du voyage de décembre 2007 (sauf Pierre absent) sont donc quelque peu rassurés. Il faut dire que le carafage et la température de service atténuent grandement la brusquerie potentielle des tannins. La dégustation de l’après-midi montre des vins cherchant visiblement à secouer leurs membres.
3. Côte-Rôtie : Domaine Jamet 2004 – 12,5°
L’après-midi : DS16,5 – PR16,5 – CD16. Note moyenne AM : 16,3
Déjà très beau…
Le soir : DS16,5/17 – LG16,5 – MS16,5. Note moyenne SOIR : 16,6
Rappel : Côte-Rôtie 2004, au club : janvier 2007 (par Laurent Gibet)
DS17 – PC16 – MS16,5 – LG15 – BLG15. Note moyenne : 16
Nez moins extrême que le précédent, avec des intonations végétales un peu prononcées (fève, petit pois). Bouche fine et fraîche, florale, soutenue par une bonne acidité, qui semble plus légère.
4. Côte-Rôtie : Domaine Jamet Côte Brune 2004 – 12,5°
L’après-midi : DS18 – PR17,5 – CD17,5. Note moyenne AM : 17,7
Contraste saisissant avec le millésime 2005 : moins de poids, mais un caractère explosif, une expression des plus matures.
Le soir : DS18 – LG18 – MS18. Note moyenne SOIR : 18
5. Côte-Rôtie : Domaine Jamet 2003 – 13,5°
L’après-midi : DS16,5 – PR15,5 – CD17. Note moyenne AM : 16,3
Le soir : DS17 – LG17 – MS17,5. Note moyenne SOIR : 17,2
6. Côte-Rôtie : Domaine Jamet Côte Brune 2003 – 13,5°
L’après-midi : DS17,5/18 – PR18 – CD18. Note moyenne AM : 17,9
Le soir : DS18 – LG18,5 – MS18,5. Note moyenne SOIR : 18,3
7. Côte-Rôtie : Domaine Jamet 2002 – 12,5°
L’après-midi : DS14 – PR14 – CD14. Note moyenne AM : 14
Le soir : DS13 – LG13,5 – MS12,5. Note moyenne SOIR : 13
Nez acescent, trouble, sans trop de cohérence pour une fois. Notes un peu végétales, évoluées de gibier, de poivre, de cassis.
8. Côte-Rôtie : Domaine Jamet Côte Brune 2002 – 12,5°
L’après-midi : DS14,5/15 – PR15,5 – CD16. Note moyenne AM : 15,4
Le soir : DS14,5 – LG14,5 – MS14,5. Note moyenne SOIR : 14,5
9. Côte-Rôtie : Domaine Jamet 2001 – 13°
L’après-midi : DS14,5 – PR15 – CD16. Note moyenne AM : 15,2
Le soir : DS15 – LG15 – MS15. Note moyenne SOIR : 15
Rappel : Côte-Rôtie 2001, au domaine : décembre 2007
Notes : DS17/17,5 – PC16+ – LG16,5 – MS16,5.
Joli nez grillé, minéral, fruité, en réserve. Bouche typée, élégante (belle astringence), d’une grande fraîcheur. Serré et juteux, raffiné, avec cet arc végétal lié au principe de vinification en grappes entières. Le vin reste pour l’instant plutôt muré.
10. Côte-Rôtie : Domaine Jamet Côte Brune 2001 – 13°
L’après-midi : DS16 – PR14,5 – CD16,5. Note moyenne AM : 15,7
C’est toutefois le vin le moins évident de la première séance.
Le soir : DS17,5 – LG17,5+ – MS17,5. Note moyenne SOIR : 17,5
Rappel : Côte-Rôtie Côte Brune 2001 : novembre 2007 (cr par Laurent Gibet) – 18,5/20
D’emblée, on retrouve dans un jaillissement assez sensuel ces notes prestigieuses caractéristiques du domaine : cassis, laurier, olive noire, suie, orange sanguine, réglisse, violette. Bouche également signée, farouche, impérieuse, affermie par une mâche considérable et une acidité sans faille (conférant une énorme et salvatrice fraîcheur à ce jus magnifiquement concentré). Ce vin brille aussi par son naturel d’expression, son potentiel de garde (il est toujours cette splendeur reconnaissable, tout en plénitude).
11. Côte-Rôtie : Domaine Jamet 2000 – 12,5°
L’après-midi : DS16 – PR16,5 – CD16,5. Note moyenne AM : 16,3
Vin spontané qu’il serait dommage de laisser dans un coin sans y faire déjà une fête !
Le soir : DS16,5/17 – LG17 – MS17. Note moyenne SOIR : 16,9
12. Côte-Rôtie : Domaine Jamet Côte Brune 2000 – 12,5°
L’après-midi : DS17,5 – PR17 – CD17. Note moyenne AM : 17,2
Le soir : DS18 – LG18,5 – MS18. Note moyenne SOIR : 18,2
Une discussion s’engage alors sur les différences entre les Côtes-Rôties de Jamet et celles des autres domaines ainsi que la différence entre un Côte-Rôtie est un Cornas ou un Hermitage.
Illico, Didier, sort un Cornas de Clape 2000, un Cornas d’Allemand «Chaillot» 2000 et un Hermitage de Chave 2000.
12-1. Hermitage : Domaine Chave 2000 – 13°
Uniquement le soir : DS18,5 – LG18,5/19 – MS18,5. Note moyenne SOIR : 18,6
Un nez (initialement réduit), très profond, qui évoque un « Pauillac de la vallée du Rhône » : minéral, encre, graphite, cassis. Bouche à la puissance de feu prodigieuse malgré la réserve austère qui s’impose. Elle réussit même l’exploit de dépasser en persistance et en verticalité la fantastique Côte Brune de Jamet 2000, pourtant énorme (la Côte-Rôtie 2000 de Jamet étant déjà excellente). Un vin cador, déjà relativement abordable. Clape 2000 fera gentillet et Chaillot 2000 de Allemand semblera bien approximatif.
