Horizontale 2010 en Rhône Sud
24 janvier 2024
Les vins de Bourgogne
25 avril 2024

Verticale Château des Tours : Les vins d’Emmanuel Reynaud

Le vendredi 8 mars 2024

La dégustation est proposée par Maxime France puis commentée par Romain Danzanvilliers.

Quelques commentaires de contexte : 

Toutes les bouteilles, stockées pendant une longue période dans des conditions optimales, ont été placées dans une cave de service, à température adaptée, verticalement, 6 jours avant notre rendez-vous.
Cette dégustation s’est déroulée en deux séances : l’après-midi à 14h puis le soir à 19h30.
Ce compte-rendu détaille les impressions du soir.
Entre autres causes, une aération de 5 heures (dans la bouteille rebouchée en position verticale) peut expliquer les variations dans les appréciations.
Les vins sont dégustés sans présentation à l’aveugle.

Les verres utilisés sont les « Expert » de Spiegelau.

DS : Didier Sanchez – LG : Laurent Gibet – HC : Hervé Cuzon – HLP : Hugo Le Panse – EA : Eric Ambiaud – RD : Romain Danzanvilliers.

Ordre de dégustation

(Nombre total de dégustateurs : 17)

Vigneron emblématique du Rhône Méridional, Emmanuel Reynaud est un homme discret et passionné, et sans aucun doute un personnage atypique ! Aujourd’hui, nous avons la chance de pouvoir déguster une série de 24 vins, tous issus de la cave personnelle de Maxime France, que nous remercions chaleureusement.

  1. Vin de Table : E. Reynaud “Parisy” 2016

A l’ouverture : DS15,5 – RD15,5

On commence très fort cette dégustation avec ce rosé qui ne semble pas en être un. Un nez parfumé et gourmand de fraise, une pointe de balsamique et une légère évolution de feuilles mortes, de croûte de fromage. En bouche, l’acidité est présente, un peu de puissance et une belle longueur pour un rosé de saignée qui nous laissera une très bonne impression. Bonbon, gourmandise, parfumé, tels seront les qualificatifs les plus évocateurs.

Après 5 heures d’aération : DS15,5 – LG15,5 – HLP16 – HC16 – EA15,5 

  1. Vin de Pays de Vaucluse : Domaine des Tours 2019

A l’ouverture : DS16,5/17 – RD16,5

C’est parti pour une série de 3 VDP. Aucun doute sur l’aromatique, on est bien sur du Grenache ! Le 2019 a une intensité prononcée, une essence de fraise, mais il nous semble un petit peu fermé. Un nez plus frais que les autres, et qui nous pousse à penser qu’il mériterait un peu de garde avant d’être bu. En bouche, les tanins sont un peu verts, on sent de la rafle, mais plutôt ce côté “végétal noble”. Beaucoup de richesse et de concentration, qui nous conforte dans la conclusion d’un vin qui mérite un peu d’attente avant d’être bu.

Après 5 heures d’aération : DS16,5+ – LG16,5+ – HLP16+ – HC15,5+ – EA16,5

  1. Vin de Pays de Vaucluse : Domaine des Tours 2018

A l’ouverture : DS15,5 – RD15,5

Le nez du 2018 est encore plus typé “Grenache” même s’il possède un petit côté pinotant ! Des notes subtiles d’orange (signature du cépage) ainsi qu’un côté floral, sans oublier des notes tertiaires de cuir. En bouche, on retrouve une structure moins puissante, mais une finesse plus marquée notamment par l’acidité qui est plus équilibrée. Ce vin est prêt à être bu !

Après 5 heures d’aération : DS15,5 – LG16  – HLP16 – HC16 – EA15

  1. Vin de Pays de Vaucluse : Domaine des Tours 2017

A l’ouverture : DS16,5 – RD16,5

Ce vin est sans doute le plus complexe et le plus beau des 3 vins de la série. Au nez, un délicieux combo de tapenade, de laurier, et d’olive. Seraient-ce des traces de Syrah que nous sentons là ?? L’évolution est marquée, on détecte de subtiles notes viandées et de champignons. En bouche, ce vin révèle une belle acidité et une longueur remarquable.

En conclusion de cette série, 3 vins qui n’ont vraiment rien à voir mais qui sont déjà sur un standard assez haut ! On a hâte de voir la suite 🙂

Après 5 heures d’aération : DS16,5/17 – LG16,5  – HLP16,5/17 – HC16,5 – EA17

  1. Vin de Pays de Vaucluse : Domaine des Tours 2016

A l’ouverture : DS16 – RD16

2016 est un bon millésime, connu pour sa fraîcheur. Cette bouteille ne dément pas ce postulat, on est assurément sur un grand vin ! Bien que l’évolution au nez ne soit pas complète, on remarque de belles notes de fruits rouges, beaucoup de gourmandise dans ce vin, une matière enrobée et suave. La tenue en bouche est remarquable. Très gros potentiel sur ce vin !

