Horizontale RhĂ´ne Sud 99
8 février 2007
Verticale Angelus Saint Emilion 2004 – 1975
17 avril 2007

Horizontale Bordeaux 1994

2007_03_23 Horizontale Bordeaux 1994 photos

Club toulousain In Vino Veritas

Horizontale du millésime 1994 à Bordeaux

 

 

La dégustation, préparée par Didier Sanchez, a été répartie en 2 séances.

Chaque séance est commentée par Philippe Ricard pour la dégustation de l’après-midi et Miguel Sennoun pour le soir.

 

Quelques commentaires de contexte :

Chaque dégustation s’est déroulée en deux phases : l’après-midi puis le soir avec la même bouteille. Didier Sanchez a participé aux deux séances.

Comme d’habitude certains vins ne se rĂ©vèlent que le soir en raison de l’influence d’une aĂ©ration de 4/5 heures. D’autres, se dĂ©gustent très mal, certains s’écroulent… Les notes de Didier Sanchez (DS AM et DS SOIR) sont le reflet de ces variations.

Le compte rendu porte sur les vins de l’après-midi. En raison de très fortes variations entre l’après-midi et le soir sur certains vins, nous publions une rédaction à deux plumes (uniquement pour les vins dont les écarts sont très importants).

Les vins sont dĂ©gustĂ©s Ă  l’aveugle.

DS : Didier Sanchez – PC : Pierre Citerne – MS : Miguel Sennoun – PR : Philippe Ricard.

 

 

1ère partie

Mardi 6 mars 2007

 

 

 

Ordre de dégustation

(Nombre de dégustateurs : 18)

 

 

1. Rauzan Segla Margaux 1994

DS AM15 – DS SOIR13,5 – PC15 – MS12,5 – PR14. .

Note moyenne AM : 14,7 et SOIR : 13 – Prix : 40 €

  • Robe grenat, moyennement brillante, de très bonne intensitĂ© colorante, avec quelques particules en suspension.
  • Notre premier nez de la sĂ©rie est fort joli, empreint de cèdre, de menthol, lĂ©gèrement herbacé : assez mature, il a bien Ă©voluĂ©, dans un registre classique et Ă©lĂ©gant.
  • La bouche a su conserver une certaine race aromatique, avec des arĂ´mes de cassis, de cuir, de bois prĂ©cieux, dans un style mĂ©docain classique et relativement fin. Certes, le corps n’est pas très large, la maturitĂ© contenue (notes herbacĂ©es), les tanins, sans ĂŞtre secs, manquent un peu de rondeur, mais l’équilibre a su ĂŞtre prĂ©servĂ©, l’âme de la Rive Gauche Ă©galement.

 

Ce charme tout relatif est quelque peu mis à mal par l’aération, la dégustation nocturne amplifiant les quelques réserves.

Le vin ne doit plus attendre…

 

 

2. Gruaud Larose Saint-Julien 1994

DS AM14,5 – DS SOIR15 – PC14,5 – MS15 – PR13.

Note moyenne AM : 14 et SOIR : 15 – Prix : 37 €

  • Robe grenat aux reflets tuilĂ©s, modĂ©rĂ©ment foncĂ©e, brillante : l’évolution est ici davantage marquĂ©e.
  • Le nez semble plus mĂ»r, marquĂ© d’une certaine animalitĂ©, de cèdre, dans un style très fin, Ă©lĂ©gant : ça plait !
  • La bouche commence sur un registre mĂ»r (cerise), pulpeux, avec des tanins fondus, puis s’exprime modĂ©rĂ©ment, sans trop de chair ni de complexitĂ©, mais dans un registre de finesse et de plaisir, Ă  dĂ©faut de vĂ©ritable race. La finale s’étire timidement, dans une harmonie limitĂ©e et une rĂ©manence sur de lĂ©gers amers, laissant une sensation de tabac froid et de fumĂ©.

 

Ce vin ne tiendra pas longtemps…

 

La tendance générale va à la Rive Droite, plutôt St Emilion…

Ce pronostic malheureux n’est que le début d’une véritable déroute en la matière…

La consolation vient quand même de la part non négligeable de Merlot (30%), cépage qui nous avait mal aiguillé.

 

 

3. Angélus Saint-Emilion 1994

DS AM17,5 – DS SOIR17,5 – PC17,5/18 – MS17,5 – PR17,5.

Note moyenne AM : 17,6 et SOIR : 17,5 – Prix : 74 €

  • Jolie robe grenat intense, presque rougeoyante, bien foncĂ©e, brillante, avec son lot de particules noirâtres : l’évolution est ici mesurĂ©e.
  • Nez enchanteur, puissant et frais Ă  la fois ! Le cèdre, la boĂ®te Ă  cigare, le poivre, le tabac s’élèvent avec intensitĂ© et jeunesse, dans un style racĂ© et envoĂ»tant.
  • En bouche, le plaisir monte d’un cran : superbe sensation tactile (fruitĂ©, veloutĂ©, tanins nobles), matière structurĂ©e, intense, tendue, belle complexitĂ© aromatique, grande finesse, tout est parfaitement en place ! La finale souligne cette classe, avec distinction et persistance : le vin reste longtemps en bouche, pour notre plus grand plaisir…

 

Que de louanges pour cette bouteille dont la jeunesse laisse espérer encore un bel avenir !

Sans hésitation, nous parions sur la Rive Gauche…

Et vlan !

 

 

4. Lafleur Pomerol 1994

DS AM(12,5) – DS SOIRED- PC(12?) – MSED- PR(12?).

Note moyenne AM : 12?- ED et SOIR : ED – Prix : 155 €

  • Robe brillante, grenat, de coloration assez sombre, avec lĂ  aussi beaucoup de particules en suspension.
  • Nez vĂ©gĂ©tal, poussiĂ©reux, herbacĂ©, mentholĂ©, moyennement intense : tellement Ă©trange que certains Ă©voquent dĂ©jĂ  un dĂ©faut liĂ© au bouchon.
  • Bouche un peu alcooleuse, avec un soupçon de sucre (les vieux dĂ©mons de la Chaptalisation sont alors Ă©voquĂ©s), des tanins qui ressortent, un corps plutĂ´t mince, voire Ă©triquĂ©, une matière maladroite, peu de maturitĂ© (encore le vĂ©gĂ©tal, omniprĂ©sent), une finale dure, sans aucun charme.

 

Arrêtez, n’en jetez plus : il semblerait qu’on ait mis en bouteille tous nos préjugés sur ce Millésime peu réputé…

Le 94 comme on le craignait !

Snif : mon premier Lafleur… (et dire qu’il n’y en aura certainement pas beaucoup d’autres !)

 

La vérité est toute autre : la première suspicion de vin à problème, évoqué l’après-midi, est confirmée le soir : vin bouchonné !

Ça ne me console pas vraiment…

 

 

5. Vieux Château Certan Pomerol 1994

DS AM14 – DS SOIR16,5/17 – PC14 – MS16,5/17 – PR13,5.

Note moyenne AM : 13,8 et SOIR : 16,8 – Prix : 56 €

L’après-midi :
  • Robe très brillante, grenat aux reflets tuilĂ©s, avec une bonne matière colorante.
  • Nez relativement timide, s’exprimant frileusement sur des notes de tabac et de fumĂ©.
  • Bouche tannique, un peu Ă©triquĂ©e, un rien fluette, marquĂ©e d’une certaine aciditĂ© volatile. Le menthol, les notes de sous-bois, une touche animale et une finale poivrĂ©e (mais courte) tentent de tenir le vin aromatiquement. Mais l’ensemble est un peu simple.

A boire.

 

Quant au pronostic ?

Rive gauche !

 

Le soir :

  • Nez très engageant et prĂ©cis, qui exprime sa complexitĂ© sur les registres du cuir, de l’orange et de la noix. Ces notes d’évolution ne nous paraissent cependant pas nuire Ă  l’avenir de ce beau vin.
  • La bouche charnue mais tendue, jeune et juteuse nous a conquise ce soir. Un beau volume et une finesse exemplaire qu’on ne retrouve que sur les grands terroirs.

 

 

6. Léoville Las Cases Saint-Julien 1994

DS AM13,5 – DS SOIR17,5 – PC12,5/13 – MS17,5 – PR14.

Note moyenne AM : 13,5 et SOIR : 17,5 – Prix : 68 €

L’après-midi :
  • Robe très brillante, d’un grenat profond, intense, presque encore rougeoyant. C’est en tout cas très sombre, et très jeune !
  • Nez pas vraiment couleur locale, sur des fruits trop mĂ»rs, voire cuits (notamment le cassis), le goudron, le cèdre : c’est l’AmĂ©rique !
  • Bouche quelque peu frustrante, car malgrĂ© la prĂ©sence indĂ©niable de vin, de puissance, de volume, tout ne semble pas parfaitement en place ! Si l’attaque est plutĂ´t ronde et mĂ»re, la jeunesse encore sensible, le corps s’exprime sans race pour finir sur une finale relativement alcooleuse, bien peu Ă©lĂ©gante, voire dĂ©plaisante, les amers restant en bouche et les tanins sur les gencives !

