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Horizontale Bordeaux 1993.

Le millésime 93, souvent décrié à Bordeaux, est réputé être à maturité aujourd’hui. Cette dégustation était l’occasion pour nous de le verifier.

Repas dégustation chez Didier Sanchez

Horizontale du millésime 1993 à Bordeaux

Mardi 21 novembre 2006

Dégustation préparée par Didier Sanchez et commentée par Laurent Gibet.

  • Quelques commentaires de contexte :

  • Nombre de dégustateurs : 9.

  • Les vins sont dégustés à l’aveugle.

  • DS : Didier Sanchez – PC : Pierre Citerne – LG : Laurent Gibet – MS : Miguel Sennoun, CD : Christian Declume, BLG : Bertrand Le Guern.

  • Ordre de dégustation :

01. Poujeaux 1993 :

DS14 – PC14 – LG13 – MS14 – CD14 – BLG13.

Note moyenne : 13,7.

  • Robe claire, pas mal de dépôt.

  • Nez animal, floral, épicé (genièvre), tabac. Pointe herbacée.

  • Bouche un peu creuse et sèche ; finale en perte de vitesse. Manque de maturité et acidité en avant. Peu de longueur.

02. Haut-Bailly 1993 :

DS16,5 – PC16 – LG16 – MS16 – CD16 – BLG16.

Note moyenne : 16.

  • Robe assez foncée.

  • Nez proposant des notes de poivron noble, d’épices, de terre, de tabac, de graphite, de cèdre, de cassis, de goudron. Tout l’attirail aromatique du Médoc. Complexité réjouissante.

  • Bouche cohérente, fraîche, complexe, digeste. Goûts complémentaires plutôt raffinées de viande rôtie et d’herbes aromatiques. Une réussite mais un brin dure et un petit déficit en matière pour passer dans la catégorie supérieure.

  • Sacré homogénéité des notes, au passage.

03. Rausan-Ségla 1993 :

DS12,5 – PC13 – LG12 – MS13 – CD13 – BLG12.

Note moyenne : 12,6.

  • Robe assez tendre, évoluée ;

  • Nez corsé : champignon, tabac, graphite, caramel, pruneau, avec un soupçon d’eucalyptus.

  • Bouche demi-corps, fluide, un peu amère, exempte de race. Banale, végétale, guettée par la maigreur et précocement évoluée.

04Gazin 1993 :

DS16 – PC16,5 – LG16,5 – MS16 – CD16 – BLG16 .

Note moyenne : 16,2.

  • Robe légèrement évoluée, moyennement intense, brillante.

  • Nez sophistiqué : cassis, frais, bouillon de pot-au-feu, distinction florale, pain d’épices, cumin, poivre.

  • Bouche riche, assez chaleureuse, possédant la vitalité conférée par le cabernet et la rondeur suave du merlot. Bel ensemble gustatif, oriental, parfaitement tenu.

05. Ducru-Beaucaillou 1993 :

DS15,5 – PC15,5 – LG15,5 – MS15,5 – CD17 – BLG15.

Note moyenne : 15,7.

  • Robe légèrement évoluée, moyennement intense, brillante.

  • Nez simple, au végétal bien marqué : floralité et cassis très prononcé.

  • Bouche correcte, pour des flaveurs de cèdre, d’épices, de cuir voire de truffe. Elle a une longueur satisfaisante mais manque de fond pour vraiment impressionner. Un poil de sécheresse en finale sera compensée par un accord adapté à table (entrecôte grillée).

06. Le Tertre-Roteboeuf 1993 :

DS13,5 – PC16 – LG14 – MS16 – CD16 – BLG14.

Note moyenne : 14,9.

  • Robe un peu évoluée, brillante, de bonne intensité. Du dépôt.

  • Nez à la volatile prononcée, insolite : épices, terre, balsamique pour certains, un peu blet selon moi (fruit très/trop mûr ?).

  • Bouche farouche (pour ne pas dire agressive), qui propose un rodéo gustatif qui ne plaît pas à tous. Goûts de havane, de truffe, de poivre … et même de fer pour certains. Acidité soulignée et finale un peu sèche (on peut penser à Bandol). Le vin, alcooleux, peut sembler fatigué

  • Ce vin étrange partage particulièrement les dégustateurs.

07. L’Eglise-Clinet 1993 :

DS17 – PC17 – LG16 – MS17 – CD16,5 – BLG17.

Note moyenne : 16,8.

  • Belle parure jeune, intense, brillante.

  • Nez bouqueté : épices, cuir, bouillon Knorr, champignons.

  • Bouche aux tannins soyeux, relative opulence, caractère atypique sudiste (plus solaire).

  • Rappelle un peu Gazin, en plus lascif.

08. Château Latour 1993 :

DS16,5 – PC16 – LG15 – MS16 – CD16 – BLG16.

Note moyenne : 15,9.

  • Belle parure jeune, intense, brillante.