Après 5 heures d’aération : DS16 – LG16,5+ – HLP16,5+ – HC17 – EA16,5

  1. Vin de Pays de Vaucluse : Domaine des Tours 2015

A l’ouverture : DS17 – RD17

Wow… quelle superbe aromatique !! Au nez, un bouquet de fleurs, de la rose fanée, un côté miel de châtaigne, et sans oublier la fraise. Certains iront penser à Rayas ! En bouche, beaucoup de délicatesse, la structure est légère, les dégustateurs de l’après-midi relèveront un petit manque de matière, mais qui se fera totalement oublier à la dégustation du soir. On retrouve les mêmes arômes qu’au nez. Indéniablement un vin qui ne laisse pas indifférent, et qui mérite d’être bu maintenant.

Après 5 heures d’aération : DS17,5 – LG17  – HLP17,5 – HC17 – EA17

  1. Vin de Pays de Vaucluse : Domaine des Tours 2014

A l’ouverture : DS15 – RD15

Robe très claire, pour rappel 2014 est une année assez pauvre. Au nez, des arômes d’agrumes, un côté légèrement végétal, mais également des notes de cuir voire un peu de miel (cf 2015). En bouche, l’acidité est forte, uniforme. On évoque un côté “fané” du vin, plus maigre et moins complexe que les deux précédents. Toujours bon cela dit, mais un cran en dessous. L’effet millésime 2014 sans aucun doute…

Après 5 heures d’aération : DS15 – LG15  – HLP15 – HC14,5 – EA15

  1. Vin de Pays de Vaucluse : Domaine des Tours 2012

A l’ouverture : DSED – RDED

ED

Un peu de soja au premier nez, une maigreur accentuée…

Après 5 heures d’aération : DSED – LGED  – HLPED – HCED – EAED

  1. Vin de Pays de Vaucluse : Domaine des Tours 2011

A l’ouverture : DS16,5+ – RD16,5

Décidément ces vins de pays nous font une très belle impression. Celui-ci nous flatte avec de belles notes d’orange sanguine, de grenadine, et un côté légèrement caramélisant. En bouche, l’attaque est sucrée, l’acidité est parfaitement balancée. On est sur un très beau millésime, la matière est élégante, un vin délicat, aérien et avec une finesse du grain. Troublant, car cette gamme aromatique pourrait presque nous faire pencher pour un Pinot Noir…

Après 5 heures d’aération : DS16,5 – LG15,5  –  HLP15,5 – HC17 – EA16

  1. Vin de Pays de Vaucluse : Domaine des Tours 2009

A l’ouverture : DS16 – RD16

Millésime très chaud pour rappel, et clairement on ne s’y trompe pas au nez ! Des arômes de fruits mûrs et confiturés, de la figue, de la datte. Aucune note tertiaire assez étonnamment… En bouche, le vin nous semble un peu trop dense, l’alcool est très présent, et on retrouve moins d’aromatiques, mais plus de corps. En définitive, on revient sur le côté plus “classique” du terroir. Un vin joufflu, gourmand et qui pourtant conserve une certaine jeunesse.

Après 5 heures d’aération : DS16 – LG16,5  – HLP16 – HC16 – EA15,5

  1. Vin de Pays de Vaucluse : Domaine des Tours « Merlot » Réserve 2009

A l’ouverture : DS16,5 – RD15,5

Changement de décor (et de région) avec ce Merlot à la sauce Reynaud ! On partirait volontiers dans le bordelais à vrai dire ! Robe très colorée. Un nez volontairement flatteur avec des notes animales, de la fourrure, du tabac froid et ce côté fumé. En bouche on a un vin charnu et gourmand, avec beaucoup de chair. On a presque une impression de sucré, il colle en bouche. Les tanins sont souples, agréables. Reynaud n’aura pas fini de nous surprendre avec cette petite “bombe”, un côté “baroque” assurément !

Après 5 heures d’aération : DS16 – LG16   – HLP16 – HC15 – EA15,5

  1. Vin de Pays de Vaucluse : Domaine des Tours « Merlot-Syrah » Réserve 2008

A l’ouverture : DS17 – RD17

Ça y est, on reconnait la “patte” Reynaud ! Un petit côté olive, fumé, épicé. Une belle profondeur aromatique, la Syrah amène de l’équilibre. On est sur un vin magnifique, avec de l’acidité, de la puissance et de la complexité !

