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Dégustation des vins du Piémont Italien
Vendredi 17 mai 2019
La dégustation est préparée et commentée par Patrick Moulène pour la séance du soir.
Quelques commentaires de contexte :
Cette rencontre nous est proposée par Patrick Moulène, gérant de la société Toulousaine « WINEBOX PRESTIGE » :
Toutes les bouteilles, stockées pendant une longue période dans des conditions optimales, ont été placées dans une cave de service, à température adaptée, verticalement, 6 jours avant notre rendez-vous.
Elles ont été ouvertes 6 heures à l’avance.
Cette dégustation s’est déroulée en deux séances : l’après-midi à 14h15 puis le soir à 19h30.
Ce compte-rendu détaille les impressions du soir.
Entre autres causes, une aération de 5 heures (dans la bouteille rebouchée en position verticale) peut expliquer les variations dans les appréciations.
Les vins sont dégustés sans présentation à l’aveugle.
Les verres utilisés sont les « Expert » de Spiegelau.
DS : Didier Sanchez – LG : Laurent Gibet – CDC : Cécile Debroas Castaigns – MS : Miguel Sennoun – PM : Patrick Moulène
Ordre de dégustation
(Nombre total de dégustateurs : 12)
1ère série
1 – Dolcetto d’Alba : Rivella Serafino 2016
A l’ouverture : DS 14 – CDC 14
Après 5 heures d’aération : DS 14,5 – LG 15,5 – MS 15,5 – PM 16.
Le Dolcetto est un cépage autochtone de la région de Barolo qui permet de produire un vin rouge léger, fruité, autour de 12% ; facile d’accès et relativement simple en guise de vin de table de tous les jours.
Issu d’un hectare de vieilles vignes d’environ 70 années sur le terroir du Grand Cru Montestefano à Barbaresco, avec une pente vertigineuse, ce Dolcetto est « hors classe ». En effet, il propose une trame suave, raffinée, avec des tanins de soie malgré son jeune âge. Le vin est sphérique, dense, plein, harmonieux, vibrant, structuré et même extrêmement concentré pour un Dolcetto. Il procure beaucoup de plaisir immédiat dans un style à l’ancienne : un goût authentique, vrai, d’une structure épaisse, tellement attachante de sincérité et de plaisir séducteur.
1800 bouteilles produites.
2 – Barbera d’Alba : Ferdinando Principiano « Laura » 2016
A l’ouverture : DS 14 – CDC 15
Après 5 heures d’aération : DS 14 – LG 15,5/16 – MS 15 – PM 15,5/16
Le Barbera d’Alba est un cépage de la région de Barolo qui permet de produire un vin rouge de caractère, coloré, dense, charnu. Il provient d’une parcelle de 2 hectares de vieilles vignes d’environ 40 années sur le secteur de Monforte d’Alba, à une altitude plus élevée que la zone d’appellation Barolo. Il est élaboré dans un esprit vin naturel, sans ajout de levures ni de sulfites avec un élevage en cuve inox.
Le vin est digeste, reposant sur une acidité bienvenue qui lui apporte du peps, de la fraîcheur, du tonus. Légèrement épicé, il déroule une trame volontairement basée sur la fluidité plutôt que la concentration. L’ensemble est agréable et constitue un excellent rapport qualité-prix.
3 – Barbera d’Alba : Saglietti Flavio 2016
A l’ouverture : DS 13,5 – CDC 13,5
Après 5 heures d’aération : DS 13,5 – LG 14 – MS 14 – PM 14
Même si le vin est juteux, agréable, avec une acidité plus poussée que le précédent Barbera de Ferdinando Principiano, chef de file des vins dits « naturels », ce Barbera possède moins de poids et fait plus léger. En l’état, il semble plus simple.
2ème série
4 – Langhe : Agostino Bosco « Rurem » 2016
A l’ouverture : DS 14 – CDC 14
Après 5 heures d’aération : DS 13 – LG 14 – MS 13 – PM 13
Vin relativement standard, ni raté, ni exceptionnel : quelconque. Le goût est assez simple dans son expression, sans personnalité ni marqueurs de réels plaisirs gustatifs. Certains dégustateurs ne retrouvent pas vraiment le cépage Nebbiolo.