  • Nez corsé, très minéral. Le fruit frais est associé à des odeurs racées d’encens et de cèdre.

  • Bouche dense, austère, relativement intransigeante, qu’il faut aller chercher. L’expression n’est pas encore vraiment là pour ce vin de garde qui dans cette série peut paraître un peu anonyme (mais qui cache bien ses apprêts).

09. Mouton-Rothschild 1993 :

DS13,5 – PC13,5 – LG13,5 – MS13,5 – CD13 – BLG15.

Note moyenne : 13,7.

  • Robe très jeune, intensité colorée importante.

  • Nez plutôt ingrat, simple, dominé par le bois (café grillé).

  • Bouche jeune mais sans subtilité et surtout sans race, monocorde, boisée.

10. Cos d’Estournel 1993 :

DS15,5 – PC16 – LG15,5 – MS16 – CD15 – BLG15.

Note moyenne : 15,5.

  • Robe jeune, intense.

  • Nez peu expressif, réglissé, marqué par le cabernet. Pas trop noble et encore boisé (café).

  • Bouche dotée d’une belle sève durable, compacte mais fine et équilibré, capable de vieillir harmonieusement. De la fougue, de la promesse, de la mâche et de la richesse aussi.

11. Pichon Baron 1993 :

DS15,5 – PC15,5 – LG16 – MS15,5 – CD15,5 – BLG16.

Note moyenne : 15,7.

  • Bouquet fin : fleurs, épices, viande rôtie.

  • Bouche minérale, sanguine, serrée, juvénile. Amertume de classe pour un beau prolongement fruité, ouvert. Le registre est plus facile d’accès même si le vin reste convenablement strict.

12. Lafite-Rothschild 1993 :

DS16,5/17 – PC16,5 – LG15 – MS16,5 – CD16 – BLG17.

Note moyenne : 16,3.

  • Robe évoluée, brillante, nette.

  • Nez délivrant un beau cassis, des épices subtiles, du graphite. Discret mais noble, très réservé (trompeur). J’y décèle un léger manque de maturité des baies.

  • Bouche sans aucun tapage mais cohérente, délicate. La qualité tannique est là : tannins soyeux, très fins (les plus fins de la série peut-être). La matière n’est pas considérable mais elle est de grande qualité.

13. Lynch-Bages 1993 :

DS15,5 – PC15,5/16 – LG14 – MS16 – CD15,5 – BLG16.

Note moyenne : 15,5.

  • Nez sur la viande rôtie, la réglisse.

  • Bouche offrant pour le coup des tannins infiniment moins nobles. L’acidité est un peu en avant pour une finale amère.

14. Pontet-Canet 1993 :

DS12 – PC13 – LG12,5 – MS13,5 – CD13 – BLG12.

Note moyenne : 12,7.

  • Robe jeune, violacée, brillante.

  • Nez proposant un cassis puissant, des senteurs végétales, de la résine. Boisé important.

  • Bouche possédant une mâche conséquente, jeune, réglissée. Astringence et acidité curieuse. Un vin qui semble surextrait, un peu sec (on peut penser à un Rioja).

  • J’avais bien mieux goûté ce vin il y a quelques années (noté 16/20).

15. Pichon Comtesse de Lalande 1993 :

DS13 – PC13 – LG13 – MS14 – CD13 – BLG13.

Note moyenne : 13,2.

  • Robe intense et jeune.

  • Nez proche du précédent, boisé (biscotte), rentre-dedans, sur le cassis, le végétal, le piment.

  • Bouche corrompue par de la sécheresse, piquante, peu plaisante. Quel manque d’harmonie !

16. Léoville-Barton 1993 :

DS12 – PC12,5 – LG12 – MS12,5 – CD12,5 – BLG12.

Note moyenne : 12,3.

  • Robe intense, pas évoluée.

  • Nez curieux : vernis, cuir, confiture de fruits rouges et noirs.

  • Bouche sans cohérence, plate et acide.

17. Vieux-Château-Certan 1993 :

DS16,5 – PC16 – LG16 – MS15,5 – CD15,5 – BLG14.

Note moyenne : 15,6.

  • Nez net, agréable : champignon, cassis, cerise, cacao.

  • La bouche est fraîche, dense mais fine. Longue finale très réglissée pour un jus pulpeux superbement posé, résultat d’un vinification qui paraît très respectueuse de la récolte.

18. Montrose 1993 :

DS13,5 – PC13,5 – LG13,5 – MS14 – CD13 – BLG13.

Note moyenne : 13,4.

  • Robe intense, peu évoluée.

  • Notes de café et de poivron, sans classe particulière.

  • Bouche marquée par une forte acidité (groseille), plutôt abrupte (mais elle n’est pas pénalisée par trop de bois, comme dans le cas de Pichon-Comtesse.

19. Château Palmer 1993 :

DS13 – PC12 – LG12 – MS14 – CD14 – BLG15.