Après 5 heures d’aération : DS16,5 – LG15,5  – HLP16 – HC16,5 – EA16

  1. Vin de Pays de Vaucluse : Domaine des Tours « Merlot » Réserve 2007

A l’ouverture : DS16,5 – RD15,5

Tout est “un petit peu moins” sur ce vin. Moins fumé, moins intense, moins puissant, moins expressif que 2009… Une bouche sucrée, des fruits mûrs (trop?), cuits, un vin sudiste. On regrette ce côté simpliste et cette absence de fraîcheur.

Après 5 heures d’aération : DS16,5 – LG17  – HLP17 – HC16,5 – EA16,5

  1. Vin de Pays de Vaucluse : Domaine des Tours « Merlot-Syrah » Réserve 2007

A l’ouverture : DS(15) – RD??

Ce vin va faire débat… On est pourtant sur une énorme année, le vin n’est pas bouchonné, mais plusieurs dégustateurs pensent qu’il y a pu avoir un problème de bouchon… à voir ce que diront les dégustateurs du soir ?
Le nez est sur une aromatique végétale, de la feuille de cassis, de la mûre fraîche. Un vin “monolithique” où la bouche semble un peu raide. Pas beaucoup de complexité, une acidité mal balancée et très court en fin de bouche.
La dégustation du soir viendra bien confirmer ces doutes, des notes de pomme blette, un vin creux.. ED

Après 5 heures d’aération : DSED – LG(14)   – HLPED – HCED- EA ED

  1. Vin de Pays de Vaucluse : Domaine des Tours « Merlot-Syrah » Réserve 2005

A l’ouverture : DS15,5 – RD15

Dernier de cette série, nous sommes un peu dubitatifs. On revient sur une aromatique “brûlée” et simple. De la figue, de la datte, de la mûre mûre. Un vin sudiste là encore. En bouche l’acidité revient un peu, on retrouve un peu de fraîcheur, mais pas assez pour nous convaincre.

Après 5 heures d’aération : DS15 – LG16,5 – HLP15,5 – HC15 – EA16

  1. Côtes-du-Rhône : Château des Tours « Réserve » 2019

A l’ouverture : DS16 – RD16

Quel plaisir de retrouver le Grenache !! De belles notes de fraises, une concentration du fruit, une densité marquée. Pourtant l’aromatique nous semble encore un petit peu fermée. Nous sommes clairement avec un vin un peu trop jeune, mais qui possède un grand, très grand potentiel de garde !

Après 5 heures d’aération : DS16 – LG16,5+ – HLP16,5 – HC16,5 – EA15,5

  1. Côtes-du-Rhône : Château des Tours « Réserve » 2016

A l’ouverture : DS17 – RD17,5

Il n’y a pas photo avec ce vin, l’évolution est beaucoup plus marquée que le précédent ! Le Grenache évolue vers le laurier, la fraise des bois. Très beau millésime que ce 2016, ce vin a une forte profondeur, il est rond, glissant. Même s’il semble prêt à être bu, nous pensons qu’il a un très gros potentiel de garde, on est sur le plus beau vin de cette série !

Après 5 heures d’aération : DS17 – LG16,5+  – HLP17+ – HC17,5 – EA17

  1. Côtes-du-Rhône : Château des Tours « Grande Réserve » 2014

(Vacqueyras déclassé)

A l’ouverture : DS16 – RD16

Encore une fois E. Reynaud va nous surprendre. Au nez, nous serions presque partis sur du Muscat !! Un côté rose, miel, bouquet fleuri. Surprenant ! Quelle longueur en bouche… Un vin très exotique, mais qui souffre un peu de la minceur du millésime.

Après 5 heures d’aération : DS16,5 – LG16 – HLP17 – HC16,5 – EA17

  1. Vacqueyras : Château des Tours « Réserve » 2013

A l’ouverture : DS16,5 – RD17

Robe très claire pour ce premier Vacqueyras. Le nez est très grenache, la fraise écrasée, la fraise des bois, et avec un côté très “oriental” avec de la figue et de la datte. En bouche c’est incroyable, beaucoup de profondeur, une matière qui reste, une acidité légère et bien fondue. Des saveurs de pruneau, de figue, et beaucoup de finesse. Incontestablement nous venons de passer une marche au-dessus. Il n’y a pas de débat, tous les dégustateurs sont subjugués par ce nez flatteur et ce vin parfaitement équilibré ! 2013 serait-il le moment de l’apogée de ces vins ? La suite nous le dira sûrement.
NB : ne pas se fier aux étiquettes de Reynaud 🙂 ce dernier nous indique 15° mais à la dégustation cela nous paraît impossible…
NB : 2013 mauvaise année, car très froid, sauf dans le Rhône Sud qui s’en sort pas si mal…