Rappel : Hermitage rouge 2000 – Verticale de Chave : décembre 2004 (par Pierre Citerne)
DS16 – PC16. Note moyenne du groupe : 15,5
Robe comparable à celle du 2001 ; la bordure semble un peu plus large.
Le bois est encore présent, mais la dominante est fruitée (groseille poivrée caractéristique) et animale ; le nez s’exprime donc plus librement.
Bouche serrée, dense, de très belle tenue ; finale austère, digne. Peut-être un peu moins d’ampleur et de fond que le 2001, un équilibre davantage axé sur la vivacité. Ces deux premiers vins paraissent à ce stade davantage marqué par l’élevage (assez puissamment grillé) que me semblaient l’être les millésimes précédents que j’ai eu l’occasion de goûter à peu près au même âge (97, 98, 99). Détail révélateur, les verres vides expriment plus nettement le bois que le fruit…
12-2. Cornas : Domaine Clape 2000 – 13°
Uniquement le soir : DS15,5/16 – LG16 – MS15,5. Note moyenne SOIR : 15,7
12-3. Cornas : Domaine Allemand Chaillot 2000 – 13°
Uniquement le soir : DS13,5 – LG(13,5) – MS14. Note moyenne SOIR : 13,5
13. Côte-Rôtie : Domaine Jamet 1999 – 12,5°
L’après-midi : DS17,5 – PR17 – CD17,5. Note moyenne AM : 17,3
Le soir : DS17,5 – LG17,5 – MS17,5. Note moyenne SOIR : 17,5
Côte Rôtie 1999, au club : février 2007 (par Philippe Ricard et Pierre Citerne)
Notes : DS AM15,5/16 – DS SOIR17 – PC17 – MS17 – PR15,5. Note moyenne AM : 15,7 et SOIR : 17.
Robe rouge rubis intense, brillante, particulièrement foncée.
Nez magnifique, vraiment haut de gamme, très racé, un superbe Rhône Nord, typé par la viande, l’animal, avec beaucoup de fraîcheur et d’intensité. Génial ! Les habitués reconnaissent immédiatement la signature du Domaine…
Bouche signée d’une texture divine, d’une sève ultra raffinée, d’une précision rare. Magistral ! La fraîcheur est bien palpable, l’équilibre indéniable, mais on reste par contre sur une impression en bouche d’une relative simplicité aromatique avec une prédominance animale privant nos sens d’une complexité que nous espérions fortement. Et ce ne sont pas les quelques notes florales, le léger fumé, et encore moins un boisé perceptible qui pourront remplacer des arômes de fruits frais, inexistants, pour en faire le vin magistral qu’on devine en lui.
La finale, élégante, ne nous apporte pas davantage de complexité, mais confirme un vin certainement encore fermé, ou pas assez aéré.A ce moment, nous regrettons tous (sauf Didier) de ne pouvoir assister à la dégustation du soir…
Le soir : En effet l’aération a libéré ce vin. Expression aromatique d’une typicité parfaite, voluptueuses et pénétrantes notes de suie, de violette, de camphre, de lard fumé… La matière se montre vive, tendue, juteuse, svelte (de puissance modérée), avec une grande sapidité correspondant tout à fait au bouquet du vin. Un grand classique.
Côte Rôtie 1999, à l’aveugle, au club : avril 2003
DS15,5 – PP15,5 – PC15,5 – LG15. Note moyenne : 15,5.
14. Côte-Rôtie : Domaine Jamet Côte Brune 1999 – 12,5°
L’après-midi : DS18,5+ – PR18,5 – CD18,5. Note moyenne AM : 18,5
Le soir : DS18,5 – LG18,5 – MS18,5. Note moyenne SOIR : 18,5
Côte-Rôtie Côte Brune 1999 : mai 2004 (par Pierre Citerne)
PP18,5 – PC18 – LG18,5+ – JP18,5/19
Robe fournie, sérieuse, remarquablement intense sans être noire, bords vieux rose. Très grande race manifeste dès le premier nez, qui se livre avec volupté et abandon : violette, rose sublime de finesse (rose ancienne ?), minéralité empyreumatique (suie, âtre), poivre vert, une pointe de très engageante fourrure… Bouche supérieurement fine et racée, juteuse et svelte, servie par de très beaux tannins (Lesquels sont les plus parfaits, ceux-ci ou ceux de l’Hermitage de Chave ?). Encore une très grande Côte Brune de Jamet, un archétype, un modèle.
Côte-Rôtie Côte Brune 1999 : août 2005 (par Pascal Perez)
VM17,5 – JP18 – PP18,5 – LG18+
Profondeur, puissance et complexité aromatique sur le lard fumé, la suie, l’encre, le goudron, l’animal.
Depuis sa dernière dégustation (mai 2004), ce vin n’a pas réellement bougé et a conservé cette personnalité unique qui le rend si aisé à identifier. Son originalité inouïe, son caractère caverneux et sa race terrienne sont indubitables et sont même tellement paroxystiques qu’ils peuvent finir par déranger les âmes sensibles. Il se présente sans fard, doté d’une grande minéralité, dense, vibrant, frais et long.
Côte Rôtie Cote Brune 1999, au club : février 2007 (par Philippe Ricard et Pierre Citerne)
DS AM17,5/18 – DS SOIR15,5 – PC15,5 – MS16 – PR17. Note moyenne AM : 17,7 et SOIR : 15,6
Robe rouge rubis très intense, brillante, avec une coloration particulièrement prononcée.
