Volnay et Pommard
9 avril 2001
Domaine Alain Brumont
28 avril 2001

Primo-Palatum

Dégustation des vins de Xavier Copel qui dirige depuis quelques années le négoce haut de gamme Primo Palatum. Le compte rendu sur le lien suivant:

LES VINS DE PRIMO PALATUM

 

 
Le vendredi 27 avril 2001.

Synthèse des commentaires de dégustation : Pierre Citerne et Laurent Gibet

Quelques commentaires de contexte :

  • Les vins ne sont pas dégustés à l’aveugle.

  • Nombre de dégustateurs : une vingtaine.

  • Xavier Copel, qui dirige depuis quelques années seulement ce négoce haut de gamme, est présent et nous livre une multitude d’informations utiles pour mieux comprendre sa démarche.

Vdp d’Oc :

1- Vin de pays d’Oc – Chardonnay 99 :

Note : 13 vers 12,5 – Prix : 55 F
  • Vin d’entrée de gamme. Provenance des raisins : Limoux. Rendement de l’ordre de 55 hl/ha.

  • Robe dorée pâle, assez grasse.

  • Le nez est fin et direct, marqué par les agrumes, la semoule beurrée, le miel, une vanille discrète. L’aération dégage des notes complémentaires mentholées, anisées.

  • La bouche est relativement grasse, marquée par d’agréables notes de citron, de miel. Elle révèle une matière sérieuse, avec une bonne vivacité et une certaine viscosité, mais sans étincelle particulière. Pour autant, on a ici affaire à un vin prêt à boire, plaisant, qui à l’avantage de la fraîcheur.

2- Vin de pays d’Oc « Classica » 99 :

Note : 14 – Prix : 50 F

  • Vin d’entrée de gamme. 85% syrah – 15% malbec. Malgré ce pourcentage faible, le malbec, qui fait l’objet d’un soin particulier, marque le vin.

  • Robe assez sombre, bien fournie.

  • La 1ère bouteille manque de netteté aromatique (un côté terreux). La 2ème bouteille est elle satisfaisante : nez intense, expressif et vif, marqué par des notes variées : fruits mûrs (cerise noire), fleurs, cacao, épices, poivron rouge, rose fanée, figue sèche.

  • La bouche est souple, charnue, mais ferme également, dotée d’un velouté particulièrement gourmand. Une belle réussite. Beaucoup de franchise dans ce vin qui met l’accent sur le fruit tout en étant bien structuré.

3- Vin de pays d’Oc 97 :

Note : 13,5 – Prix : 80 F
  • 50% cabernet-franc, 40 % syrah, 10% merlot.

  • Robe assez sombre, mate.

  • Nez déjà évolué, expressif, intéressant par son oscillation entre les senteurs du cabernet (menthe, café, noix grillée), et celles de la syrah (poivre, animalité).

  • Matière sapide et fraîche, un peu mince mais sans creux, saveur automnale de sous-bois agréable.

4- Vin de pays d’Oc 98 :

Note : 14,5 – Prix : 80 F
  • 70% cabernet-sauvignon – 30% cabernet-franc. 100% fût neuf. 7500 bouteilles produites.

  • Robe dense, sombre, brillante.

  • Nez dense, un rien austère. Beaucoup de fruit décelé dans ce nez encore simple (cerise noire, mûre), des notes boisées assez rondes, sans agressivité, quelques senteurs plus discrètes de tabac, de café et de noix fraîche.

  • Bouche gourmande (veloutée, riche, moelleuse) et ferme, qui ressemble à celle de « classica 99 », mais avec une trame plus tendue et serrée. Une très belle expression aromatique et structurelle.

Bordeaux :

5- Bordeaux blanc sec 98 :

Note : 14,5 – Prix : 115 F
  • 100% sémillon botrytisé vinifié en sec.

  • Robe jaune paille discrète, beaucoup de gras en revanche.

  • Nez très aromatique : fruits exotiques (mangue…), des notes confites et fumées qui évoquent la surmaturité.

  • Matière riche, peut-être un peu lourde mais pleine de personnalité, de saveur et de charme. Un vin peu typé sauvignon, en raison d’un encépagement original. Il faut dire ici que Xavier Copel fuit l’expression parfois caricaturale du sauvignon (buis, lierre … pipi de chat).

6- Bordeaux rouge 97 :

Note : 14 – Prix : 90 F
  • Bonne densité, centre noir.

  • Nez « classique », typé, distingué et évolué : pruneau, cèdre, humus.

  • Attaque moelleuse, fruit doux et sapide ; le vin manque sans doute de nerf et de structure, mais il est typé, très finement aromatique et élégant tout en étant issu d’un millésime particulièrement difficile.