 

Zéro pointé en ce qui concerne la race.

La rondeur apparente nous oriente vers le Merlot de la Rive Droite…

Et dire qu’on a parmi nous les vice-champions de France de la dégustation à l’aveugle RVF 2006 !

 

Le soir :

  • Robe très nette, brillante, encore jeune.
  • Nez Ă©lĂ©gant tout en finesse, complexe, ouvert, sur l’orange sanguine et le cèdre.
  • Bouche structurĂ©e qui nous guide Ă  l’aveugle vers la rive gauche. Très longue, propre. Encore très jeune.

 

DĂ©gustĂ© le 28/01/05 : DS16,5 – MS16,5. Note moyenne du groupe : 16,5/17 – Prix : 56 E

  • La robe laisse apparaĂ®tre quelques traces d’évolution.
  • Le nez est Ă©troit, sur des notes d’herbes sèches et de paille. Un cĂ´tĂ© mentholĂ© lui apporte une touche de fraĂ®cheur. Donne l’impression d’une très forte proportion de cabernets sauvignon en limite de maturitĂ©.
  • Attaque de bouche mure et ronde. Belle fraĂ®cheur. Assez longue et sans creux. Les tanins sont assez discrets et ne sèchent pas.

Ce 1994 n’a pas le gras et la maturité parfaite des grands millésimes, mais il est tout de même une grande réussite pour l’année.

A boire dés à présent et pendant quelques années encore.

 

7. Pape Clément Pessac-Léognan 1994

DS AM14 – DS SOIR14,5 – PC15 – MS15 – PR14.

Note moyenne AM : 14,7 et SOIR : 14,8 – Prix : 41 €

  • Robe moyennement brillante, grenat intense, dotĂ©e d’une très bonne coloration.
  • Nez assez raffinĂ©, exprimant sobrement des notes de confiserie (chocolat), de fumĂ©, de paille.
  • Bouche apprĂ©ciĂ©e essentiellement pour ses arĂ´mes Ă©lĂ©gants (herbacĂ©, verveine, lĂ©ger fumĂ©). Le corps est un peu lĂ©ger, mais se tient correctement grâce Ă  des tanins affirmĂ©s. La finale s’étire correctement, mais signe aussi un relatif manque de maturiĂ©, une infime verdeur.

 

Suite à une mise prudente (et tout aussi médiocre) sur Pomerol, 2 types de comportement prédictif s’affirmeront dès lors :

  • ceux qui annoncent tout le contraire de ce qu’ils pensent (tactique qui marchera pas mal)
  • ceux qui n’osent plus rien dire (ma pomme…)

 

 

8. Grand Puy Lacoste Pauillac 1994

DS AM16,5/17 – DS SOIR15 – PC16/16,5 – MS14,5 – PR17.

Note moyenne AM : 16,7 et SOIR : 14,8 – Prix : 38 €

  • Robe brillante, grenat avec des reflets briques, une forte intensitĂ© colorante et un nombre gĂ©nĂ©reux de particules en suspension : on va mâcher !
  • Nez d’une belle complexitĂ© aromatique (animal, herbacĂ©, cassis, menthol, tabac), d’une belle finesse : voici de la race et un appel Ă  la consommation. Assez irresistible !
  • Bouche faite pour le plaisir ! Attaque ronde, belle tenue, beau jus, une harmonie Ă©vidente, un Ă©quilibre juste : le fumĂ©, les fruits mĂ»rs, le cassis s’expriment dans un style jeune et fĂ©minin. La finale laisse perdurer ses sensations avant de voir le vin revenir, la salive avec !

 

Beau vin que l’aération semble infléchir vers des sensations moins plaisantes : il faut le boire dès l’ouverture.

 

 

9. Canon La Gaffelière Saint-Emilion 1994

DS AM16 – DS SOIR14,5 – PC16- MS14,5 – PR16.

Note moyenne AM : 16 et SOIR : 14,5 – Prix : 42 €

  • Robe profonde, très brillante, grenat intense, foncĂ©e, avec une densitĂ© de particules significatives.
  • Le nez semble très beau, jeune, intense, mais pas particulièrement serein : les fruits surmĂ»rs s’associent Ă©tonnamment avec les notes herbacĂ©es, le tout avec pas mal d’aciditĂ© volatile.
  • Bouche toujours marquĂ©e par cette dualitĂ© entre les notes vĂ©gĂ©tales et une grande maturitĂ© de fruit : avec en plus une pointe de cuir, on a lĂ  une belle complexitĂ© aromatique ! La matière est fort belle, avec un beau jus, bien valorisĂ©e jusque dans la finale, longue et rĂ©manente, Ă  peine perturbĂ©e par quelques tanins assĂ©chants.

 

L’ensemble est plus plaisant à l’ouverture de la bouteille qu’après une période d’aération.

Lui aussi n’aimerait pas la carafe !

 

Au fait, des imprudents ont osé prononcé Rive Gauche…

« Perdus » : je crois que c’est le mot qui nous caractérise le mieux !

 

 

10. Cos d’Estournel Saint-Estèphe 1994

DS AM16,5/17 – DS SOIR14 – PC16,5/17 – MS14 – PR16,5.

Note moyenne AM : 16,7 et SOIR : 14 – Prix : 50 €

L’après-midi :
  • Robe brillante, grenat encore une fois intense, semblant encore marquĂ©e par le rouge ! Très belle coloration, foncĂ©e, très jeune. Et encore quelques particules…
  • Nez caricatural de Cabernet Sauvignon : fumĂ©, brĂ»lĂ©, tabac, cèdre, les parfums s’expriment avec très forte maturitĂ© et intensitĂ©. Ça envoie ! Hyper racé…
  • En bouche, pas de problème, « y a du vin » ! Gros volume, grosse matière, concentration, mais aussi structure : les arĂ´mes de camphre, de brĂ»lĂ©, de fumĂ©, de fruit, de moka font du rentre dedans ! Le style est un peu dĂ©monstratif, notamment soulignĂ© par des notes d’alcool et de sucre, mais conserve lĂ  aussi de l’équilibre et du style. La finale, malgrĂ© une pointe d’alcool, conserve de la fraĂ®cheur (menthol) et s’étale sur une grosse longueur.

 

Contre toute attente, on parie Rive Gauche.

Même Pauillac et Mouton (on pouvait tout de même pas avoir tout juste…)

 

Le soir :

  • Le nez prĂ©sente un cĂ´tĂ© empyreumatique, goudron/bois si puissant qu’il en devient dĂ©sagrĂ©able et gĂŞne la majoritĂ© des dĂ©gustateurs. On sent derrière ces arĂ´mes que le vin est complexe, truffĂ©.
  • La bouche, toute en rondeur est très puissante, mais l’alcool ressort, et nous empĂŞche de l’apprĂ©cier. Un vin qui s’est malheureusement dĂ©gradĂ© entre les deux sessions.

 

DĂ©gustĂ© le 12/10/06 :DS AM14,5 – DS SOIR15,5 – CD14,5 – VR14. Note moyenne AM : 14,3 et SOIR : 15,3.

  • Robe Ă©voluĂ©e.
  • Nez bizarre, un peu sur le caoutchouc… ?
  • En bouche, l’ensemble est frais mais très lĂ©ger.

Insuffisant pour le standing du château.

A boire vite

 

 

11. Figeac Saint-Emilion 1994

DS AM14/13,5 – DS SOIR13 – PC14/14,5 – MS13 – PR14.

Note moyenne AM : 14 et SOIR : 13 – Prix : 60 €

  • Robe moyennement brillante, grenat aux reflets briques, d’intensitĂ© colorante correcte, mais moins forte que les prĂ©cĂ©dentes.
  • Nez sur le caramel, quelques notes herbacĂ©es et alcooleuses. L’ensemble est de qualitĂ© moyenne, avec une race très relative…
  • Bouche un peu Ă©troite et fluette, s’exprimant timidement sur des arĂ´mes de brĂ»lĂ©, de caramel, de paille, dans une matière polie (tanins totalement fondus). La finale n’est pas d’une grande harmonie, ni d’une grande persistance, mais tout semble bien en place.

 

Le vin est tout simplement sur une pente descendante : il aurait du être bu.

 

 

12. Léoville Barton Saint-Julien 1994

DS AM12,5 – DS SOIR13 – PC12 – MS13 – PR13.