Nez magnifique, particulièrement intense, puissant, sur des notes essentiellement florales et animales, dans un style aérien. La Côte Brune de Jamet est citée sans hésitation. Encore un nez exemplaire !
Bouche très tendue, à l’équilibre saisissant, révélant un sacré vin, à l’énorme matière, serrée mais jamais massive, parfaitement sculpturale. Que de profondeur, de complexité ! Le fumé, le bacon, le cigare, quelques touches de foin coupé se succèdent intensément jusque dans une finale parfaitement à la hauteur, pleine, insistant sur le tabac, le lard, qui reviennent sans cesse pendant un long moment.
C’est pas avec ce genre de vin que je vais remplir le crachoir…
Le soir :
Le soir le vin apparaît replié sur lui-même, toujours très intense, avec de magnifiques arômes floraux, empyreumatiques et minéraux, mais une matière très tannique, revêche, monolithique, marquée par une certaine amertume (réglisse, gentiane). Je suis convaincu que le potentiel et la grande race sont bien là, derrière cette bouderie passagère.
Côte Rôtie Cote Brune 1999, à l’aveugle, au club : avril 2003
DS16,5 – PP16,5 – PC17 – LG16. Note moyenne : 16,5
Robe brillante, dense, tirant sur le noir.
Nez profond, fumé, minéral, réglissé, floral, avec des notes de fruits confiturés.
Bouche aux tanins plus saillants (mais sans sécheresse – elle reste juteuse), trapue, légèrement sudiste (fruit cuit). Un style très différent de celui de la cuvée normale
15. Côte-Rôtie : Domaine Jamet 1998 – 13°
L’après-midi : DS16 – PR16 – CD16. Note moyenne AM : 16
Vin encore assez irrésistible auquel s’est ajoutée une pointe de gourmandise.
On n’avait vraiment pas besoin de ça : difficile d’être raisonnable…
Le soir : DS16 – LG16,5 – MS16,5. Note moyenne SOIR : 16,3
Rappel : Côte-Rôtie 1998, au domaine : novembre 2000 (par Pierre Citerne)
Notes : DS15,5 – PC15,5 – LG15,5 – PP15,5. Moyenne : 15,5.
Belle robe vive et limpide. On sent un fruit très mûr et une grande franchise dans l’expression du (des) terroir(s). Bouche pleine mais mince, fumée, finale austère avec les tannins drus du millésime.
16. Côte-Rôtie : Domaine Jamet Côte Brune 1998 – 13°
L’après-midi : DS17,5 – PR17 – CD17. Note moyenne AM : 17,2
C’est déjà fini !
Je n’ai pas vu passer cette première séance.
Aucune fatigue, du bonheur encore plein la bouche et une envie folle de recommencer !
Mais il faut en laisser pour le soir…
Le soir : DS17 – LG17 – MS17,5. Note moyenne SOIR : 17,2
Rappel : Côte-Rôtie Côte Brune 1998, au domaine : novembre 2000 (par Pierre Citerne)
Notes : DS16/16,5 – PC16,5 – LG16/17 – PP16. Moyenne : 16,5.
Nez fermé, très minéral, on devine la race et la complexité potentielle. La bouche est repliée sur ses tannins.
Conclusion de l’après-midi
Démarrage en fanfare pour une dégustation de haut vol…
Ola générale dans la salle.
A six, l’effet est limité…
Difficile en effet de rester insensible à ces Côtes-Rôties, car elles nous offrent presque tout ce qui nous fait craquer dans un vin.
En premier, le plaisir, intense.
Même si la Côte Brune reste toujours sur davantage de réserve, ces vins se livrent avec spontanéité et générosité.
Puis l’élégance, le chic suprême : que de subtilité, de finesse de texture, de délicatesse aromatique ! On navigue dans un monde de parfums, de douceur tactile.
Enfin l’envie irrésistible d’y revenir : des vins à ne pas mettre entre les mains d’un quelconque lobby anti-alcool, tellement le danger d’addiction paraît inévitable…
Plus terre à terre, on peut aussi déjà dessiner le profil standard des deux cuvées.
La générique est immédiatement expressive, joue sur un registre fruité, affiche une texture très juteuse, subtile, pour proposer un ensemble ravissant, terriblement craquant.
La Côte Brune, c’est un peu le Monsieur Plus de chez Balsen : robes souvent plus profondes, plus brillantes, nez plus riches, plus particulièrement floraux, pulpes plus denses, plus sérieuses, style plus en retenue, davantage tourné vers l’avenir, mais toujours cette finesse et cette classe dont on ne peut se lasser.
L’idéal serait d’avoir les deux dans la cave !
Chose de moins en moins évidente : nous ne sommes pas les seuls, semble-t-il, à apprécier ces délices…
Conclusion du soir
On retrouve avec bonheur dans cette série de vins jeunes la production hors norme de la maison Jamet : des vins hédonistes et gourmands (en partie reparcourus sur place lors de la visite de décembre 2007), purs et séveux, bannissant le viognier. Ils plaquent avec ferveur une réelle frivolité aromatique sur un socle structurel intraitable, conciliant ainsi formidablement poigne et douceur.
Cette dégustation complète a donc permis la livraison de syrahs admirables, parfaitement calibrées. Des vins denses, fins, frais, parfumés, qui consacrent la syrah et ont recueilli (on s’y attendait) un véritable plébiscite.
Des vins également caractérisés par une excellence gourmande, une justesse d’extraction optimisant le plaisir mais qui ne sacrifie jamais à la facilité.
Comme chez Leroy ou chez Chave, on a ici affaire à certains des plus grands vins de France (et du monde).
