Dégustation autour des Crus Bourgeois de Bordeaux sur le millésime 1995. Le compte rendu sur le lien suivant:
Synthèse des commentaires de dégustation par Laurent Gibet.
Quelques commentaires de contexte :
Les vins n’ont pas été dégustés à l’aveugle.
Nombre de dégustateurs : une quinzaine.
Ordre de dégustation :
1- LISTRAC : Château Lestage « Cuvée Haut-Lestage » (Cru Bourgeois)
Robe intense, évoluée, terne.
Nez terne également, fruit cuit, terre humide. Bouche rustique, bourrue, végétale et courte. Boire rapidement.
2- HAUT-MEDOC : Château Larose-Trintaudon (Cru Bourgeois)
Belle robe brillante.
Nez nettement plus encourageant, assez élégant, tabac, cachou, cèdre.
Bouche typée médoc. Elle reste légère avec une finale réglissée et une pointe d’amertume.
3- HAUT-MEDOC : Château Verdignan (Cru Bourgeois)
Robe présentant un début d’évolution.
Nez agréable et direct, assez profond, médocain : cassis, herbes aromatiques, zan, cigare, cèdre.
Bouche légèrement boisée avec des notes de café, paraissant jeune. Elle reste simple, ne présentant pas l’amertume du vin précédent mais étant desservie par des tanins un peu secs.
4- HAUT-MEDOC : Château Coufran (Cru Bourgeois)
Robe présentant un début d’évolution.
Nez discret : humus, notes végétales, poivre.
En bouche, les tanins se révèlent un peu lâches. Il semble que le merlot soit majoritaire dans l’assemblage. Ce vin offre un plaisir très limité.
5- MOULIS : Château Maucaillou (Cru Bourgeois)
Robe présentant un début d’évolution, moyennement intense.
Nez moyennement intense et complexe : fruits, réglisse, poivre. Le boisé est bien intégré.
La bouche est plus concentrée, soutenue par une bonne acidité, mais déséquilibré par un léger excès d’alcool. On a affaire ici à un vin qui semble technique, travaillé pour être flatteur. Une déception. Attendre 1 à 2 ans.
6- MEDOC : Château Rollan de By (Cru Bourgeois)
Robe sombre, juvénile, brillante.
Nez profond et crémeux, développant une belle complexité : terre humide, zan, cèdre, cigare, épices.
La bouche, avec sa rondeur de merlot, est un peu décevante. Cette cuvée offre plus de personnalité que Maucaillou (avec de surcroît un nez plus racé et plus complexe) mais est déficiente en longueur. Attendre 3 à 4 ans.
7- ST ESTEPHE : Château Lilian Ladouys (Cru Bourgeois)
Robe intense. Bonne évolution.
Nez intense et assez complexe : terre humide, cachou, cèdre, cassis, poivre.
La bouche est satisfaisante, équilibrée et de longueur correcte. Sans manquer de finesse, elle est caractérisée par cette raideur typique des St-Estèphe (vin musclé, viril). Attendre 3 ans.
8- MARGAUX : Château D’Angludet (Grand Bourgeois Exceptionnel)
Robe intense. Bonne évolution.
Nez intense et fin, marqué par le café.
Bouche présentant une finesse très margalienne, avec de jolies notes de havane, mais légèrement amère. Boire.
9- MARGAUX : Château Montbrison (Cru Bourgeois)
Nez mûr, précis, subtil, avec des notes marquées de café.
Bouche fine, équilibrée, fraîche et gourmande. On peut surtout lui reprocher sa petite longueur, se caractérisant par une finale étriquée (rendement trop élevé ?). Boire.
10- MARGAUX : Château Siran (Cru Bourgeois)
Robe intense. Bonne évolution.
Nez intense, sur le café, le tabac. Des notes florales et fraîches (menthol).
En bouche, ce vin paraît fermé, livrant peu et doté d’une finale astringente. Mais on le sent concentré, équilibré et élaboré à partir d’une vendange mûre. Attendre quelques années.
11- HAUT-MEDOC : Château Citran (Cru Bourgeois)
Bonne évolution, d’après la robe.
Nez flatteur, l’élevage conférant au vin des notes de moka très réussies.
Bouche plus ouverte que la précédente, assez ronde, mais manquant un peu de tension (tanins lâches) et de longueur.
12- MEDOC : Château Potensac (Cru Bourgeois)
Nez présentant des notes de cacao, de terre humide, de fraise mûre, de vanille, de suie. Il est donc assez complexe mais manque de précision, de race.
Bouche marquée par la fermeté du cabernet-sauvignon. Elle est plus austère que celle de Siran mais offre peut-être un peu plus de potentiel.
13- MOULIS : Château Poujeaux (Cru Bourgeois)
Nez intense, dense, assez complexe : poivron (noble), floral, cuir, tabac
En bouche, on trouve enfin un vin complet, racé, fin, certainement plus facile d’approche que Lilian-Ladouys.
14- ST ESTEPHE : Château Haut Marbuzet (Grand Bourgeois Exceptionnel)
Nez peu expressif, sur la retenue, avec ses notes de poivron.
Bouche très (trop ?) boisée (ce n’est pas une surprise pour ce domaine), avec des notes de fruits à l’alcool. Certains dégustateurs lui reprochent un boisé excessif.
15- HAUT-MEDOC : Château Sociando Mallet (Cru Bourgeois)
Bonne dense, noire, brillante, encore très jeune.
Joli nez complexe : poivron, suie, moka, floral, mûre, cassis. Contrairement au précédent, boisé intégré.
Bouche fraîche (dotée d’une bonne acidité), fruitée, gourmande, suave. Le meilleur vin de la soirée, concentré et racé, prêt à boire.
Conclusion :
Une dégustation assurément décevante, avec beaucoup de vins en retrait, parfois déséquilibrés par un excès d’alcool, manquant singulièrement de la race et de l’élégance exprimant un réel terroir.
Quelques bonnes bouteilles cependant : Lilian Ladouys (14,5 vers 15), Siran (15 vers 15,5), Potensac (15), Poujeaux (15,5 vers 16), Haut-Marbuzet (15 – son boisé excessif ne fait pas l’unanimité) et surtout Sociando-Mallet (16 vers 16,5), qui confirme sa qualité.