Note moyenne AM : 12,5 et SOIR : 13 – Prix : 44 €

  • Robe très brillante, tout juste grenat, très fortement colorĂ©e : c’est la robe la plus jeune de la dĂ©gustation ! Superbe !
  • Nez plutĂ´t monolithique, relativement pauvre : marquĂ© par l’élevage, par des notes de pâtisserie, de bonbon. Le situer Ă  Bordeaux n’est pas Ă©vident, alors le placer sur la bonne rive (y aurait pas une Ă®le au milieu ?)…
  • Bouche ronde malgrĂ© la prĂ©sence de tanins, mais bien juteuse, avec des arĂ´mes de cèdre, de rĂ©glisse, de caramel, puis des notes herbacĂ©es qui persistent peu harmonieusement jusqu’en finale. Si l’équilibre gĂ©nĂ©ral est bon, l’ensemble manque de typicitĂ© et surtout de plaisir.

 

 

13. Pichon Comtesse de Lalande Pauillac 1994

DS AM14,5 – DS SOIR15,5 – PC14/14,5 – MS15 – PR14.

Note moyenne AM : 14,2 et SOIR : 15,2 – Prix : 67 €

  • Robe brillante, grenat, particulièrement foncĂ©e, avec beaucoup de particules en suspension.
  • Nez marquĂ© par un petit cĂ´tĂ© fumĂ©, une touche animale et une belle maturité : il a su rester assez jeune et intense, avec une race correcte.
  • Bouche ronde et aimable (sensation sucrĂ©e), avec des tanins complètement fondus, donnant de la suavitĂ© Ă  l’ensemble. Le fumĂ©, le cafĂ©, les fruits Ă  l’alcool se font remarquer dans un joli corps, s’exprimant avec intensitĂ© mais sans trop de typicitĂ©. La finale, longue, assez chaleureuse, nous rappelle par contre l’alcool, avant de rester en bouche de façon un peu dure, moyennement harmonieuse, herbacĂ©e, un peu dĂ©cevante.

 

Certains fous osent encore jouer aux pronostics : Pomerol…

Je me marre (mais mieux vaut que je me taise, je serais ridicule !)

 

 

14. Sociando Mallet Médoc 1994

DS AM16,5/17 – DS SOIR14 – PC17,5 – MS13,5 – PR16,5.

Note moyenne AM : 16,8 et SOIR : 13,8 – Prix : 32 €

L’après-midi :
  • Robe assez mate, grenat, d’une très grande intensitĂ© colorante, avec beaucoup de particules noirâtres.
  • Nez toujours jeune, dans un style Ă©purĂ©, exprimant sobrement des notes herbacĂ©es, de cafĂ© et fruits frais.
  • Bouche vivante ! Des fruits, du naturel, de la fraĂ®cheur, un super jus : le plaisir de la jeunesse, la finesse des tanins parfaitement intĂ©grĂ©s, aucune agressivitĂ©, tout est bon et appelle la jouissance ! La finale, sur le cèdre et la rĂ©glisse, s’étire de façon tout aussi juteuse et plaisante.

 

Cette « buvabilité », ce côté vivant et juvénil nous impressionnent.

Et comble de plaisir : certains parient sur Sociando Mallet !

C’est pas beau, ça !

 

Le soir :

  • Nez brutal, baroque qui nous Ă©voque particulièrement le bois de santal.
  • Encore une fois entre l’après-midi et le soir l’alcool ressort et gĂŞne les dĂ©gustateurs. La bouche s’exprime ce soir-lĂ  sur un registre plutĂ´t vĂ©gĂ©tal, Ă  l’amertume prononcĂ©e avec une sucrositĂ© importante.

 

Dégusté le 04/11/05 :DS14,5 – PC14,5 – MS14,5. Note moyenne : 14,5

  • Robe encore une fois dense.
  • Premier vin de la sĂ©rie au nez Ă©voluĂ©, presque tertiaire oĂą l’humus et les sous-bois apparaissent en filigrane.
  • Attaque un peu sucrĂ©e, sur des arĂ´mes d’orange et d’épices. La matière dĂ©livre une grosse dĂ©charge tannique en bouche, elle a l’austĂ©ritĂ© du millĂ©sime et tend Ă  sĂ©cher en finale.

 

 

15. Ausone Saint-Emilion 1994

DS AM14 – DS SOIR14 – PC13 – MS14 – PR13,5.

Note moyenne AM : 13,5 et SOIR : 14 – Prix : 135 €

  • Robe mate, grenat aux reflets tuilĂ©s, d’intensitĂ© colorante moyenne : l’ensemble paraĂ®t assez Ă©voluĂ©.
  • Nez peu bavard, sur la paille, la rĂ©sine, le bonbon, le cafĂ©, le caramel : ça reste assez timide et d’une race peu Ă©vidente.
  • Bouche Ă©troite, gringalette, assez austère et monolithique, avec des tanins un peu secs, une finale sobre et peu Ă©lĂ©gante.

 

Le vin semble fatigué.

Ce n’est vraiment pas le Ausone de maintenant.

Mais ce dernier, on n’est pas près d’en boire !

 

 

16. Haut Brion Pessac-Léognan 1994

DS AM16,5 – DS SOIR16 – PC16 – MS15 – PR16.

Note moyenne AM : 16,1 et SOIR : 15,5 – Prix : 136 €

  • Robe plutĂ´t mate, grenat, de bonne intensitĂ© colorante.
  • Nez assez Ă©lĂ©gant, toujours frais et jeune, sur des parfums de viande fraĂ®che, de tabac, quelques notes lactiques : c’est assez mĂ»r, mais d’intensitĂ© moyenne. Un nez qui n’explose pas, loin de là !
  • Bouche fort charmante, assez ronde et fĂ©minine, dotĂ©e d’un très beau jus, un corps charnu, un bon Ă©quilibre. De la race, des tanins relativement fins et surtout une finale longue, dotĂ©e d’un très beau retour.

 

C’est bon !

 

 

17. L’Eglise Clinet Pomerol 1994

DS AM17 – DS SOIR16,5 – PC17,5 – MS16 – PR18.

Note moyenne AM : 17,5 et SOIR : 16,3 – Prix : 58 €

  • Robe brillante, grenat, particulièrement foncĂ©e.
  • Nez sensiblement jeune, intense, exprimant des parfums de fumĂ©, de fruits très mĂ»rs (cerise noire), d’épices douces, de graphite (minĂ©ral). Complexe et très beau !
  • Bouche dĂ©licieuse, dotĂ©e de tanins superbes, confĂ©rant Ă  l’ensemble toucher de bouche divin, raffinement, suavitĂ© et fĂ©minité ! Le corps est ample, la trame serrĂ©e, le tout avec beaucoup de puissance et de profondeur. La finale souligne cette Ă©lĂ©gance, cette harmonie et cette finesse.

 

Que c’est bon !

Enfin, que c’était bon : mon verre est déjà vide !

 

Et vous savez quoi : le pronostic était sur Pomerol !

Aurait on trouvé la clé pour déchiffrer ce Millésime piégeux ?

 

 

18. Le Bon Pasteur Pomerol 1994

DS AM16 – DS SOIR14,5 – PC16,5 – MS14,5 – PR17.

Note moyenne AM : 16,5 et SOIR : 14,5 – Prix : 32 €

L’après-midi :
  • Robe brillante, grenat aux reflets briques, d’une très bonne intensitĂ© colorante, avec quelques particules en suspension.
  • Nez de fruits mĂ»rs, de rĂ©sine, de paille, d’intensitĂ© relative, mais très typĂ© Pomerol.
  • Bouche ronde, avec quelques sucres en attaque, des tanins d’un grand raffinement, un corps dense, volumineux, sur les fruits mĂ»rs. Très belle tenue, belle structure et surtout très jolie matière, d’une grande finesse. La finale est charmante, tendue, bien persistante.

 

Pomerol ne fait aucun doute !

 

Le soir :

Dernier vin de notre série, donc on ne peut exclure l’effet fatigue, cependant le vin nous est apparu comme classique avec un joli fruit, mais banal et un peu austère.

Nous sommes passés à côté.

 

 

19. L’Evangile Pomerol 1994

DS AM13 – DS SOIR13(?)ED – PCED- MS14 (?)ED – PR14.

