Quelques commentaires de contexte :
les vins ont été dégustés à l’aveugle .
Nombre de dégustateurs : une quinzaine.
Ordre de dégustation :
1 – Umbria, Falesco « Vitiano » 1998
Robe fournie, centre opaque.
Nez intense, fruit mûr, poivré, épicé, bien souligné par un boisé fin.
Matière dense et structurée, tenue par une belle acidité, bonne longueur.
2 – Dolcetto d’Alba, Marcarini « Boschi di Berri » 1998
Robe jeune et assez intense, reflets violacés.
Nez de griotte pur et élégant, fraîcheur et définition appréciables.
Saveur de noyau, de griotte bien mûre, encore plus marquée qu’au nez, équilibre haut perché dominé par l’acidité, qui confère fraîcheur acidulée et longueur à une matière bien concentrée.
3 – Barolo, Gaja « Sperss » 1993
Robe assez évoluée, centre rouge-brun, bords vieux rose.
Bouquet relativement intense, déjà tertiaire, dominé par le sous-bois et les notes fumées.
Bouche sapide, toujours dans un registre de fumé et de feuilles mortes ; la matière est dense, mais la texture sèche n’est pas rendue plus aimable par la forte acidité, procurant une impression générale de minceur revêche.
4 – Alto Adige, Alois Lageder « Cor Rominberg » 1993
Centre noir comme du brou de noix, bords grenat, concentration manifeste.
Nez puissant et très racé de cassis, de suie et de graphite, très typé « Médoc/Pauillac »
Bouche élancée, grain tannique fin et beurré ; l’acidité très présente donne une grâce aérienne quoiqu’un peu évanescente à la matière concentrée ; arômes variétaux nobles, fumés, viandés, belle longueur.
5 – Barolo, Marcarini « Brunate » 1995
Teinte légère et nettement évoluée, grenat fauve au pourtour ambré.
Bouquet aromatique mais plat et comme éventé : cerise amarena, fenouil, fleurs séchées, bois humide.
Bouche fluide et décharnée, déséquilibrée par une très forte acidité, peu agréable malgré une certaine finesse aromatique.
6 – Sardegna, Argiolas « Turriga » 1994
Robe intense, rubis profond.
Nez puissant et complexe, fruit mûr, poivre, café, pain grillé, pointe animale ; expression racée et « classique », presque bordelaise.
Matière riche et structurée, fortement extraite et marquée par l’élevage, forte maturité du fruit (trace de sucrosité), finale longue et tannique ; l’ensemble est cohérent et harmonieux, jeune encore.
7 – Barolo, Voerzio « Cerequio » 1995
Rubis assez dense avec des reflets bruns.
Nez complexe, intense et racé mais austère : cerise amarena, chataîgne grillée, rose séchée, violette.
La bouche présente des arguments sérieux : concentration du fruit, droiture de la structure, longueur ; mais l’austérité de l’équilibre dominé par l’acidité et les tannins procure une impression de sévérité assez rébarbative.
8 – Chianti Classico, Coltibuono « Roberto Stucchi » 1997
Robe grenat relativement intense.
Nez complexe, expressif mais peu fruité : herbes sèches, épices, café, amande.
Bouche sapide dotée d’une bonne concentration, belle palette aromatique, équilibre penchant vers l’acidité, de la personnalité.
9 – Moscato d’Asti, Ceretto « Vigniaioli San Stefano » 1998
Couleur dorée légère, quelques bulles.
Nez citronné et muscaté.
Bouche légère à tout point de vue, peu alcoolisée, peu effervescente, légèrement sucrée et parfumée.
Conclusion :
Un groupe de vins hétéroclite, des encépagement différents et des régions de production variées ; on peut cependant noter quelques similitudes, peut-être représentatives de la « manière » classique italienne : des palettes aromatiques racées, complexes mais austères, ne privilégiant pas le fruit, une acidité récurrente (et parfois récurante) qui vertèbre des corps sans lourdeur, mais parfois étriqués.
Les vins de Barolo se sont montré plutôt décevants, acides, minces et sévères. Les deux vins de Sardaigne et du Haut-Adige ont par contre enthousiasmé les dégustateurs.
Autres vins dégustés :
10 – Bourgogne Hautes-Côtes de Beaune blanc, « La grande chatelaie » Chantal Lescure 1997
Couleur camomille.
Nez assez discret mais cohérent de pomme, de miel, avec une touche minérale.
Peu intense en bouche, équilibré mais un peu creux.
11 – Cheverny, Ph. Loquineau « Marquis de la Plante d’Or » 1998
Couleur très pâle.
Nez léger mais assez parfumé et propre, fruits blancs, floral (acacia).
Matière aqueuse et acidulée, diluée, mais sans agressivité et rafraîchissante.
12 – Cour Cheverny, Ph. Loquineau « Cuvée Salamandre » 1997
Robe pâle aux reflets argentés.
Nez miellé, avec de l’abricot et de la pêche blanche, mais aussi quelques notes animales déplaisantes.
Matière plus concentrée que celle du vin précédent, mais sans personnalité aromatique ni grâce structurelle.
13 – Roussette de Savoie, G. et G. Bouvet, Château Monterminod 1996
Jaune citron intense et vif.
Senteurs exotiques, puissantes et bien définies d’ananas et de goyave, soulignées par une pointe d’amande ou de praliné, des notes safranées apparaissent à l’aération.
Très vif en bouche, matière bien concentrée et parfumée, nette, finale un peu brutale.
14 – Mondeuse, B. et M. Grisard « Prieuré Saint-Christophe » tradition 1996
Robe rouge-brun peu intense, bords vieux rose.
Ampleur et finesse au nez, bouquet fondu et attrayant d’où émergent des notes de confiture de fraise, de cuir, de chocolat, d’épices.
Bouche souple et parfumée, on est un peu déçu par le manque de gras et de charpente, l’acidité domine la matière.
15 – Corbières, Château la Voulte-Gasparets « Cuvée Réservée » 1998
Jeune d’aspect, centre noir, bords violacés.
Nez intense de fruit épicé, mûr et concentré (réglisse).
Matière souple et veloutée, flatteuse, tannins très enrobés ; vin facile, équilibré et bien construit.
16 – Corbières, Château la Voulte-Gasparets « Cuvée Romain Pauc » 1998
Robe impressionnante, noir d’encre ourlé de pourpre, belle viscosité.
Nez puissant et très flatteur, d’un hédonisme sans vulgarité ; fruit explosif, crémeux, épicé, notes de violette et d’encens.
Matière crémeuse mais structurée, sans mollesse, fruité très intense et mûr, bonne longueur ; un vin dense, complet et chatoyant.
17 – Vin cuit de Provence, le Mas Bleu « Vendémiaire »
Couleur caramel sombre.
Nez puissant aux arômes violents mais complexes : pruneau, sauce soja, caramel, vinaigre balsamique.
Bouche concentrée, intéressante, dominée par le goût amer du caramel brûlé, notes de quinquina et d’orange amère, le sucre est équilibré par l’amertume et l’acidité. Et comme le remarque un dégustateur : « C’est mauvais et bon à la fois ».