La syrah offre alors une alternative incontestable au pinot et aux cépages bordelais.
La Côte Brune est une cuvée de grande force, logiquement plus concentrée, plus profonde, moins facile d’accès. Le hiatus entre les 2 cuvées est plus ou moins important selon les millésimes
Quelques commentaires généraux :
2ème partie : 1997 – 1983
Vendredi 14 mars 2008
Ordre de dégustation
(Nombre de dégustateurs : 15)
On commence par une « mise en bouche » avec les vins de Thierry Allemand dont le Chaillot 2000 n’avaient pas été à la fête lors de la première journée…
Cornas Allemand Chaillot 2000.
Uniquement le soir : DS16 – PC16/16,5 – LG15. Note moyenne SOIR : 15,8
Très beau nez de syrah septentrionale, parfaitement intense et typé, ouvert : réglisse, olive noire, fumée, cerise confite. Nuance végétale (petit pois) restant assez discrète.
Bouche précise, fine et fraîche, portée par une belle acidité. Envergure moyenne et légère rugosité tannique. Bien mieux goûté toutefois que le 8/2/08 (ce soir, la qualité de cette cuvée est indiscutable).
Cornas Allemand Reynard 2000.
L’après-midi : DS15,5 – PR16 – CD15,5. Note moyenne AM : 15,7
Le soir : DS15,5 +- PC16/16,5 – LG15,5. Note moyenne SOIR : 15,8
Nez plus profond, plus vertical, plus terne aussi. Notes plus « froides » de réglisse, de violette, de minéral, d’encre.
Bouche plus structurée, fermée, moins déliée. Profil en tension, moins charnel, à attendre (ce n’est pas une surprise) plus longtemps que Chaillot 2000.
17. Côte-Rôtie : Domaine Jamet Les Sommets d’Harys 1997 – 13°
Harys = Syrah à l’envers. Elaboré à partir de raisins « surmuris » de jeunes vignes des coteaux ou du plateau (selon les sources…). A été faite une seule fois, en 1997.
L’après-midi : DS15,5 – PR15,5 – CD16 . Note moyenne AM : 15,6
Le soir : DS14 – PC14,5 – LG14,5 – MS14. Note moyenne SOIR : 14,3
Nez expressif : cassis, beaucoup de fumée, atelier de maroquinerie, un peu d’élevage sensible.
Bouche réglissée, un brin capiteuse, un peu flottante également (jeunes vignes ?). Normalement supplanté par le 1997 (15,5/20) et le Côte Brune 1997 (17/20).
18. Côte-Rôtie : Domaine Jamet 1997 – 13°
L’après-midi : DS16,5/17 – PR16,5 – CD17. Note moyenne AM : 16,8
Le soir : DS16 – PC16,5 – LG15,5 – MS16,5. Note moyenne SOIR : 16,1
Nez pondéré, floral, frais, serein. Notes récurrentes du domaine. Fruit manquant un peu d’éclat cependant.
Bouche ouverte, à la silhouette élancée, de bonne tenue, digeste. Volume seulement moyen. On devine un taux d’alcool important, qui nuit au charme du vin.
Côte-Rôtie 1997 : mars 2001 ( par Pierre Citerne)
Robe dense pleine de vivacité et de jeunesse, noir-bleutée.
Nez d’une immense pureté et d’une typicité parfaite, frais, précis, intense : minéral (graphite), épicé, fourrure, viande fumée, fruit percutant de cassis et de myrtille.
Superbe matière fraîche, concentrée, longue, veloutée et svelte, qui se développe en bouche avec une rare cohérence, sans effets de manche, remarquable saveur de violette en finale.
Côte-Rôtie 1997 : août 2007 (par Laurent Gibet)
Notes : DS16,5/17 – PC16,5 – LG16 – MS17 – BLG17.
Le nez, particulièrement fuligineux, manifeste lui aussi ces belles notes familières de syrah septentrionale : cassis, réglisse forte, cuir, olive. Le vin paraît curieusement plus macéré qu’à l’accoutumée. Acidité de confiance, austérité augmentée, amertume légère liée à la surextraction (qui limite un peu le plaisir et nuit à l’élégance légendaire de cette cuvée). Reste un vin costaud, qui résiste assez bien au réchauffement dans le verre.
19. Côte-Rôtie : Domaine Jamet Côte Brune 1997 – 13°
L’après-midi : DS16,5 – PR16 – CD17. Note moyenne AM : 16,5
Le soir :DS16,5/17 – PC16,5 – LG17 – MS16. Note moyenne SOIR : 16,6
Le vin développe des senteurs nettement plus profondes de cerise confite, de minéral, de cassis, de fumée, d’épices.
Matière plus engoncée, de volume plus conséquent, normalement moins prête à boire. Evident (et heureux) supplément de matière mais éclat aromatique encore un peu en défaut.
20. Côte-Rôtie : Domaine Jamet 1996 – 12,5°
L’après-midi : DS16 – PR16,5 – CD16,5. Note moyenne AM : 16,3
Le soir : DS17 – PC17 – LG17,5 – MS17. Note moyenne SOIR : 17,1
Nez étincelant, appelant comme une sirène : cassis, réglisse, viande fumée, épices, orange sanguine.
Bouche racée, joviale, indiscutable, parfaitement dessinée, se déroulant prestement. Présence diabolique, équilibre, tension, pureté, évidence de style.
Rappel : Côte-Rôtie 1996, au domaine : novembre 2000 (par Pierre Citerne)
Notes : DS16 – PC15,5 – LG16/16,5 – PP16. Moyenne : 16.