Note moyenne AM : (13,5) ED et SOIR : ED – Prix : 69 €

  • Superbe robe, profonde, brillante, très colorĂ©e, grenat, mais empreinte encore d’aspect rougeâtre. Toujours quelques particules en suspension.
  • Nez Ă©tonnant de cabernet pas très mĂ»r : notes franchement herbacĂ©es, vĂ©gĂ©tales (ça sent la rafle !) et le cèdre. Moyennement Ă©lĂ©gant !
  • Bouche bizarre, car si l’attaque Ă©voque un jus ample, volumineux, bien mĂ»r, la suite nous rappelle la rafle, les herbes, le pĂ©pin de raisin, avec des tanins durs et astringeants… Le corps est assez dense, large, mais n’est jamais bien mis en valeur. La finale se dĂ©sunit quelque peu, avec un retour du vĂ©gĂ©tal, très dur, et une sensation amère dĂ©plaisante.

 

Pierre et Vincent pensent sincèrement à un défaut de la bouteille.

Bingo : le soir, c’est bouchonné !

 

 

20. Mouton Rothschild Pauillac 1994

DS AM16,5 – DS SOIR16,5 – PC12 – MS17 – PR13,5.

Note moyenne AM : 14 et SOIR : 16,8 – Prix : 140 €

L’après-midi :
  • Robe divine, bien qu’assez mate : la couleur, très sombre, est presque encore rubis, bien que le grenat soit dominant. Jeunesse saisissante !
  • Nez intense, puissant, assez racĂ©, de belle maturitĂ©, mais sur des notes d’alcool peu harmonieuses.
  • Bouche ronde, un rien sucrĂ©e, sur des fruits très mĂ»rs, un corps plein, volumineux, puissant, mais pas vraiment très fin, avec notamment des tanins qui se rĂ©vèlent en finale, un rien accrocheurs et assĂ©chants. La finale, justement, insiste sur une impression sucrĂ©e, alcooleuse et une relative dĂ©sunion : retour disgrâcieux et sĂ©vère sur des notes herbacĂ©es.

 

A noter la grande disparité des notes de l’après midi, Didier Sanchez ne partageant pas ces impressions et confirmant les siennes le soir venu.

 

Le soir :

  • Robe très jeune.
  • Nez avenant qui dĂ©veloppe beaucoup de fraĂ®cheur. Sur la fraise, le menthol, le cèdre. Une première impression terpĂ©nique disparaĂ®t Ă  l’aĂ©ration.
  • L’intensitĂ© et le jus d’un tout grand, le vin plait Ă  tout le monde ce soir lĂ . Il nous parait bien jeune, et surtout plein de potentiel. La dĂ©couverte de l’étiquette nous conduit Ă  un dĂ©bat sur le cĂ´tĂ© racoleur de Mouton… mais après tout si c’est bon…

 

 

21. Clinet Pomerol 1994

DS AM15,5 – DS SOIR14 – PC16 – MS13,5 – PR14,5.

Note moyenne AM : 15,5 et SOIR : 13,8 – Prix : 60 €

  • Robe mate, grenat presque tuilĂ©e, d’une très forte intensitĂ© colorante, avec quelques fines particules noires en suspension.
  • Nez catalan ! Du caramel, des fruits ultra mĂ»rs (cerise noire), Ă  la limite de la surmaturitĂ©, des fruits Ă  l’alcool, des Ă©pices : le style est suffisamment chaud, presque solaire, pour nous Ă©voquer le sud et la montagne du Canigou !
  • Bouche particulièrement expressive ! Si l’aciditĂ© semble juste en attaque, dominĂ©e par la rondeur et quelques notes d’alcool (ceci dit beaucoup moins prĂ©sent qu’au nez : sa contribution va Ă  la puissance perçue), l’équilibre se retrouve dans un corps concentrĂ©, dotĂ© d’une matière gĂ©nĂ©reuse, une trame serrĂ©e, une puissance indĂ©niable tout comme un charme certain, notamment par ses arĂ´mes de fruits très mĂ»rs et ses Ă©pices. La finale, poivrĂ©e, fait cependant ressortir des tanins plus durs et austères, qui restent bien calĂ©s dans les gencives…

 

C’est un vin sans concession, manquant un peu de subtilité, mais pas de générosité !

D’ailleurs Pierre y est particulièrement sensible…

Beaucoup misent sur le bon cheval : Clinet ne fait plus de doute.

 

 

22. Château Margaux Margaux 1994

DS AM16,5 – DS SOIR16 – PC15 – MS15,5 – PR14,5.

Note moyenne AM : 15,3 et SOIR : 16 – Prix : 190 €

  • Quelle robe, intense, profonde ! Le rouge est encore prĂ©sent, mĂŞme si le grenat signe un relatif vieillissement. Très belle intensitĂ© colorante, mais l’ensemble est assez mat.
  • Nez bien peu disert : les fruits mĂ»rs, quelques notes de fruits Ă  l’alcool parviennent Ă  se distinguer, mais le style, outre timide, est assez monolithique.
  • La bouche est plus avenante, surtout grâce Ă  sa texture, assez soyeuse, parfaitement ronde et juteuse, signĂ©e de tanins magnifiquement fondus. L’équilibre est de plus irrĂ©prochable, mais le corps manque un chouĂŻa de chair, de densitĂ©, de race aromatique. La finale, assez longue, prĂ©serve assez longuement cette sensation parfaitement polie de la matière.

 

 

23. Lynch Bages Pauillac 1994

DS AMED – DS SOIRED- PC1ED- MSED – PRED .

Note moyenne AM : ED et SOIR : ED – Prix : 50 €

Vin bouchonné.

Dommage, car la robe, magnifique, nous laissait beaucoup d’espoirs.

Mais que ces arômes de liège et d’huître pas fraîche ne sont pas élégants !

Fichu bouchon…

 

 

Conclusion

 

Le Millésime 1994 n’est certes pas le plus médiatique en Bordelais.

Mais quand on aligne de telles bouteilles, chaque amateur a le palpitant qui s’excite !

Profitons en, car avec la folie spéculative de l’époque, on n’est pas prêt de faire ce genre d’horizontale dans les années 2000 !

 

Ce que nous retenons, tout d’abord, c’est qu’aucun des « monstres » sacrés de Bordeaux ne nous a impressionnés dans cette première série : si 1ers ils sont en terme de classement de 1855, mais aussi de prix (de loin), ils le sont nettement moins en terme de plaisir gustatif…

Ne comptez donc pas sur moi pour courir après dans les enchères !

 

Par contre, 2 « seconds » couteaux tiennent fièrement leur rang et dominent la mêlée : Angélus et Léoville Las Cases (un chou-chou du club), même si cette fois l’aération lui a sauvé la vie !

Du bonheur !

L’Eglise Clinet fait presque aussi bien et complète à merveille ce beau podium.

 

Pour le reste, il faut encore une fois souligner la performance de Sociando Mallet, qui, même s’il n’aime pas l’aération dans ce Millésime, a encore bluffé l’assemblée durant l’après-midi.

Voici donc un rapport qualité prix vraiment intéressant pour 1994.

D’ailleurs pas uniquement dans ce millésime, ce qui n’est un scoop pour personne !

La remarque pourrait parfaitement s’appliquer à Grand Puy Lacoste…

 

D’une manière plus générale, il faut quand même reconnaître que le niveau est tout à fait bon.

Certes, avec la crème bordelaise et des moyennes tarifaires conséquentes, il serait difficile d’exiger moins.

Mais nos craintes sur le Millésime 94 nous laissaient imaginer des vins plus tanniques, durs, austères, acides, que ceux que nous avons rencontrés.

Il est vrai que quelques bouches sucrées de-ci de-là nous ont ramenés au bon vieux temps de la chaptalisation, que certaines finales ont confirmé nos craintes.

Mais dans l’ensemble, la surprise fut plutôt bonne !

 

Avec ce retour en arrière, nous pouvons aussi apprécier les progrés qu’ont fait beaucoup de ces Châteaux depuis.

Ausone, Léoville Barton, Pape Clément sont aujourd’hui à des niveaux bien supérieurs à ce que nous avons pu apprécier dans cette horizontale et les « petites » années marquent beaucoup moins de telles irrégularités.

Tant mieux !

 

Enfin, pour finir, il faut noter la totale perte de repères que nous a laissée cette dégustation : non seulement identifier les Châteaux s’est avéré totalement infaisable, mais pire, trouver les bonnes Rives fut un exercice absolument déroutant !

A en perdre son latin…

A confirmer dans la seconde partie de cette horizontale prestigieuse…

 

 

Quelques indices Ă  retenir

 

D’habitude, je me permets de glisser certaines caractéristiques pour bien identifier les vins.

Je pense que notre modeste performance en la matière (doux euphémisme…) impose une certaine retenue…

A la rigueur, sur ce Millésime, je pourrais vous conseiller :

  • CaractĂ©ristiques de la Rive Droite : cf Rive Gauche
  • CaractĂ©ristiques de la Rive Gauche : cf Rive Droite

Bonne chance !