Après 5 heures d’aération : DS16,5 – LG16,5 – HLP16 – HC16 – EA16,5

  1. Vacqueyras : Château des Tours « Réserve » 2012

A l’ouverture : DS16,5/17 – RD16,5

Une robe plus sombre que le précédent vin, et là encore le nez est très joli. La structure est plus présente en bouche, ce vin est plus puissant. Décidément on adore ce cépage qui nous donne de l’émotion ! Cependant, on sent que l’on peut encore un peu attendre avec ce vin. Mais quelle montée en puissance !

Après 5 heures d’aération : DS16,5 – LG16,5 – HLP16,5 – HC16,5 – EA16

  1. Vacqueyras : Château des Tours « Réserve » 2011

A l’ouverture : DS17,5+ – RD17,5

C’est fantastique de goûter tous ces vins côtes à côtes ! On comprend la patte unique de Monsieur Reynaud. La concentration de ce vin est folle, l’aromatique tend vers le fumé. L’acidité est salivante, et une longueur en bouche qui semble ne jamais s’arrêter ! Énorme, Incomparable, une signature unique ! Notre coup de cœur de la journée.

Après 5 heures d’aération : DS16,5 – LG15,5 – HLP15,5 – HC16 – EA15

  1. Vacqueyras : Château des Tours « Réserve » 2008

A l’ouverture : DS16,5 – RD15,5

Très intéressant d’enchaîner sur ce vin à la robe brune. L’aromatique diminue très clairement, c’est plus “lissé”. L’acidité est là, mais on a l’impression d’être arrivé à la limite temporelle du Vacqueyras. On ne va pas se le cacher, on est toujours sur un “bon” vin, il y a de la complexité, mais on sent que l’on bascule. Vin en déclin…

Après 5 heures d’aération : DS15,5 – LG16,5  – HLP16 – HC16 – EA15,5

  1. Vacqueyras : Château des Tours « Réserve » 2001

A l’ouverture : DS16 – RD15,5

Même constat que pour le vin précédent. L’aromatique diminue, on a l’impression d’un vin madérisé. Du pruneau, un côté légèrement sucré, cependant la matière est là mais l’aromatique est partie. Le niveau d’acidité est bien présent. Discussion intéressante sur la comparaison CNDP vs Vacqueyras et pourquoi CNDP est la grande appellation du Rhône Sud. Pour de nombreux dégustateurs, c’est ici que l’on voit la différence entre les deux appellations. Les CNDP continuent à se sublimer alors que les Vacqueyras vont basculer…

Après 5 heures d’aération : DS16,5 – LG16,5  – HLP16,5 – HC17- EA16

  1. Vacqueyras : Château des Tours « Réserve » 1999

A l’ouverture : DS15 – RD14,5

On assiste définitivement à la bascule du vin. Un côté légèrement soja, du pruneau, ce vin ressemble à un vieux Banyuls en un peu plus sec… L’acidité est plus dure, ça assèche la bouche. Aucune longueur.

Après 5 heures d’aération : DS14- LG15,5  – HLP(15) – HC?- EA15

Conclusion sur les impressions après 5 heures d’aération

S’il y a bien une conclusion sur laquelle nous sommes tous d’accord, c’est qu’Emmanuel Reynaud est un grand, un très grand vigneron et qu’il possède une patte unique, reconnaissable entre mille. Le standard est haut sur cette dégustation !
La série des vins de pays nous aura fait une très belle impression, un fort potentiel sur les millésimes récents, et une très belle évolution pour les plus anciens. Certains oseront même faire un comparatif sur certains vins avec l’aromatique d’un beau pinot noir de Bourgogne.
La série Merlot nous laissera un peu plus dubitatifs, à l’exception du Merlot-Syrah 2008. E. Reynaud est définitivement un personnage atypique, et il est bien connu pour faire ce qu’il veut. Il nous le montre là encore.
Avec la série des Vacqueyras, Reynaud marque indéniablement une montée en gamme et en puissance. On comprend pourquoi ce terroir est un cru du Rhône Sud. Il est précieux de rappeler que le Domaine des Tours est l’un des meilleurs RQP de France (du monde). Nous assistons aussi à une intéressante démonstration de la courbe de ces vins. À partir de 2008, on assiste plus ou moins à une “bascule” et un déclin du vin, ce qui nous poussera à penser qu’on aurait atteint ici la limite temporelle du Vacqueyras.