Rubis intense, sans marque d’évolution. Nez fondu, complexe, s’articulant autour de la trilogie minéralité, animalité, épices, beaucoup de fruit et pas de bois perceptible. Matière marquée par la vivacité, sapide, distinguée, mais qui manque peut-être de gras et de densité.
21. Côte-Rôtie : Domaine Jamet Côte Brune 1996 – 12,5°
L’après-midi : DS17,5/18 – PR18/18,5 – CD17. Note moyenne AM : 17,7
Le soir : DS17,5 – PC17,5/18 – LG17,5+ – MS18. Note moyenne SOIR : 17,7
De nouveau, senteurs enthousiasmantes, mûres, profondes : gelée de framboise, épices, minéral, violette, lard fumé, réglisse puissante, tapenade.
Sans surprise, cette cuvée vin fait preuve d’une belle carburation. Elle se déroule densément, moins immédiatement également, mais avec une expression gustative qui n’en finit pas. Revitalisant !
Rappel : Côte-Rôtie Côte Brune 1996 : février 2005 (cr Pascal Perez)
LG17 – PP18,5
Ce nez ne peut provenir que d’une seule origine : une telle sauvagerie, un tel caractère signent son terroir et démasquent ses auteurs. Du lard fumé bien sûr, mais aussi de la violette, de la pivoine, du café, des épices, du goudron et de la ronce.
La bouche offre une grande densité, beaucoup de profondeur, un très bel équilibre, des tannins admirables, une longueur phénoménale et, surtout, cette idiosyncrasie aromatique unique, extravagante, presque dérangeante mais envoûtante.
22. Côte-Rôtie : Domaine Jamet 1995 – 12,5°
L’après-midi : DS15,5 – PR15,5 – CD15. Note moyenne AM : 15,3
Le soir : DS14,5 – PC14 – LG14,5 – MS14. Note moyenne SOIR : 14,3
Nez sensiblement plus solaire et terreux : café vert, figue, cacao, pivoine, menthol, feuilles frottées. Nuances végétales affichant peu de noblesse.
Tribologie un peu particulière en bouche, la rugosité tannique pouvant faire penser à certains à un Madiran de style traditionnel (Pichard ?). A noter que le vin n’évolue pas favorablement dans le verre. Un peu bancal, avec de la volatile et un taux d’alcool anormalement élevé.
23. Côte-Rôtie : Domaine Jamet Côte Brune 1995 – 12,5°
L’après-midi : DS16,5/17 – PR17,5 – CD16,5. Note moyenne AM : 16,9
Le soir : DS16,5 – PC16 – LG17 – MS17. Note moyenne SOIR : 16,6
Un nez immédiatement plus considérable (et attirant) : profondeur sanguine et minérale, encre, cassis, poivre. Bien plus septentrional.
Bouche construite sur une grosse matière, bien plus nette que celle de la cuvée normale, au charme et à la typicité préservés. Longues saveurs appréciables, dans le genre viril.
24. Côte-Rôtie : Domaine Jamet 1994 – 12,5°
L’après-midi : DS14,5 – PR14,5 – CD15. Note moyenne AM : 14,7
Difficile, voire ingrat de déguster un tel vin sans accompagnement.
La nourriture rendrait l’approche certainement plus facile : l’extrême digestibilité du vin serait appréciée à sa juste valeur.
Le gras d’une viande persillée (par exemple) balancerait cette rigueur peu flatteuse…
Le soir : DS14 – PC13,5 – LG15 – MS14. Note moyenne SOIR : 14,1
Le nez, en registre tertiaire désormais, propose des notes de marinade de viande, d’orange cloutée, de cigare, de réglisse, d’épices.
Bouche cohérente, savoureuse, un peu limitée toutefois.
25. Côte-Rôtie : Domaine Jamet Côte Brune 1994 – 12,5°
L’après-midi : DS16 – PR16 – CD16,5. Note moyenne AM : 16,2
La frustration d’une dégustation sans nourriture est ici encore plus grande…
Le soir : DS14,5 – PC13,5 – LG16 – MS16. Note moyenne SOIR : 15
Nez un brin flou, déclinant principalement des odeurs de minéral, de réglisse, d’iris, de sang.
Bouche au grain juteux, animal, long. Il reste un peu rustre et manque de netteté pour certains dégustateurs. Un vin qui divise.
Nous avons évité le millésime 1993, ce qui est peut-être une erreur…
De la même façon, nous n’avons pas présenté la cuvée « générique » en 1992.
Nous reportons, pour information, la note suivante :
Côte-Rôtie 1992, au domaine : novembre 2000 (par Pierre Citerne)
Notes : DS15,5 – PC15,5/16 – LG16,5 – PP15. Moyenne : 15,5.
Robe tendre mais pas délavée. Bouquet subtil, racé : fleurs séchées, tabac, viande fumée. Bouche « en dentelle », fondue, délicate mais sans creux, captivant arôme de cigare.
26. Côte-Rôtie : Domaine Jamet Côte Brune 1992 – 12,5°
L’après-midi : DS14 – PR12,5 – CD14. Note moyenne AM : 13,5
Le soir : DS15,5 – PC15/15,5 – LG15 – MS15. Note moyenne SOIR : 15,2
Fumet plaisant, net, qui pinote sensiblement : fleurs, épices, violette, tabac froid.
Bouche sanguine, un peu chaleureuse (est-ce du à une récupération énergique par chaptalisation ?). Pas déplaisante mais moins de tenue que dans la Côte Brune 1994.
27. Côte-Rôtie : Domaine Jamet 1991 – 12,5°
L’après-midi : DS18 – PR18,5 – CD17,5. Note moyenne AM : 18
En posant notre verre, la question est évidente : « Après ça, que va faire la Côte Brune ? »
Le soir : DS18 – PC18 – LG17,5 – MS18. Note moyenne SOIR : 17,9
Le nez, tout en puissance somptueuse, suggère une belle provision d’arômes très pétulants : moka, rafle, havane, réglisse, soupe de fraises au poivre. Elégance épicée et florale qui n’est pas elle non plus sans faire penser à la Côte de Nuits (mais ni sur Vosne ni sur Chambolle, plus fins).