 

 

 

 

 

2ème partie

Vendredi 23 mars 2007

 

 

 

Ordre de dégustation

(Nombre de dégustateurs : 17)

 

 

1. Kirwan Margaux 1994

DS AM13,5 – DS SOIR14 – PC13 – MS14,5 – PR13,5.

Note moyenne AM : 13,3 et SOIR : 14,3 – Prix : 29 €

  • Très brillante, relativement claire, la robe semble ne pas avoir pris de rides tellement son rubis est persistant, Ă  peine marquĂ© de traces orangĂ©es en bordure de disque.
  • Nez assez sympathique, oĂą s’expriment avec retenue le sous-bois, le fumĂ© et une lĂ©gère impression herbacĂ©e. ElĂ©gant, mais assez simple.
  • MalgrĂ© son attaque large, la bouche paraĂ®t s’enfuir peu Ă  peu dans un corps svelte, certes franc et jeune, mais court et sans trop d’ambition. Les tanins, anguleux, un boisĂ© fumĂ© persistant et une matière un rien assĂ©chante tĂ©moignent d’un Ă©levage remarquĂ©, Ă  dĂ©faut d’être remarquable…

 

Kirwan est annoncé…

C’est le début d’une dégustation étonnante, bien différente de la première…

 

 

2. La Tour Ă  Pomerol Pomerol 1994

DS AM16 – DS SOIR15,5 – PC15,5 – MS15,5 – PR15.

Note moyenne AM : 15,5 et SOIR : 15,5 – Prix : 38 €

  • La robe commence tout juste Ă  prende une coloration grenat, mais conserve une tonalitĂ© rougeoyante, dans un ensemble assez profond, bien brillant, Ă  l’intensitĂ© colorante bonne. La jeunesse persiste !
  • Nez frais, lactĂ©, mĂ»r, sur la cerise, le noyau, des notes terreuses : l’évolution est vraiment contenue.
  • Belle bouche, dominĂ©e par sa finesse et son veloutĂ©. Tanins mĂ»rs, aciditĂ© marquĂ©e (elle semble tendre le vin), suavitĂ©, Ă©lĂ©gance, quelques arĂ´mes de fumĂ© et une pointe animale constituent le profil de cette bouche, vraiment très agrĂ©able.

 

Le velouté et le fruit mûr font penser à un Pomerol (justement Latour), tandis que l’aspect fumé sème le doute, évoquant les caractéristiques d’un Pessac Léognan.

 

 

3. Beauséjour Bécot Saint-Emilion 1994

DS AM14 – DS SOIR14,5 – PC13,5 – MS15 – PR14,5.

Note moyenne AM : 14 et SOIR : 14,8 – Prix : 29 €

  • Robe plutĂ´t mate, assez sombre, elle aussi encore partagĂ©e entre le rouge soutenu et le grenat.
  • Le nez se refuse Ă  trop s’exprimer : peu intense, mais aussi pas très mĂ»r, il semble quelque peu poussiĂ©reux, marquĂ© par le menthol et, pour certains, l’aciditĂ© volatile. L’évolution est plus significative.
  • La bouche poursuit sur les mĂŞmes impressions, partagĂ©e entre sa mâche, sa concentration, son intensitĂ© et son manque de maturitĂ© (profil vĂ©gĂ©tal), son aspect poussiĂ©reux qui privent le vin de tout charme. La finale, un peu fumĂ©e et animale, ne relève pas l’harmonie de l’ensemble : un peu dure, elle garde le vin sur les gencives.

 

L’estimation sur la Rive Gauche (genre Cabernet pas très mûr), St Estèphe ou Pauillac, nous rappelle nos égarements de la première séance…

 

 

4. Haut Bailly Pessac-Léognan 1994

DS AM15 – DS SOIR15 – PC14,5/15 – MS15 – PR14 .

Note moyenne AM : 14,6 et SOIR : 15 – Prix : 32 €

  • Robe peu brillante, tendant plus nettement vers le grenat. Belle intensitĂ© colorante.
  • Nez frais, intense, d’un joli classicisme, marquĂ© par la terre, une pointe herbacĂ©e et une lĂ©gère sensation d’alcool.
  • La bouche est un peu plus dissociĂ©e : si l’attaque exprime une belle rondeur (sensation sucrĂ©e), une relative maturitĂ©, un Ă©quilibre juste, elle manque aussi de tension, de dĂ©licatesse de matière, les tanins n’étant pas encore suffisamment intĂ©grĂ©s. La finale a beau s’étirer convenablement, elle souffre lĂ  aussi de tanins manquant de finesse.

 

Le vin devrait ĂŞtre bu.

 

DĂ©gustĂ© le 6/02/07 : DS14,5 – PC15 – LG13,5 – MS14,5 – BLG14. Note moyenne 14,3.

Nez rappelant un peu celui du 1997, moins mûr donc, pour des notes de nuoc-mam, de sous-bois et d’herbes aromatiques, avec un fruit amoindri.

Bouche à boire sans attendre, plus étriquée et plus anguleuse.

 

 

5 Gazin Pomerol 1994

DS AM15,5/16 – DS SOIR16,5 – PC16 – MS16,5 – PR15,5.

Note moyenne AM : 15,8 et SOIR : 16,5 – Prix : 40 €

  • Robe moyennement brillante, d’un très beau grenat et d’une coloration soutenue.
  • Nez très mĂ»r, presque confiturĂ©, exprimant intensĂ©ment le jus de viande, de beaux parfums de tabac : frais, jeune, c’est indĂ©niablement un nez classe !
  • La signature de la bouche est sa maturité : avec des tanins fondus, enrobants, elle expose sa rondeur, sa gĂ©nĂ©rositĂ© et un profil quelque peu capiteux… Le tabac, la rĂ©sine s’imposent dans ce vin juteux qui, malgrĂ© un lĂ©ger creux en fin de bouche, se reprend avec Ă©lĂ©gance et harmonie pour persister de fort belle manière !

 

Cette maturité nous aiguille avec succés sur Pomerol…

 

 

6. Cheval Blanc Saint-Emilion 1994

DS AM12 – DS SOIR17,5 – PC12 – MS17,5 – PR12,5.

Note moyenne AM : 12,2 et SOIR : 17,5 – Prix : 126 €

L’après-midi :
  • Robe presque grenat, brillante, de belle intensitĂ© colorante.
  • L’élevage marque un nez peu grandiose, souffrant d’une certaine aciditĂ© volatile, mais aussi de notes herbacĂ©es, de fĂ»t, de cèdre et de menthol.
  • Impossible de s’enthousiasmer !
  • En bouche aussi, le bois a pris le dessus sur une matière en apparence mal valorisĂ©e : si la sucrositĂ© est assez nette, l’attaque particulièrement ronde, les tanins affirment ensuite de la duretĂ©, l’aciditĂ© volatile est confirmĂ©e, la dominante mentholĂ©e maladroite et la finale, chaude, conclue sur un vin manquant d’équilibre. Aucune classe !

 

C’est un vin qui nous semble s’être complètement effondré !

La découverte de la bouteille ne laisse pas insensible…

 

Le soir :
  • Un nez qui nous conduit immĂ©diatement sur la rive droite, avec ses accents de menthol, de rose, de fraise, ses Ă©pices. Il s’ouvre Ă  l’aĂ©ration et gagne en prĂ©cision. A noter toutefois une touche de caramel qui Ă©voque un lointain passage en barriques.
  • Bouche concentrĂ©e mais Ă©lĂ©gante, emprunte d’une superbe vitalitĂ©, et qui nous a procurĂ© beaucoup de plaisir de manière unanime. Une corbeille de fruits rouges, beaucoup de longueur, un potentiel qui nous saute aux yeux, impossible d’expliquer la diffĂ©rence entre les deux dĂ©gustations, si ce n’est qu’un vin sait ĂŞtre capricieux.

 

Cette bouteille marque un record d’amélioration entre les notations de l’après-midi et du soir (5,3 points !), toutes dégustations confondues !

Si les premiers dégustateurs ont rempli le crachoir, les seconds n’ont pas vraiment eu le même réflexe…

Les veinards !

 

 

7. L’Evangile Pomerol 1994

DS AM16+ – DS SOIR17,5 – PC15,5+ – MS17 – PR16+.