5 – Langhe : Aurelio Settimo « Nebbiolo » 2014
A l’ouverture : DS 14,5 – CDC 15
Après 5 heures d’aération : DS 14,5 – LG 15,5 – MS 14 – PM 15
Domaine familial de 7 hectares dans le cœur historique de Barolo, revendiquant le label « green experience » sans aucun traitement chimique. La parcelle d’un hectare et demi se situe derrière la maison familiale du domaine avec une exposition Sud-Est. Les vignes sont jeunes, autour de 10 années de moyenne. Le Langhe est élevé durant 4 années en cuves inox et béton.
Le vin est bien fait et montre de beaux atours pour un « simple » Langhe Nebbiolo. Dans le contexte du millésime, malgré les jeunes vignes, le terroir parle. L’élevage de 4 années contribue également à le rendre flatteur.
3ème série
6 – Barolo : Agostino Bosco « La Serra » 2014
A l’ouverture : DS 15,5 – CDC 14,5
Après 5 heures d’aération : DS 15,5 – LG 14 – MS 14 – PM 14,5/15
La parcelle de moins d’1 hectare se trouve dans le prolongement des prestigieux terroirs de Brunate & Cerequio, en partie la plus haute, vers le village perché de La Morra. La vigne est relativement jeune : environ 20 années.
Le vin semble soit fermé, soit relativement en retrait pour une appellation aussi prestigieuse. Il est vrai que le millésime 2014 est délicat mais de nombreux vignerons ont malgré tout réussi de très beaux vins dans un esprit « Bourguignon ».
7 – Barolo : Boasso « Serralunga D’Alba » 2014
A l’ouverture : DS 15 – CDC 16
Après 5 heures d’aération : DS 16,5 – LG 16,5/17 – MS 16,5 – PM 17
Petit domaine de 5 hectares, traditionnel, à l’ancienne. La propriété se situe sur le terroir de Gabutti avec une parcelle jouxtant celle de Cappellano et son rare et extraordinaire Pie Rupestris.
Le niveau monte considérablement et le vin régale la majorité des dégustateurs présents. Il est juteux, les tannins sont raffinés malgré le jeune âge (2014 est le dernier millésime sorti. Entre temps, le 2015 vient d’être mis en bouteille). Ce Barolo possède du fond, de la sève, du corps, de la structure avec une trame racée, sur la finesse et l’élégance.
8 – Barolo : Gigi Rosso « Arione » 2013
A l’ouverture : DS 16,5 – CDC 16,5
Après 5 heures d’aération : DS 16,5/17 – LG 18 – MS 17,5/18 – PM 17/17,5
Le terroir Arione, d’environ 2 à 3 hectares, de Gigi Rosso a été acheté en 2015 par le Maître actuel de Barolo en la personne de Giacomo Conterno. Il ne sera pas assemblé aux cuvées Cerreta, Francia, ni celle de Monfortino. Il fera l’objet d’un cru avec sa propre identité. Le terroir Arione se situe sur l’extrémité Sud-Est de l’appellation Barolo et jouxte les parcelles Francia de Giacomo Conterno & Boscareto de Ferdinando Principiano. Ce terroir est considéré par les pairs comme étant l’un des plus grands terroirs si ce n’est le plus grand de Barolo !
A la dégustation le vin est enveloppant, sphérique, gourmand. Le corps est de couleur plutôt claire, à l’image des vins de Cappellano ou de Rayas. La structure est capiteuse, légèrement hédoniste sans avoir cependant aucun marqueur ou sensation de chauffe due à l’alcool. La maturité est poussée, bien présente, engendrée par un millésime exceptionnel. La trame est fine, élégante, racée. Les tanins sont polis, délicats, doux, presque patinés alors que ce Barolo est très jeune.
Arione 2015 de Giacomo Conterno, dégusté au domaine sur foudres en 2018 & 2019 est différent de celui de Gigi Rosso. En effet, il est toujours ample, large et sphérique, cependant il semble être plus vif et en même temps plus enrobé, plus racé, avec plus de goût et une finesse de tannins encore supérieure.