Chair longue, fine, et fraîche, que l’on ne songe pas à recracher tellement cette matière svelte est jeune, gourmande et légère comme un flocon de neige. Un coup de maître.
28. Côte-Rôtie : Domaine Jamet Côte Brune 1991 – 12,5°
L’après-midi : DS18 – PR18,5 – CD18,5. Note moyenne AM : 18,3
Le soir : DS18,5 – PC17,5 – LG17 – MS18,5. Note moyenne SOIR : 17,9
Nez d’une profondeur haletante, minérale : fruits noirs, réglisse, encre, viande fumée, épices, olive noire.
Bouche corpulente mais également (à ce stade du moins) moins éclatante, retentissante, bougeante, vitale. En sommeil ?
Côte-Rôtie Côte Brune 1991, repas naissance Maëla : mai 2003 (par Laurent Gibet)
DS17,5/18 – PP17,5 – PC18,5 – LG18 – VM17,5. Note moyenne : 17,5/18
Robe intense, tirant sur le noir, jeune. Magnifique olfaction, charmeuse en diable, complexe, combinant des senteurs de lard, de violette, de cuir, d’épices, d’olive noire charnue, peu saumurée. Très typée syrah septentrionale (et plus Côte-Rôtie qu’Hermitage, car plus aérienne, moins terrienne).
Bouche florale, concentrée mais fine et fraîche. Equilibre, pureté, longueur sont au rendez-vous dans ce vin possédant un charme aromatique et un soyeux structurel irrésistibles. Un vin serein, archétypal, tout en « force tranquille », flatteur mais sans ostentation Le style de la maison à l’état pur.
Côte-Rôtie Côte Brune 1991 : décembre 2007 (par Laurent Gibet)
Notes : DS17,5 – PC17,5 – LG17 – PR17,5 – MS17,5 – BLG15. Note moyenne : 17
On découvre ici une véritable manne aromatique, plus saturée en arômes que chez Chave : cassis, lard, olive, épices, encre, réglisse, fleurs (iris, violette, jacinthe).
Bouche concentrée, profonde, à la texture veloutée, généreuse en goûts, envoûtante mais un peu moins fine que celle du Chave 1995. On y trouve ce plaisir hédoniste qui est la marque de fabrique des vins extravertis du domaine.
29. Côte-Rôtie : Domaine Jamet 1990 – 12,5°
L’après-midi : DS17 – PR16,5 – CD15. Note moyenne AM : 16,2
Le soir : DS17,5 – PC17,5/18 – LG16 – MS17,5. Note moyenne SOIR : 17,2
Nez assez éclatant proposant une large collection de senteurs : cerise confite, olive, andouille, épices variées, fruits à l’alcool et toujours cette réglisse intraitable en filigrane.
Bouche ensoleillée, presque enivrante. J’ai un peu moins d’enthousiasme que mes partenaires car je la trouve un peu trop gavée de chaleur, peu spontanée, peu friande (et je la juge plus ou moins consciemment en comparaison de celle d’un Châteauneuf-du-Pape).
30. Côte-Rôtie : Domaine Jamet Côte Brune 1990 – 12,5°
L’après-midi : DS17,5 – PR18 – CD16,5. Note moyenne AM : 17,3
Le soir : DS16,5 – PC17 – LG16,5 – MS16,5. Note moyenne SOIR : 16,6
Ballet aromatique plus lourd, fuligineux, plus terrien, au fruit très mûr, pas trop gracieux : cassis, menthol, résine, tabac, poivre noir.
Comparativement à la cuvée normale, la bouche draine des goûts un peu plus pesants.
31. Côte-Rôtie : Domaine Jamet 1989 – 12,5°
L’après-midi : DS16,5+ – PR16 – CD16. Note moyenne AM : 16,2
A noter que cette bouteille a été expédiée le mardi 11 mars pour une réception le 12.
Le soir : DS16 – PC16 – LG15 – MS15,5. Note moyenne SOIR : 15,6
Nez capiteux : sanguin, tabac, fleurs puissantes, cerise confite. Pierre note un nez vraiment peu typé, très transalpin (cassis, amande).
Bouche à la fois opulente (senteurs très mûres) et fraîche (acidité), sérieuse mais manquant de ce raffinement typé qui valorise si bien les meilleurs vins du domaine.
32. Côte-Rôtie : Domaine Jamet Côte Brune 1989 – 12,5°
L’après-midi : DS17,5/18 – PR18 – CD17. Note moyenne AM : 17,6
Le soir : DS15 – PC15 – LG14,5/15 – MS14,5. Note moyenne SOIR : 14,8
Ce vin émet des senteurs de fruits noirs, de réglisse, de havane, de terre, de fumée.
Bouche austère, monocorde, aux saveurs trop chiches. Dureté et amertume.
33. Côte-Rôtie : Domaine Jamet 1988 – 12,5°
L’après-midi : DS16,5 – PR15,5 – CD14,5. Note moyenne AM : 15,5
Le soir : DS17 – PC17 – LG17 – MS17. Note moyenne SOIR : 17
On retrouve ici les suggestions sauvages d’une belle syrah septentrionale, plus immédiates, moins polémiques : orange cloutée à la girofle, fleurs enivrantes, réglisse, tapenade d’olives noires, poivres, …
Très belle allure, fraîche, vivante, jeune. On y retrouve l’envoûtement dont est capable la syrah dans ces territoires magiques.