7- Bordeaux rouge 96 :

Note : 14 – Prix : 100 F
  • 90% cabernet-sauvignon.

  • Nez évoluée, offrant des notes de fruits à l’eau de vie, de menthol, de graphite.

  • La bouche est réglissée, marquée elle aussi par ces notes caractéristiques de graphite, avec une pointe végétale (poivron). On a ici affaire à un vin charnu et frais, typé, qui est encore structurellement viable. Boire sans trop attandre.

8- Canon-Fronsac 96 :

Note : 14 vers 13,5 – Prix : 160 F
  • 95% merlot – 5% cabernet-franc (complanté).

  • Robe dense mais nettement évoluée, orangée.

  • On ne sent pas trop de fond dans ce nez tertiaire : animal, feuille morte.

  • Matière sapide et de bonne densité, mais la texture parait sèche et la finale un peu alcooleuse. Un vin plutôt court et pas très agréable.

9- Canon-Fronsac 97 :

Note : 14 – Prix : 150 F
  • 95% merlot – 5% cabernet-franc (complanté).

  • Nez caractéristique du merlot (épices, cacao, fruits confiturés), boisé.

  • La bouche exprime encore un peu le bois, mais sans asséchance. Typée par un millésime difficile, elle présente un légère pointe végétale, mais ne souffre d’aucune amertume. Comme dans le cas du Bordeaux, belle réussite pour le millésime.

10- Canon-Fronsac 98 :

Note : 14,5 – Prix : 165 F
  • 95% merlot – 5% cabernet-franc (complanté). 2400 bouteilles produites.

  • Nez moyennement intense, typé par l’encépagement.

  • En bouche, le fruit mûr est présent et on observe une alliance de concentration et de fraîcheur sur une trame de longueur moyenne mais équilibrée.

11- Graves 98 :

Note : 15/15,5 – Prix : 130 F
  • 100% cabernet-sauvignon. 1200 bouteilles produites.

  • Très dense d’aspect, centre noir.

  • Nez puissant, fermé, marqué par un boisé brûlé, un fruit profond et des notes herbacées et fumées plus personnelles.

  • Matière droite et très concentrée, dotée d’une belle assise tannique. En l’état, elle reste peu loquace et particulièrement astringente. Un vin à attendre plusieurs années, où pointent des notes caractéristiques de fumée et de goudron.

12- Sauternes 97 :

Note : 17 – Prix : 400 F
  • 100% sémillon.

  • Robe vieil or, d’aspect dense et visqueux.

  • Nez opulent, miellé, exotique (mangue, goyave), « gras » (notes de beurre frais et même de graisse de canard).

  • Enorme concentration en bouche, onctueux, gras, liquoreux ; la saveur nette et assez fraîche d’ananas confit contribue à équilibrer la richesse de texture et de liqueur, très belle longueur, avec des notes rôties subtiles de champignon et de praliné en finale.

13- Sauternes 96 :

Note : 16 – Prix : 350 F
  • 100% sémillon.

  • Jolie robe dorée et brillante.

  • Le nez évoque les fruits confits, le miel.

  • Contrairement au vin précédent, la bouche possède une liqueur peu marquée par le botrytis. Sans surprise moins riche que celle du 97, elle n’en reste pas moins fine et fraîche.

Sud-Ouest :

14- Jurançon sec 97 :

Note : 15 – Prix : 290 F
  • 100% petit manseng. Raisins passerillés vinifiés en sec. 6g d’acidité. Pas de sucre résiduel.

  • Nez doré, intense, brillant.

  • 1er nez un peu ingrat, réduit. Le 2ème nez est fort heureusement plus net, avec ses notes d’anis, de fruits exotiques, de fruit du jacquier (dixit Xavier Copel). Il reste discret.

  • La bouche est grasse, équilibrée, fruitée, encore peu loquace.

  • L’aération (et le réchauffement du vin dans le verre) développent nettement l’expression aromatique de cette cuvée (champignon, épices), qui offre alors un caractère nettement plus exubérant.

  • Xavier Copel nous décrit le côté original de ce vin, qui peut rappeler les cuvées « noblesse » vinifiées en secs produites au domaine Cauhapé. Il l’associerait volontiers à des plats exotiques (sucré/salé, épices, …)

15- Madiran 97 :

Note : 15 – Prix : 150 F
  • 100% tannat.

  • La 1ère bouteille dégustée présente un défaut de bouchon. La 2ème bouteille est sans défaut.

  • Robe noire.

  • Nez typé, marquée par le fruits et les épices.