9 – Barolo : Massimo Grasso « Cascina Tiole » 2011
A l’ouverture : DS 17 – CDC 17
Après 5 heures d’aération : DS 17 – LG 17 – MS 17 – PM 17
Petit domaine de 5 hectares situé à Perno qui produit des vins très bien faits aux tarifs assez sages. Le Barolo 2011 procure une agréable séduction immédiate entre la richesse et la finesse. Le barolo est très bon, avec beaucoup de goût, du jus, de la fraîcheur bien contenue dans une structure riche et capiteuse. Le plaisir est immédiat car il commence à dévoiler ses plus beaux atours même s’il possède encore 5 bonnes années pour se révéler au top. A priori la note unanime des dégustateurs met en lumière la qualité de ce domaine artisanal géré par Massimo Grasso.
Le millésime 2011 est un assemblage inédit de la parcelle grand cru du domaine : Santo Stefano (exposition plein Sud, en forte pente, avec une dominante de sable) et le prolongement de la parcelle classique exposée Est (à dominante d’argile).
4ème série
10 – Barolo : Ferdinando Principiano « Serralunga D’Alba » 2014
A l’ouverture : DS 16 – CDC 16
Après 5 heures d’aération : DS 16 – LG 16,5 – MS 16,5 – PM 17
Le Barolo est magnifique de profondeur dans un registre plutôt vin naturel. Il est très fin, élégant, racé et relativement corsé dans un contexte de millésime considéré comme faible. Aucune perception d’alcool car Ferdinando limite les degrés aux plus bas. Sur cette cuvée 13%.
Le millésime étant considéré comme délicat, exprimant la finesse alors que d’aucun y aurait préféré la force et la puissance habituelle des grands vins de Barolo ; Ferdinando a pris le parti d’incorporer ses meilleurs terroirs Ravera & Boscaretto dans cette unique « simple » cuvée de Barolo 2014. L’apport des vieilles vignes Ravera de plus de 50 années, aux vieux clones Michet associé aux vieilles vignes de Boscaretto de plus de 50 années, procure finalement au Barolo Serralunga 2014 un fabuleux rapport prix-plaisir rarement atteint ! Il sera bien meilleur dans 3 années et dévoilera tout son gros potentiel dans une dizaine d’années.
11 – Barolo : Giulia Negri « Serradenari » 2013
A l’ouverture : DS 15 – CDC 15
Après 5 heures d’aération : DS 15 – LG 15,5 – MS 15,5 – PM 15,5
Ce Barolo est vinifié par une jeune trentenaire en la personne de Giulia Negri qui a repris le domaine Familial Serradenari. Les vignes se trouvent à pratiquement 600 m d’altitude, tout en haut de la colline de La Morra avec une exposition sur l’autre versant Sud-Ouest.
A la dégustation, le vin déploie tous les marqueurs de l’appellation : la couleur est claire tirant vers le brun orangé. Le style est orienté vers l’élégance, la finesse. Tout est bien en place, le vin est juteux sans cependant avoir la percussion, la profondeur de goût du vin précédent de Ferdinando Principiano.
12 – Barolo : Cascina Fontana 2012
A l’ouverture : DS 15,5 – CDC 16
Après 5 heures d’aération : DS 15,5 – LG 17 – MS 16,5/17 – PM 16
Domaine artisanal se trouvant sur la commune de Perno, voisin immédiat de Massimo Grasso. La famille Fontana a un lien de parenté avec Maria-Teresa Mascarello et tente de se rapprocher du style inimitable Mascarello en proposant des vins tout en délié, sur la finesse, l’élégance, le raffinement …
Le Barolo est élégant, racé, très fin, bien fait, cependant il semble ne pas avoir suffisamment de profondeur de goût, d’éclat, de chair pour changer de catégorie. Le plaisir est au rendez-vous et les notes le positionnent dans le haut du panier. De plus le prix est abordable.
5ème série
13 – Barbaresco : Giuseppe Cortese « Rabaja » 2015
Uniquement le soir : DS 15 – LG 17+ – MS 16 – PM 15,5/16+
La bouteille a été amenée et débouchée au début de la soirée de dégustation. Avec quelques heures d’ouverture, le Barbaresco aurait dévoilé tout son joli potentiel. En effet, le domaine traditionnel est de premier ordre, au même titre que l’exceptionnel terroir de Rabaja. En l’état le Barbaresco est plutôt sur la retenue, un peu fermé dans un corps épais, dense, viril et puissant.