Note moyenne : 13,3.

  • Robe dense, peu évoluée.

  • Nez curieux : camphre, liqueur de cassis, forêt noire (on se croirait en Australie, presque).

  • Bouche concentrée (sans la suavité de pulpe trouvée dans VCC), acide. Un paradoxe qui rend le vin vraiment peu plaisant.

20. Château Margaux 1993 :

DS15 – PC14,5 – LG14,5 – MS14 – CD14,5 – BLG17.

Note moyenne : 14,9.

  • Robe impressionnante, presque noire.

  • Nez boisé, minéral, renfrogné en l’état, dans un registre opaque, avec une pointe de menthol.

  • Bouche mastoc, vertébrée par une acidité importante. L’élevage semble résulter d’une conduite ambitieuse et/mais il reste un peu de brutalité dans cette silhouette pourtant margalaise. On peut ainsi lui reprocher d’être trop extraite, anguleuse et de manquer de charme (à suivre, si l’on en juge la note de BLG).

21. Gruaud-Larose 1993 :

DS16,5 – PC17 – LG17 – MS17 – CD16,5 – BLG16.

Note moyenne : 16,7.

  • Robe noire.

  • Nez très mûr, un peu lacté, sanguin, de grand caractère (on a pensé à Lafleur) : viande rôtie, épices, fumée, encre, réglisse, menthe.

  • Bouche concentrée et fraîche, qui ne s’en laisse pas compter, construite pour durer. Belle unanimité de jugement pour un vin pour le coup très différent de Latour ou Lafite (et même Margaux).

22. Léoville-Las-Cases 1993 :

DS16,5 – PC16,5 – LG16,5 – MS17 – CD16,5 – BLG17.

Note moyenne : 16,7.

  • Robe intense.

  • Panel aromatique de qualité : épices, cacao, fumée, brique chaude (certains partent vers Pessac). Encore un peu de sensation boisée.

  • Bouche toute en plénitude, corsetée mais avec de la rondeur. Il reste un peu de verdeur (le millésime ?) mais l’équilibre est satisfaisant (belle acidité sans excès et sans défaillance) et la finesse tannique au rendez-vous.

23. Sociando-Malet 1993 :

DS15,5 – PC15 – LG14 – MS15 – CD15 – BLG15.

Note moyenne : 14,9.

  • Robe peu marquée par l’âge.

  • Nez boisé, particulièrement toasté (ne laissant place à pas grand-chose d’autre).

  • Bouche sévère, peu harmonieuse, contractée. Grosse matière pour des tannins malheureusement de moindre qualité (raides).

24. Smith-Haut-Lafitte 1993 :

DS14,5 – PC14,5 – LG15 – MS16 – CD16 – BLG16.

Note moyenne : 15,3.

  • Le registre olfactif est rafraîchissant : fleurs, cassis, réglisse. Caractère empyreumatique marqué.

  • Bouche dense, austère. Goûts cacaotés légèrement sucrés. On discute sur le raffinement et la netteté de cette dernière cuvée, qui ne passe en tout cas pas inaperçue.

Dégustation du mardi 5 décembre :

25. Trotanoy 1993 :

DS17 – LG17 – MS17 – BLG16.

Note moyenne : 16,8

  • Robe brunie, jolie, dotée d’une belle brillance.

  • Le bouquet bordelais est magnifique : poivron, réglisse, sous-bois, graphite, tabac, viande rôtie, épices subtiles, fumée légère (on peut penser à Pessac).

  • Bouche goûteuse, très fine, sensuelle, en pleine phase d’apogée. Puissance moyenne, douceur, grande longueur.

26. Ausone 1993 :

DS15,5 – LG14,5 – MS15 – BLG14.

Note moyenne : 14,8

  • Belle robe un peu évoluée, intense, plus jeune que celle de Trotanoy.

  • Bel arsenal aromatique : arabica, cuir, épices, cassis.

  • Bouche assez virile, plus retorse que celle de Trotanoy, avec plus de notes végétales et plus d’acidité. La finale est fraîche mais semble un peu patraque (fuyante et désunie)

Conclusion :

  • Comme dans le cas des 1997, il n’a pas été facile de converger (pour 1993, et contrairement aux idées reçues, les vins ne sont pas si mauvais que cela !).

  • Le millésime est frais, les vins de la rive gauche s’avérant souvent moins dotés, plus maigres que leurs voisins de la rive droite.

  • Côté rive droite, belle réussite annoncée des vins de Pomerol (les merlots ont mieux mûris que les cabernets).

  • Beaucoup d’expressions sont corsées, avec de la fraîcheur, parfois une certaine raideur. Elles semblent dans certains cas plus vieilles que leur âge (20 ans, presque, parfois).

  • La diversité gustative est appréciable, cependant.

  • Les spécialistes reconnaissent assez bien la signature des châteaux (mais les inversions de rive sont fréquentes, comme d’habitude).