  • La bouche est encore juvénile et simple, virile mais fraîche, dotée d’une bonne astrigence, proposant une très belle expression du tannat.

16- Madiran 98 :

Note : 14 – Prix : 165 F
  • 100% tannat. 2400 bouteilles produites.

  • Robe noire.

  • Nez profond, dominé par le bois mais pur et porteur de notes expressives d’encre, de prunelle, de viande fraîche.

  • La bouche, extrémiste, est dotée d’une concentration spectaculaire. Elle signe un vin particulièrement puissant, tannique (sans être sec), doté d’une matière drue, encore brute (tannins sévères), mais impressionnante de densité et de volume, avec une réserve de fruit énorme.

17- Cahors 96 :

Note : 14 vers 13,5 – Prix : 220 F
  • Robe pratiquement pas évoluée : elle se présente noire avec des bords rubis.

  • Nez évidemment plus fondu, plus expressif que les précédents (bonne typicité des notes animales et mentholées), le boisé est encore marqué.

  • Matière très dense, les tannins sont encore très fermes. Ce vin ne fait pas l’unanimité : certains le trouvent équilibré sur un fruit abondant et sain, alors que d’autres lui reprochent un côté asséchant et une acidité trop prononcée.

18- Cahors 97 :

Note : 14 – Prix : 190 F
  • 100% malbec (synonymes : cot, auxerrois)

  • Robe intense.

  • Nez typé cahors : fruits, cacao, menthe, épices

  • Bouche concentrée, dotée d’un fruit intense et d’une bonne acidité.

19- Cahors « Classica » 98 :

Note : 14,5 – Prix : 95 F
  • 92% malbec, 8% merlot. 4800 bouteilles produites. 50% de fût neuf pour 50% de fût d’un vin

  • Robe noire.

  • Nez très typé et concentré, avec ses notes de fruits (mûre, myrtille, cerise noire), d’épices (poivre), de cacao et de menthe.

  • La bouche, qui reprend ces notes à son compte reste ferme et encore très jeune. Elle possède amplitude de chair et profondeur du fruit. Très bonne concentration, sans agressivité tannique, notes vanillées de l’élevage bien présentes.

20- Cahors « Mythologia » 98 :

Note : 15 – Prix : 220 F
  • 100% malbec. 2400 bouteilles produites. 200% fût neuf.

  • Robe noire.

  • Nez puissant, dont le fruit intense, floral, est pour l’instant masqué par le bois (grillé, notes lactiques et épicées).

  • Très dense dès l’attaque, très jeune, énorme matière qui parvient à rester équilibrée.

Languedoc-Roussillon :

21- Côtes du Roussillon blanc 98 :

Note : 15 – Prix : 140 F
  • 50% marsanne, 50% roussanne.

  • Robe dorée intense et grasse.

  • Nez puissant et bien défini au nez, riches notes miellées, de fleurs blanches, des notes plus oxydatives aussi, bien typées : pomme cuite, cire.

  • Très gras mais sans lourdeur en bouche, élégant et concentré, avec une nette amertume en finale, qui accentue l’impression de se trouver dans le nord de la vallée du Rhône.

22- Limoux chardonnay 98 :

Note : 14,5 – Prix : 115 F

  • Provenance exclusive du terroir « Haute Vallée ». Malolactique effectuée. 3000 bouteilles produites.

  • Robe assez pâle.

  • Nez sans surprise plus intense et boisé que celui du chardonnay en VDP d’Oc. Senteurs d’agrumes et notes anisées prononcées.

  • La bouche exprime la vanille, le citron, les épices. Elle s’avère à la fois grasse et minérale, de longueur correcte, avec une très légère touche alcooleuse en finale. Un vin à attendre quelque temps.

23- Côtes du Roussillon rouge 98 :

Note : 14 vers 13,5 – Prix : 145 F
  • 80% Syrah, 17% Mourvèdre, 3% Grenache. 100% fût neuf. 2400 bouteilles produites. Terroir argileux.

  • Robe brillante, très intense, tirant sur le noir.

  • Nez flatteur, luxuriant avec son fruit intense (cassis), confit, presque exotique, marié à un boisé épicé démonstratif.

  • Très dense, moelleux en bouche, avec une densité de fruit qui confine au sirupeux (un côté VDN) et une finale chaleureuse. En l’état, la bouche de ce vin « sudiste » est elle aussi particulièrement difficile à juger. Si Xavier Copel n’a pas de doute sur son potentiel, nous nous interrogeons sur sa capacité à bien évoluer, sans s’assécher.