Note moyenne AM : 15,8+ et SOIR : 17,3 – Prix : 69 €

L’après-midi :
  • Robe relativement mâte, d’un rouge sombre relevĂ© de reflets grenats et d’une très belle intensitĂ© colorante. Voici encore une robe profonde, accrochĂ©e Ă  sa jeunesse !
  • Nez sur le pruneau, le vĂ©gĂ©tal, le menthol et l’anis. Style intense, frais malgrĂ© quelques notes alcooleuses. Timide, il semble ne pas vouloir se mettre Ă  nu instantanĂ©ment : il lui faut du temps…
  • En bouche aussi le vin Ă©volue peu Ă  peu : attaque marquĂ©e par l’alcool donnant gras et rondeur immĂ©diats, grosse matière au premier abord un peu bourrue, signĂ©e initialement par des arĂ´mes de menthol et d’eucalyptus exhubĂ©rants, dans un style qui manque d’épure. Puis, le vin semble s’affiner, exhibant alors son fond, son sĂ©rieux, sa densitĂ©, une belle maturitĂ©, dans un style frais et Ă©quilibrĂ© (les sensations alcooleuses disparaissent) oĂą plus rien n’accroche. La finale reste serrĂ©e, tendue, longue.

 

On sent indéniablement un potentiel remarquable dans ce vin qui laisse espérer une dégustation nocturne explosive…

 

Le soir :

Le soir on retrouve les mêmes sensations mis à part l’alcool, qui ne nous parait pas ressortir.

  • Le nez est serrĂ©, mais sĂ©rieux.
  • Quant Ă  la bouche, ronde et juteuse d’un cĂ´tĂ© mais aussi racĂ©e et tendue, offre un aperçu d’un assemblage cabernet/merlot savamment rĂ©alisĂ©. La longueur du fruit nous marque particulièrement.

 

 

8. Lafleur Pomerol 1994

DS AM(ED ?)* – DS SOIR15,5 – PC1(ED ?) – MS15 – PR1(ED ?).

Note moyenne AM : (ED ?) et SOIR : 15,3 – Prix : 155 €

L’après-midi :
  • Encore une belle robe, brillante, avec des traces rubis intenses et un grenat s’affirmant juste sur le disque ! Belle intensitĂ© colorante.
  • Le nez nous laisse perplexes, avec des impressions de paille moisie, de poussiĂ©re, de verdeur : c’est pas très net tout ça !
  • La bouche est complètement dissociĂ©e, avec une matière faible, dominĂ©e par l’aciditĂ© et des tanins particulièrements assĂ©chants : le vin reste collĂ© sur les muqueuses, avec en plus une terrible impression liĂ©geuse. Beurk !

Le bouchon semble coupable, mais toutefois de manière moins évidente que sur la bouteille de la première dégustation.

La découverte de la bouteille confirme un second Lafleur bouchonné d’affilée, ce qui, pour une caisse achetée en primeur, laisse penser aux dégâts causés par l’épisode Trichloroanisol.

En effet, le bouchon, sous ses aspects parfaitement juvénil, ne présentent pas le moindre signe physique de faiblesse…

Bref, re-snif !

 

Le soir :
  • Nez marquĂ© de poivron, assez monolithique, serrĂ©.
  • Bouche austère, presque herbacĂ©e. Aucun plaisir pour le moment, et pourtant on croit ce soir lĂ  qu’il pourrait peut-ĂŞtre s’amĂ©liorer car la matière est consĂ©quente.

 

Après la résurrection de Cheval Blanc, la séance du soir révèle une seconde surprise de taille : la bouteille n’a pas du tout le défaut suspecté (pourtant avec évidence) !

Ceci dit, ce vin n’est pas complètement mûr…et ce n’est pas un grand Lafleur…

 

 

9. Latour Pauillac 1994

DS AM15,5 – DS SOIR16 – PC14/14,5 – MS16 – PR14.

Note moyenne AM : 14,6 et SOIR : 16 – Prix : 163 €

L’après-midi :
  • Quelle robe, brillante, au grenat profond, Ă  la très belle intensitĂ© colorante ! On y plongerait !
  • Superbe nez, quelque peu lactique, avec le cèdre des grands MĂ©docs, le tabac, les Ă©pices : sa grande fraĂ®cheur, sa race, son Ă©lĂ©gance sont envoĂ»tants !
  • A contrario, la bouche est une petite dĂ©ception : si la matière est fort belle, serrĂ©e, bien marquĂ©e par de beaux arĂ´mes de tabac et de cèdre, elle semble ne pas avoir digĂ©rĂ©, Ă  ce stade, un boisĂ© dominateur, des tanins un peu durs, se raidissant peu Ă  peu et apportant une touche d’amertume disgrâcieuse. La finale, bien que longue et persistante, confirme ces impressions.

 

Cette austérité nous aiguille sur Pauillac.

En découvrant la bouteille, on espère tous pouvoir parier sur un bénéfice d’une garde supplémentaire, sans en être complètement persuadés…

A noter la qualité exceptionnelle du bouchon, dans un état parfaitement neuf !

 

Le soir :

Le soir le vin est perçu comme un « grand » encore fermé, sur la réserve. La race est bien présente mais le vin fait jeune, monolithique et encore marqué de son élevage.

 

 

10. Palmer Margaux 1994

DS AM16,5/17 – DS SOIR14,5 – PC17 – MS14 – PR16,5.

Note moyenne AM : 16,8 et SOIR : 14,3 – Prix : 63 €

  • Robe brillante, assez sombre, plus marquĂ©e par les notes grenat, mais toujours relevĂ©e d’impressions rougeâtres !
  • Sublime nez au fruit mĂ»r jaillissant, frais, parfaitement expressif, relevĂ© d’épices et d’un lĂ©ger fumé ! D’apparente simplicitĂ©, c’est en fait un nez racĂ©, d’une grande finesse, absolument pas parasitĂ© par le bois.
  • La bouche est au diapason : fraĂ®che, Ă©quilibrĂ©e, très agrĂ©able, elle s’articule sur ce fruit Ă©clatant, les notes fumĂ©es, presque tourbĂ©es, le menthol. Rien d’exubĂ©rant ni de spectaculaire : pas de gras, mais de la finesse (tanins imperceptibles) et une vraie franchise qui perdurent jusque dans une finale distinguĂ©e, d’une jolie longueur.
Bravo !

 

Cette subtilité nous avait fait penser, à tort, à un Pomerol (Pétrus était sur le bord des lèvres) : on avait oublié l’élégance, la finesse et le profil féminin que peuvent avoir certains Margaux.

Par contre, le vin s’écroule un peu le soir, nous indiquant son manque de résistance à l’aération.

Mais quel régal à l’ouverture !

 

 

11. Pichon Baron Pauillac 1994

DS AM15,5 – DS SOIR14,5 – PC16/16,5 – MS14,5 – PR15.

Note moyenne AM : 15,6 et SOIR : 14,5 – Prix : 37 €

  • Encore une robe qui ne trahit pas la superbe des prĂ©cĂ©dentes : bien qu’un peu mate, elle expose toujours une couleur bien rouge dans un ensemble oĂą le grenat commence Ă  peine Ă  trahir des notes d’évolution. Très belle intensitĂ© colorante.
  • Nez puissant, intense, oĂą se mĂŞlent en premier lieu la paille sĂ©chĂ©e, le camphre, la rĂ©glisse, puis des notes d’alcool, enfin des fruits cuits. RacĂ©, ce nez a un très beau fond, Ă  dĂ©faut d’être gourmand.
  • Bouche marquĂ©e d’abord par son alcool, sa maturitĂ©, sa rondeur (Ă©voquant le Merlot de la Rive Droite), puis affirmant davantage de fraĂ®cheur (menthol), un texture assez fine, de la densitĂ©, de la profondeur. Pas mal du tout ! La finale propose une belle allonge : le vin reste longtemps…

 

Encore une bouteille où le Millésime a été particulièrement bien géré : jolie réussite.

La découverte d’un Pauillac contrarie radicalement nos pronostics, un peu comme lors de la première séance…

Mais comme l’erreur est plus rare cette fois-ci, on s’en remettra vite !

 

 

12. Lafite – Rothschild Pauillac 1994

DS AM17,5 – DS SOIR17 – PC17,5 – MS17 – PR17,5.

Note moyenne AM : 17,5 et SOIR : 17 – Prix : 172 €

  • Quelle robe foncĂ©e ! En plus brillante, « pleine » de rouge, elle affiche une jeunesse insolente !
  • Nez classe, distingué : le cèdre, le camphre, les bois nobles, le graphite s’expriment encore de façon quelque peu retenue, fermĂ©e, mais avec quand mĂŞme une indĂ©niable complexitĂ©.
  • Sans aucun doute, la bouche a tout d’une grande ! Ou plutĂ´t d’un grand vin : alcool imperceptible, tanins d’une finesse sublime (ce sont les plus fins de la sĂ©rie !), fruit incisif, d’une jeunesse intacte, profondeur, densitĂ©, tension, très grosse matière… Et surtout quelle finale, au retour infini, très typĂ© par le graphite.
  • J’adore… Et glou et glou et glou…

 

Certains sont sûrs de leur fait : c’est Lafite !