14 – Barbaresco : Manuel Marinacci 2014
A l’ouverture : DS 15,5/16 – CDC 16
Après 5 heures d’aération : DS 15,5/16 – LG 16,5 – MS 16 – PM 16,5
Domaine artisanal de 5 hectares se trouvant le plus au Sud de l’appellation Barbaresco, à une encablure de la ville d’Alba. Le Barbaresco s’exprime sur la finesse, dans un délié de pureté et d’élégance. Il se montre flatteur, agréable, rond, juteux, expressif dans un registre rappelant les vins de Bourgogne, notamment Volnay pour un dégustateur.
15- Barbaresco : Rivella Serafino « Montestefano » 2014
A l’ouverture : DS 13 – CDC 16
Après 5 heures d’aération : DS 16 – LG 17+ – MS 17,5 – PM 17,5/18
Domaine de 3 hectares de vieilles vignes haute couture, d’environ 70 années, exposées plein Sud, à flanc de coteau, géré par Téobaldo à plus de 70 ans. Tout est fait avec des méthodes ancestrales, traditionnelles, à la main comme un orfèvre d’Art, dans le sous-sol de la maison. La chimie n’a jamais franchi les portes de ce domaine authentique !
A la dégustation, le Barbaresco dévoile un superbe nez profond. La matière est épaisse avec de la sève, du corps, une forte densité de pulpe et de chair. Il est plein de promesses car il semble un peu fermé ou bien sur la retenue selon un dégustateur. L’aération lui fait du bien. La matière est telle qu’il est parti pour une vie d’une quarantaine d’année, comme la majorité des vins du domaine. Pourtant à ce stade de son évolution, pour un jeune Barbaresco, les tanins sont délicats, fins et le plaisir gustatif est déjà au rendez-vous. Il serait assez aisé de le qualifier de main de fer dans un gant de velours. Son goût exceptionnel dans un style à l’ancienne est plein de promesse.
16 – Barbaresco : Cascina delle Rose « Tre Stelle » 2015
Uniquement le soir : DS 15,5/16 – LG 17,5 – MS 16,5/17 – PM 16
La bouteille a été amenée et débouchée au début de la soirée de dégustation. Avec quelques heures d’ouverture, le Barbaresco aurait dévoilé, lui aussi, tout son joli potentiel. La texture est fine, élégante tout en délié.
6ème série
17 – Barolo : Agostino Bosco « Neirane » 2013
A l’ouverture : DS 15,5 – CDC 15,5
Après 5 heures d’aération : DS 15,5 – LG 14,5 – MS 14,5 – PM 14
Sur un autre terroir que La Serra, à une altitude plus élevée et sur un terroir au demeurant moins qualitatif, le Neirane ne parvient toujours pas à se hisser dans la catégorie des bons vins noté 16. Ce Barolo semble sec, banal et fatiguant pour deux dégustateurs. Il n’en demeure pas moins que le Barolo est sans défaut, plutôt bien fait.
18 – Barolo : Flavio Saglietti « Cerequio » 2013
A l’ouverture : DS 16+ – CDC 16
Après 5 heures d’aération : DS 16,5 – LG 16,5 – MS 16,5 – PM 17
Flavio est un aimable quinquagénaire jovial, jouant d’un instrument de musique dans un orchestre. Il possède une parcelle de vignes d’environ 2500 m2, autant dire un jardin entouré par les vignes du célébrissime Roberto Verzio.
Il y a 10 ans au moins Didier nous avait fait déguster un Cerequio de Roberto Verzio. Nous l’avions tous trouvé exceptionnel de plénitude et de raffinement. C’était pour beaucoup le premier grand Barolo dégusté !
Le Cerequio est vinifié dans un style basé sur la finesse & l’élégance. Le vin est séducteur, le goût est franc, précis, intense. Il apporte beaucoup de plaisir en bouche avec harmonie et équilibre.
19 – Barolo : Flavio Saglietti « Brunate » 2013
A l’ouverture : DS 17,5 – CDC 17
Après 5 heures d’aération : DS 17 – LG 16,5/17 – MS 17 – PM 17,5/18
De nombreux dégustateurs pointus connaissent le terroir de Brunate à travers les vins de Giuseppe Rinaldi. La parcelle se trouve tout en haut du terroir, à une encablure du magnifique authentique village de La Morra. La particularité de cette parcelle d’un demi-hectare réside dans l’âge des vignes. En effet, à ce jour je n’ai jamais rencontré des vignes centenaires à Barolo ! Les ceps ont effectivement plus de 100 ans. La taille n’est pas conventionnelle, de nombreuses plantes y ont élus domicile, des vieux cépages y sont encore répertoriés dans une forme « d’anarchie » orchestrée du plus bel effet. Les rendements sont dérisoires.