24- Côtes du Roussillon rouge 97 :

Note : 14 – Prix : 110 F

  • 45% Syrah, 45% Mourvèdre, 10% Grenache. Terroir argileux. 100% fût neuf.

  • Robe d’intensité moyenne.

  • Le nez est boisé, fruité, frais.

  • La bouche se révèle fruitée et ample, avec un boisé encore présent qui devrait se fondre. Elle possède plus d’avenir mais également plus d’austérité, de densité, de fermeté que celle du « minervois Livinière 97 ». Un vin à attendre quelques années.

25- Minervois « La Liviniére » 97 :

Note : 13,5 – Prix : 110 F
  • 85% syrah, 12% grenache, 3% carignan. Terroir calcaire froid.

  • Robe particulièrement peu intense.

  • Le nez, légèrement boisé, évoque les fruits et les épices.

  • La bouche ne nous convainc pas totalement, avec sa matière demi-corps et sa finale un peu chaude. Boire. Xavier Copel nous parle lui d’un vin fin et complexe, vinifié à la manière d’un pinot noir.

26- Minervois « La Liviniére » 98 :

Note : 15,5 – Prix : 95 F

  • 60% syrah, 25% grenache, 25% carignan, vinifiés ensemble. Terroir calcaire froid. 100% fût neuf. 3000 bouteilles produites.

  • Robe bleu-noir avec de minces bords violacés, brillante et intense.

  • Nez intense, encore brut, mais possédant une finesse et un naturel remarquable : goudron, rose, myrtille, grillé.

  • Matière dense dès l’attaque, très belle qualité des tannins fins et serrés, fruit expressif et poivré sans excès, beaucoup de cohérence dans la concentration, très jeune, avec des notes complémentaires florales et de garrigue. On retrouve ici, comme dans le cas du « minervois Livinière 97 », un vin plus tendre que le « Côtes du Roussillon » du même millésime.

Petit commentaire sur les 4 derniers vins :

  • Le millésime 98 impose sa marque (vis-à-vis d’un millésime 97 plus tendre).

  • En raison d’effets de sol et de climat, les vins produits en roussillon sont plus fermes, plus austères que ceux produits en minervois.

  • Ces 2 effets se combinent logiquement et militent en faveur d’une approche plutôt respectueuse du terroir.

Conclusion :

  • Cette dégustation en présence de Xavier Copel s’est avérée très intéressante.

  • Les vins produits, dont certains sont particulièrement atypiques (Côtes du Roussillon blanc de style rhodanien septentrional, et surtout Jurançon sec et Bordeaux blanc), méritent grandement l’explication de texte que nous a fournie Xavier, quant à leur origine (terroir, culture, vinification, élevage luxueux, …).

  • On découvre des vins ambitieux et concentrés, plutôt démonstratifs (le piège de la surextraction est toutefois évité), issus d’une démarche œnologique volontaire :

  • Les robes sont intenses.

  • Les nez sont typés.

  • Les bouches sont désaltérantes.

  • Le bois est donc bien présent mais respecte le fruit et la typicité, pour des vins parfois très tanniques mais sans sécheresse manifeste.

  • Le respect du terroir est un intention qui s’exprime par exemple dans le commentaire comparatif des 97 et 98 du « minervois Livinière » et du « Côtes du Roussillon ».

  • Xavier Copel insiste sur la nécessité d’aérer longuement ses vins, qu’il juge de garde et qualifie de « vins de repas ».

  • Reste une gamme de vins bien construits, variée et évolutive, et une démarche œnologique en progrès constant :

  • à partir de 98, on note en particulier la création d’une cuvée classica en jurançon sec – à base de gros manseng, 50% de fût neuf pour 50% de fût d’un vin.

  • nous n’avons pas goûté les vins produits à Porto et à Rivesaltes.

  • Il nous a enfin semblé enfin que les vins de Primo Palatum (malgré des terroirs a priori moins privilégiés) sont plus intéressants que ceux de Tardieu-Laurent (dont le parcours nous avait ennuyés) : si la similitude s’exprime dans une approche haut de gamme du négoce (élevage ambitieux notamment), on note ici des vins plus divers (dans les 2 cas, il y a pourtant diversité géographique dans les zones de production), plus typés terroir et surtout plus désaltérants.

  • Les prix restent bien entendu élevés, justifiés (par leur auteur) par des coûts de revient élevés et la prise de risque technique (innovation, qualité). Autre argument avancé : il existe dans chaque appellation présentée des vins au moins aussi onéreux. Nous pensons qu’il existe également, et parfois pour des prix inférieurs, des concurrents sérieux dans chaque appellation. Nous laissons au lecteur le soin de juger, en fonction de ses propres critères …