 

 

13. Pétrus Pomerol 1994

DS AM16,5/17 – DS SOIR17,5 – PC16,5/17 – MS17 – PR15,5.

Note moyenne AM : 16,3 et SOIR : 17,3 – Prix : 680 €

  • DĂ©cidĂ©ment, les robes sont toutes au top : brillante, hyper foncĂ©e, celle-ci affiche encore une fois une rougeur intacte, Ă  peine marquĂ©e de reflets grenats… On ne s’en lasse pas !
  • Nez baroque, intense, assez alcooleux, oĂą s’expriment des notes de pruneaux, dans un style surmĂ»r, presque comme un Vendanges Tardives ! Quelque peu atypique tout de mĂŞme !
  • Bouche qui exprime elle aussi cette Ă©norme maturitĂ©, quasi explosive, dans un style pulpeux, ample, riche, mais qui a su conserver une superbe fraĂ®cheur, une vraie complexitĂ©, de la profondeur… Aucune brutalitĂ© dans ce vin de caractère affirmĂ©, majestueux et qui confirme son Ă©clat dans une finale Ă©picĂ©e, d’une longueur Ă©tonnante : le vin reste et revient gĂ©nĂ©reusement !

 

Ce ne peut être qu’un grand Pomerol et la découverte Petrus réjouit les connaisseurs.

Pour ce vin aussi, la qualité du bouchon est à souligner : il est presque intact !

 

 

14. La Conseillante Pomerol 1994

DS AM13 – DS SOIR16,5 – PC13 – MS16,5 – PR12,5.

Note moyenne AM : 12,8 et SOIR : 16,5 – Prix : 79 €

L’après-midi :
  • Si cette robe ne montre toujours pas de signe d’une Ă©volution sensible, elle marque danvantage le grenat. Très brillante, elle est par contre d’une intensitĂ© colorante plus mesurĂ©e.
  • Nez plutĂ´t vĂ©gĂ©tal, herbacĂ©, sur les fleurs fanĂ©es, le bois et l’alcool : assez expressif, mais manquant de fond et un peu marquĂ© par l’élevage.
  • Bouche dissociĂ©e, d’abord marquĂ©e par une sucrositĂ© nette, un gras prononcĂ©, mais en mĂŞme temps par une aciditĂ© exagĂ©rĂ©e, une matière fluette, en plus cachĂ©e par le bois. La finale semble Ă©triquĂ©e, caramĂ©lisĂ©e, avec des tanins collĂ©s aux gencives.

 

Le soir :

  • La Conseillante offre un nez sur la rĂ©glisse et les roses fanĂ©es, un joli fruit type mĂ»re… un nez assez complexe et tout en finesse.
  • La bouche nous apparaĂ®t harmonieuse, c’est Ă  n’y rien comprendre. Un beau jus associĂ© Ă  un fruit croquant, frais et intense.

 

Décidément, c’est la journée des révélations !

A condition bien entendu d’être parmi les bienheureux notcambules : je crois que je vais arrêter de préférer la lumière du jour pour les photos !

Tant pis si toutes les robes seront noires comme à Cahors !

 

 

15. Lynch Bages Pauillac 1994– Prix : 50 €

Vin bouchonnée pour la deuxième fois !

Et même le soir, na (ça suffit les miracles ) !

Encore une caisse achetée en primeur, conservée dans d’excellentes conditions et qui laisse suspecter les méfaits ravageurs des Trichloroanisols…

 

 

16. Trotanoy Pomerol 1994

DS AM15- DS SOIR15,5 – PC15/15,5 – MS15,5 – PR14.

Note moyenne AM : 14,8 et SOIR : 15,5 – Prix : 98 €

  • On va finir par se rĂ©pĂ©ter, mais voici encore une robe au rouge saisissant, avec quelques reflets grenats, d’une très belle intensitĂ© colorante. Juste un peu terne.
  • Nez animal, organique, très mĂ»r Ă©galement, sur l’orange, l’alcool et le fumé : intense mais moyennement typĂ©.
  • En bouche, les sucres et les tanins se distinguent particulièrement : Ă  la rondeur des premiers succède la sĂ©cheresse des seconds. MalgrĂ© ça, le vin est bien prĂ©sent, avec une certaine densitĂ©, de la mâche, une signature animale certaine, mais aussi des amers exprimĂ©s en retour dans une finale modĂ©rĂ©ment harmonieuse.

 

Pomerol et Pessac Léognan (encore le côté fumé perturbateur) sont les plus souvent cités.

 

 

17. Pontet Canet Pauillac 1994

DS AM15,5+ – DS SOIR16,5 – PC(15) – MS16,5 – PR14,5.

Note moyenne AM : 15 et SOIR : 16,5 – Prix : 40 €

  • Les robes se suivent et se ressemblent : assez brillante, très rouge, très sombre, très jeune, très belle !
  • Nez mĂ©docain, Ă  la fois mĂ»r (fruits rouges frais), mais aussi serrĂ©, assez strict (cendre, suie) : c’est plaisant et classique.
  • La bouche n’est pas Ă  son aise, car enserrĂ©e dans des tanins plutĂ´t secs, stricts, assĂ©chants, la première gorgĂ©e Ă©tant presque rebutante ! Ceci dit, le corps est assez dense, la matière sĂ©rieuse, et l’ensemble s’ouvre au fur et Ă  mesure de l’aĂ©ration. Mais quelle austĂ©ritĂ© Ă  ce stade !

 

Le style médocain est confirmé par tous et on évoque Montrose…

Toujours est il qu’on prédit une amélioration certaine pour le soir (heu, je peux rester ?).

Ce qui finira par se confirmer…

Vincent confirme : une bouteille bue récemment après un long carafage fut carrément magnifique !

 

 

18. Léoville Poyferre Saint-Julien 1994

DS AM15,5/16 – DS SOIR14 – PC16 – MS14 – PR15.

Note moyenne AM : 15,6 et SOIR : 14 – Prix : 31 €

  • Robe brillante, au grenat plus prĂ©sent, quoique toujours mesurĂ©, et Ă  l’intensitĂ© colorante particulièrement soutenue.
  • Nez relativement vĂ©gĂ©tal, herbacĂ©, mais soulignĂ© d’un superbe parfum de fraise et une pointe de fumĂ©. On est loin de la surmaturitĂ©, dans un style assez austère, sans exubĂ©rance, mais avec de la finesse et de la race. MĂ©docaine, sans aucun doute.
  • Bouche soulignĂ©e d’une très belle finesse aromatique, avec cette fraise particulièrement Ă©lĂ©gante, ce fumĂ©, les fleurs fanĂ©es. Le corps est tendu, tenu par des tanins racĂ©s, d’abords prĂ©sents, lĂ©gèrement durs, mais qui finissent par s’intĂ©grer. La finale est persistante, toujours signĂ©e de cette belle finesse.

 

Les paris vont sur St Julien, plutĂ´t Ducru Beaucaillou.

Presque !

 

 

19. Mission Haut Brion Pessac-Léognan 1994

DS AM15 – DS SOIR17,5 – PC15 – MS18 – PR14,5.

Note moyenne AM : 14,8 et SOIR : 17,8 – Prix : 68 €

L’après-midi :
  • Robe brillante, bien foncĂ©e, grenat avec toujours un fond rougeoyant.
  • Nez toujours bien fruitĂ©, avec aussi des parfums de tabac, de fumĂ© et une pointe de vĂ©gĂ©tal. Intense et puissant.
  • Bouche assez virile, ne faisant pas vraiment dans la dentelle, avec une certaine rugositĂ©. Les tanins sont encore prĂ©sents, une pointe de sucre Ă©galement, ainsi qu’une signature fumĂ©e qui nous oriente vers Pessac LĂ©ognan. La matière est d’une densitĂ© Ă©vidente, avec un potentiel certain, mais l’ensemble est un peu dur Ă  digĂ©rer en l’état, car trop fougueux. La finale souligne davantage la puissance du vin, avec des notes d’alcool, d’épices et une persistance impressionnante.

 

Beaucoup parient sur La Mission Haut Brion, tout en suggérant encore de la patience pour attendre ce vin, ou tout du moins un carafage conséquent.

Et encore un moment magique pour les couches-tards !

 

Le soir :
  • FumĂ©e, suie, le registre aromatique de l’après-midi est confirmĂ© le soir. On y ressent une force et une race, singulières.
  • Bouche dans le mĂŞme registre que le nez (goudron, suie), explosive en concentration, et très longue. Les tanins nous paraissent particulièrement fins, bien que nettement perceptibles, ce que l’on placera sur le dos de la jeunesse.

 

 

20. Montrose Saint-Estèphe 1994

DS AM14,5 – DS SOIR14,5 – PC15 – MS14 – PR14,5.