34. Côte-Rôtie : Domaine Jamet Côte Brune 1988 – 12,5°
L’après-midi : DS17,5+ – PR17,5 – CD15,5. Note moyenne AM : 17
Le soir : DS16 – PC16 – LG15,5 – MS16. Note moyenne SOIR : 16
Le nez, plus masqué, semble encore exprimer des senteurs boisées, conséquemment moins endiablées. Y décèlerait-on même une once de bourbon ?
En bouche, le toucher me paraît décevant, pour matière comme sous-dimensionnée. Ce vin énigmatique en l’état serait-il dans une phase transitoire très difficile ? en déclin ? Il ne présente en tout cas pas ce génial caractère auguste qui le caractérisait en décembre 2002.
Rappel : Côte-Rôtie Côte Brune 1988, repas chez Roger Tauzin – décembre 2002 (par Laurent Gibet)
Notes : PP18 – DS17,5/18 – PC17,5/18 – LG18,5 – VM17. Note moyenne : 18.
Le nez découvre des senteurs captivantes, profondes et racées de cassis, de lard fumé, de fleurs, d’olive noire, de fumée, de tabac. Bouche droite, dense et veloutée, qui déroule sa pureté prospère sans aucune faiblesse (y compris dans sa tenue à l’aération). La syrah en apothéose, alliant dans un syncrétisme exaltant l’austérité d’un grand Hermitage avec la suavité d’une grande Côte-Rôtie. L’archétype de la main de fer (puissance, densité) dans un gant de velours (suavité gourmande). Le toucher en bouche est émouvant.
35. Côte-Rôtie : Domaine Jamet 1985 – 12,5°
L’après-midi : DS17,5 – PR17,5 – CD(Non noté). Note moyenne AM : 17,5
Le soir : DS14 – PC14 – LG14 – MS14. Note moyenne SOIR : 14
Agréable bouquet de syrah dominé par le poivre.
Bouche maigrelette, dominée par son acidité. Une certaine avarice en goûts pour un vin semblant trop vieux. A boire d’urgence (encore plus vu l’état déliquescent du 1983).
36. Côte-Rôtie : Domaine Jamet 1983 – 12,5°
L’après-midi : DS15 – PR15,5 – CD15. Note moyenne AM : 15,2
Le soir : DS12 – PC12 – LG13 – MS13. Note moyenne SOIR : 12,5
On saisit ici un bouquet simple mais potable évoquant la rose, le tabac, le poivre.
Autant les arômes restent présentables, autant la bouche s’avère sanguine, métallique, ratatinée. A vécu.
Conclusion de l’après-midi
Seconde dégustation quelque peu différente de la première, mais pour laquelle l’intensité du plaisir n’a quasiment pas évoluée.
Quelques chiffres…
Moyenne générale de dégustation particulièrement élevée : 16,8 (16,9 pour la première journée, 16,7 pour la seconde).
Dans le détail, la cuvée classique garde une moyenne à peu près constante, légèrement ascendante (16,3 et 16,5), tandis que la Côte Brune nous a semblé plus flatteuse sur sa jeunesse (17,6 contre 17 sur les anciens millésimes).
Sa moyenne générale est toutefois exceptionnelle…
Ces notes et surtout leur constance placent incontestablement ce domaine parmi les plus belles références que nous connaissons.
Derniers chiffres : si l’aération a été très largement bénéfique aux vins jeunes (80% d’amélioration), l’effet inverse est tout aussi évident dans la seconde partie de dégustation (75% de dégradation), où l’âge encore très relatif des échantillons ne laissait pas deviner des différences si marquées.
Plus les vins vieillissent, plus ils paraissent s’aérer rapidement pour présenter davantage de complexité aromatique dès l’ouverture, ce que la première séance n’avait vraiment pas pu nous offrir.
Enfin, sur 36 bouteilles, aucun problème de bouchon, ce qui reste exceptionnel dans nos expériences…
Les conclusions de la première partie de ce compte-rendu s’appliquent à nouveau…
La cuvée classique est plus immédiate, s’offrant au dégustateur sans retenue, tandis qu’il faut plonger dans la Côte Brune, tel un puits sans fin, pour aller en extirper la quintessence.
Bref, la première séduit par sa spontanéité, la seconde par sa profondeur.
La classique marque aussi davantage les « effets millésimes », oscillant avec plus d’ampleur entre l’éclat des grandes réussites et l’austérité des années moins mûres, tandis que la Côte Brune, plus constante, s’appuie sur la force prodigieuse de son terroir pour affirmer sa chair plus généreuse, suave, équilibrant beaucoup mieux les acidités ou les maturités plus mesurées, comme en 96, 95, 94, 89 ou 88.
Avec comme point commun entre les deux une finesse, une élégance, une fraîcheur, une digestibilité exemplaires.
Ceci dit, sur ces vieux millésimes, apparaissent de nouvelles données…
La première est qu’avec le temps, l’écart qualitatif entre les deux vins est de moins en moins sensible (un demi-point sur la moyenne de cette seconde journée contre 1,3 pour la première, toujours en faveur de la Côte Brune).
On a noté, par exemple, sur la cuvée classique, des robes plus jeunes que sur la Côte Brune entre 1994 et 1988, mais aussi un fruit mieux préservé, plus frais, plus aérien.
On se rend ainsi compte que cette cuvée est une Côte Rôtie tout aussi magnifique que la Côte Brune et qu’elle n’a pas à rougir de la confrontation.
Ces vins incarnent en fait deux approches différentes, avec, selon les dégustateurs, des préférences qui ne vont pas forcément dans le sens établi, en tout cas par le prix.