Note moyenne AM : 14,7 et SOIR : 14,3 – Prix : 45 €

  • Robe brillante, grenat, particulièrement foncĂ©e.
  • Nez très puissant et intense, avec des notes de fruits rouges, de confiture, d’animal.
  • Bouche encore un peu austère, trahissant un lĂ©ger dĂ©ficit de maturitĂ©, mais avec une relative dĂ©licatesse aromatique. Ce sont surtout les tanins qui finissent par nuire Ă  la rondeur de la matière, assĂ©chant lĂ©gèrement la fin de bouche. La finale, justement, conserve ce profil un peu strict, contrariĂ© par quelques tanins trop anguleux.

 

La Rive Gauche ne fait de doute pour personne.

 

 

21. La Fleur Petrus Pomerol 1994

DS AM15 – DS SOIR14 – PC15,5 – MS14 – PR15.

Note moyenne AM : 15,2 et SOIR : 14 – Prix : 48 €

  • Robe moyennement brillante, oĂą le grenat et le rouge sombre tentent de se faire une place de choix, dans une intensitĂ© colorante bien soutenue.
  • Nez d’abord herbacĂ©, anisĂ© (un peu vers Cahors), puis relevĂ© par la fraise, la fraĂ®cheur du menthol. Intense, mais surtout mĂ»r et chaleureux, ce nez, bien agrĂ©able, nous oriente dĂ©jĂ  vers Pomerol.
  • La bouche est d’une aimable rondeur, portĂ©e par un fruit presque gourmand, la rĂ©glisse, des tanins intĂ©grĂ©s qui participent Ă  la douceur de la texture. L’ensemble est souple, avec une relative densitĂ©, un joli volume. La finale prolonge cette Ă©lĂ©gance.

 

Pomerol est confirmé, sans hésitations…

 

 

22. Troplong Mondot Saint-Emilion 1994

DS AM14/13,5 – DS SOIR12,5 – PC14 – MS12,5 – PR13,5.

Note moyenne AM : 13,8 et SOIR : 12,5 – Prix : 36 €

  • Robe très brillante, d’une grande jeunesse : le grenat est Ă  peine perceptible et c’est encore le rouge bien sombre qui prĂ©domine.
  • Au nez, la maturitĂ© est flagrante et exprime les fruits, le menthol, dans un style gourmand. Le Merlot doit dominer, et la Rive Droite aussi…
  • La bouche est moins mĂ»re, et mĂŞme si l’attaque semble d’une certaine rondeur, elle est vite contrariĂ©e par des tanins plus rugueux, manquant de finesse, presque agressifs. Le menthol, particulièrement puissant, ajoute un supplĂ©ment de « violence », ressentie en particulier dans la finale. Et mĂŞme si le vin n’est pas dĂ©nuĂ© d’un fond certain, d’une bonne densitĂ©, la matière n’arrive pas Ă  s’exprimer avec harmonie.

 

 

23. Ducru Beaucaillou Saint-Julien 1994

DS AM16 – DS SOIR15 – PC16 – MS15 – PR16.

Note moyenne AM : 16 et SOIR : 15 – Prix : 52 €

  • Robe très brillante, presque grenat, encore une fois bien sombre.
  • Le nez est fruitĂ©, un peu anisĂ©, avec aussi des parfums de camphre, de fumĂ©, une pointe hĂ©rbacĂ©e Ă©voquant le Cabernet pas très mĂ»r. On part de suite Rive Gauche.
  • La bouche augmente encore le plaisir : attaque assez ronde (quelques sucres), corps juteux, avec des fruits mĂ»rs qui ressortent davantage qu’au nez, une belle aciditĂ©, des tanins certes prĂ©sents mais racĂ©s, qui ne gâchent rien, mĂŞme s’ils confèrent Ă  l’ensemble un style un peu strict. La finale est bien serrĂ©e, fraĂ®che, apporte une grande allonge pour une salive qui revient avec insistance.

 

Ducru, sans hésitations.

 

 

24. La Tour Haut Brion Pessac-Léognan 1994

DS AM14,5 – DS SOIR14 – PC14,5 – MS14 – PR14.

Note moyenne AM : 14,4 et SOIR : 14 – Prix : 30 €

  • Robe très brillante, davantage marquĂ©e par le grenat (dĂ©but d’évolution) et une bonne intensitĂ© colorante.
  • Nez particulièrement mĂ»r, presque confit, avec aussi des notes alcooleuses, animales et de fumĂ©. DĂ©jĂ  Ă©voluĂ©, ce nez nous oriente vers Pomerol.
  • La bouche ne prĂ©sente pas beaucoup de matière, de densitĂ© et de race : elle est tenue par ses arĂ´mes, un bois un peu prĂ©sent et surtout des notes de fumĂ© rĂ©currentes, jusqu’en finale, qui nous font alors basculer sur Pessac LĂ©ognan. Un certaine rondeur et amabilitĂ© caractĂ©risent l’ensemble.

 

 

25. Beauregard Pomerol 1994

DS AM12,5 – DS SOIR12 – PC13 – MS12 – PR13.

Note moyenne AM : 12,8 et SOIR : 12 – Prix : 32 €

  • Robe grenat plus nette, assez mate, d’intensitĂ© colorante bonne : c’est indĂ©niablement Ă©voluĂ©. Premières traces de particules noirâtres (alors que la première dĂ©gustation les collectionnait !).
  • Nez très organique, boisĂ©, plutĂ´t « arrondi », assez simple et peu racĂ©.
  • Bouche Ă  la rondeur presque fadasse (sucrositĂ© marquĂ©e), soulignĂ©e par un Ă©levage au style « commercial » : notes boisĂ©es, grillĂ©es, chocolatĂ©es, chauffĂ©es. Un fruitĂ© correct et une fraĂ®cheur mentholĂ©e tentent de relever le vin, mais celui-ci, atypique dans cette sĂ©rie, sans classe, finit de manière quelconque, dans une finale vite Ă©courtĂ©e…

 

 

Conclusion

 

Quelle seconde partie de dégustation !

 

Souvenez vous de la première : ensemble de qualité mais qui « pétait » rarement, véritable fiasco en ce qui concerne l’identification des Rives, amélioration des notes plutôt modérée entre l’après-midi et la soirée, robes assez évoluées.

Pour la seconde dégustation : c’est radicalement l’inverse !

A croire qu’on ne goûtait pas le même Millésime !

A un point tel que nous avons vécu là un moment particulier de dégustation au club, défiant les références, bousculant nos préjugés, mais surtout bluffant de qualité : cette seconde séance de dégustation a atteint un tel niveau que certains ont connu une sorte d’état de grâce, d’euphorie !

Et dire que Didier Sanchez a failli ne pas monter cette dégustation, crainte du Millésime oblige…

Le pire, c’est que personne n’y comprend quelque chose !!!!

 

Question statistique, il est étonnant de constater l’amélioration généralisée de la qualité perçue des vins après l’aération : une telle proportion (seulement 6 vins sur 25 n’ont pas apprécié l’opération !) est une chose rare dans nos dégustations.

Certains écarts étaient en plus hors normes : Cheval Blanc qui pulvérise les records de progression, La Mission Haut Brion, L’Evangile et La Conseillante faisant presque aussi bien, sans parler de Lafleur qui ressucite d’un défaut de bouchon qui l’aurait destiné, en d’autres circonstances, à un vidage dans l’évier en bonne et dûe forme…

Sans oublier qu’aucun vin ne s’est « cassé la figure ».

Une vraie cour des miracles !

 

Pour rentrer un peu dans les détails, signalons l’excellente tenue des ténors , car hormis Latour et Lafleur, tous les autres trustent les meilleures notes.

Ce qui est quand même rassurant pour la Place bordelaise…

Les bons rapports qualité prix de cette série semblent revenir conjointement à Pontet Canet et Gazin.

A signaler surtout la meilleure note de la dégustation pour la Mission Haut Brion, presque à 18/20, lequel, avec un tarif de 68 Euros, ne craint pas vraiment la concurrence dans cette séance…

A noter également qu’au niveau des Appellations, c’est Pomerol qui signe la plus grande homogénéité de cette dégustation.

 

Quant aux vins, nous n’avons eu de cesse d’apprécier de superbes robes, à peine marquées par l’évolution, souvent évidentes de jeunesse.

Les définitions étaient presque parfaitement fidèles aux caractéristiques des 2 Rives, voire des appellations, ce qui fut une vraie leçon : maturité, rondeur, fruit pour les Merlots, une certaine austérité, de la rigueur, le cèdre, le tabac, quelques notes herbacées pour les Cabernets Sauvignons, le fumé caractéristique des Pessac Léognan…

Un genre « Chant du Cygne » des 94 ?