Une dégustation à l’aveugle serait peut-être encore plus significative…
Pour finir, j’ajouterai que les limites (dans la quête du plaisir) de la dégustation pure ont vite été atteintes lors de ses séances, l’appel de la chair ayant été ressenti par beaucoup comme une frustration sincère.
On se doit donc de faire une fête à ces vins, mais à table !
Il n’empêche que jeunes ou vieux, ces vins nous ont offert un grand bonheur, sans jamais saturer ou fatiguer nos sens, mais en les comblant de perceptions délicieuses.
On en redemande…
Conclusion du soir
Si la première salve était elle indéniablement une série de très haut niveau (à coup sûr le top de la production nationale), pour de beaux et grands vins consacrant la syrah, nous avons eu droit ce soir à une série qui nous a plus décontenancés, car plus mitigée, impliquant des vins faisant moins l’unanimité (ne pouvant tous revendiquer le plébiscite quasi systématique accordé aux vins jeunes). Les millésimes 96, 91 et dans une moindre mesure 1988 rassurent. 1995, 1990 et 1989 interrogent.
Quelques commentaires généraux :
Remarques sur les bouteilles
Pour ceux qui s’intéressent aussi aux contenants, sachez que le domaine a connu plusieurs changements d’étiquette :
Dans le registre des changements, on note aussi l’apparition d’une bouteille plus large, fumée, sur la Côte Brune 2003.
La cuvée classique adopte cette belle bouteille pour le millésime 2005.
Quelques précisions…
Point de départ : la mise en bouteille à débuté en 1976 pour les 2 cuvées, classique et Côte Brune.
Vignoble : les lieux-dits de la propriété : Lancement, Côte Blonde, Chavaroche, Fongeant, Côte Bodin, Leyat, Bonnivières, Mornachon, Le Plomb, Moutonnes, Landonne, Gerine.
Les 2 cuvées sont 100% sur schiste jusqu’au millésime 91.
Depuis le millésime 1992, seule la Côte Brune conserve cette caractéristique tandis que la cuvée classique compose désormais avec 10% de gneiss.
Les vins : le domaine produit essentiellement deux Côte-Rôtie issues du seul cépage « syrah » :
Selon les années, le domaine produit aussi une cuvée appelée « Elégance », sélection sur 2 lieux-dits, Côte Blonde et Lancement, élevée en vieux fûts.
Tableau récapitulatif
Grands vins
|
|||
1999
|
Côte-Rôtie Côte Brune |
18,5
|
0
|
2003
|
Côte-Rôtie Côte Brune |
18,3
|
+ 0,4
|
1991
|
Côte-Rôtie Côte Brune |
18,3
|
– 0,4
|
2000
|
Côte-Rôtie Côte Brune |
18,2
|
+ 1
|
2004
|
Côte-Rôtie Côte Brune |
18,0
|
+ 0,3
|
1991
|
Côte-Rôtie
|
18,0
|
– 0,1
|
Vins excellents
|
|||
2005
|
Côte-Rôtie Côte Brune |
17,8
|
+ 0,2
|
1996
|
Côte-Rôtie Côte Brune |
17,7
|
0
|
1989
|
Côte-Rôtie Côte Brune |
17,6
|
– 2,8
|
1999
|
Côte-Rôtie
|
17,5
|
+ 0,2
|
2001
|
Côte-Rôtie Côte Brune |
17,5
|
+ 1,8
|
1985
|
Côte-Rôtie
|
17,5
|
– 2,5
|
1990
|
Côte-Rôtie Côte Brune |
17,3
|
– 0,7
|
1998
|
Côte-Rôtie Côte Brune |
17,2
|
0
|
2003
|
Côte-Rôtie
|
17,2
|
+ 0,9
|
1990
|
Côte-Rôtie
|
17,2
|
+ 1
|
1996
|
Côte-Rôtie |
17,1
|
+ 0,8
|
1988
|
Côte-Rôtie |
17,0
|
+ 1,5
|
1988
|
Côte-Rôtie Côte Brune |
17,0
|
– 1
|
Très bons vins
|
|||
2000
|
Côte-Rôtie |
16,9
|
+ 0,6
|
1995
|
Côte-Rôtie Côte Brune |
16,9
|
– 0,3
|
1997
|
Côte-Rôtie |
16,8
|
– 0,7
|
2004
|
Côte-Rôtie |
16,6
|
+ 0,3
|
1997
|
Côte-Rôtie Côte Brune |
16,6
|
+ 0,1
|
2005
|
Côte-Rôtie |
16,3
|
0
|
1998
|
Côte-Rôtie |
16,3
|
+ 0,3
|
1994
|
Côte-Rôtie Côte Brune |
16,2
|
– 1,2
|
1989
|
Côte-Rôtie |
16,2
|
– 0,6
|
Bons vins
|
|||
1997
|
Côte-Rôtie Les Sommets d’Harys |
15,6
|
– 1,3
|
2002
|
Côte-Rôtie Côte Brune |
15,4
|
– 0,9
|
1995
|
Côte-Rôtie |
15,3
|
– 1
|
2001
|
Côte-Rôtie |
15,2
|
– 0,2
|
1992
|
Côte-Rôtie Côte Brune |
15,2
|
+ 1,7
|
1983
|
Côte-Rôtie |
15,2
|
– 2,7
|
Assez bons vins
|
|||
1994
|
Côte-Rôtie |
14,7
|
– 0,6
|
2002
|
Côte-Rôtie
|
14,0
|
– 1
|
La note retenue dans ce tableau est la meilleure de l’après-midi et du soir.
L’évolution de cette note entre ces deux phases de dégustation est mentionnée dans la dernière colonne :
Moyenne de la dégustation |
16,8
|
Ecart moyen (en valeur absolue) |
0,75
|