A la dégustation de ce précieux nectar, l’originalité de ce vin se distingue toujours par son parfum intense, foral et renversant (pétales de roses, roses séchées, tabac avec des arômes de foin infusé, d’herbes fraîches et épicées).
En bouche, le vin avance délicat, subtil, raffiné dans un délié de taffetas. Son équilibre est souverain, rien ne dépasse, tout est bien en place dans une forme de simplicité déroutante. Aucune sensation d’alcool, beaucoup de goût, du fond, de l’intensité contenue. Le Barolo n’est pas puissant, ni aérien : il est complexe et rappelle en cela des marqueurs de Bel Air Marquis d’Aligre, à Margaux (appréciation personnelle).
20 – Barolo : Flavio Saglietti « Brunate » 2006
A l’ouverture : ED
Après 5 heures d’aération : ED
7ème série
21 – Barolo : Massimo Grasso Cascina Tiole « Santo Stefano » 2009
A l’ouverture : DS 16,5 – CDC 17
Après 5 heures d’aération : DS 16,5 – LG 15,5 – MS 16,5/17 – PM 17
La cuvée Santo Stefano du domaine artisanal est un minuscule cru partagé par seulement 3 domaines dont le célèbre Giuseppe Mascarello qui en exploite plusieurs parcelles. Le millésime est solaire. Le Barolo est riche, hédoniste, capiteux, sans cependant avoir une sensation d’alcool en bouche. Tout est bien en place, équilibré. Le vin déroule avec beaucoup de goût et de plaisir.
22 – Barolo : Aurelio Settimo » Rocche Dell’Annunziata » 2009
A l’ouverture : ED
Après 5 heures d’aération : ED
Pour un petit nombre de dégustateur l’évolution aromatique est trop marquée (soja) alors que pour d’autres le vin est agréable, sans les marqueurs de soja ou d’évolution. Quoi qu’il en soit il y a du jus dans ce Barolo. La noix ou la truffe sont très souvent les marqueurs des vieux Barolos. Le millésime est solaire et pour certains il manque de la fraicheur alors que pour d’autres il est excellent !
8ème série
23 – Barolo : Giacomo Fenocchio « Bussia » 2014
A l’ouverture : DS 16,5 – CDC 16
Après 5 heures d’aération : DS 16 – LG 16 – MS 16 – PM 16,5/17
Domaine artisanal de 12 hectares, sans chimie ni levures aux méthodes ancestrales traditionnelles. Le Barolo est issu de 5 hectares sur le secteur bas le plus qualitatif de Bussia, en face le terroir de Cannubi, à la sortie du village de Barolo.
Le vin est parfumé et dégage des senteurs alléchantes de fruits rouges et noirs, de la réglisse, des épices, de la terre et des arômes d’herbes séchées. Il est structuré, moyennement corsé avec des tannins polis ; une acidité persistante et précise. La texture est soyeuse avec une belle longueur, dans un registre plutôt masculin, qui demande au moins 5 années de cave pour commencer à le révéler (2014 est le dernier millésime sorti).
24 – Barolo : Giacomo Fenocchio « Villero » 2014
A l’ouverture : DS 16 – CDC 16
Après 5 heures d’aération : DS 16,5/17 – LG 16,5 – MS 16,5 – PM 17
Le Barolo provient d’une vieille vigne d’un hectare dont le sous-sol est composé d’argile compacte de type marne bleue, associé à du calcaire et d’oxyde de fer.
Au nez, le parfum est complexe et riche en fruits (cerises rouges et noires, zeste d’orange, fraises, prunes), en parfums floraux (pétales de roses, roses séchées, tabac), en épices (anis étoilé, cannelle, clou de girofle) et menthol.
En bouche, le Villero n’est ni puissant, ni dense. Le corps semble éthéré avec cependant suffisamment de tannins fins, fermes et juteux. L’acidité est racée et rafraîchissante. Le fond est structuré sur la finesse dans un style luxuriant, plein de promesses. Il constitue un excellent Barolo dans le contexte du millésime délicat.
9ème série
25 – Barolo : Giacomo Fenocchio « Bussia Riserva 90 jours » 2012
A l’ouverture : DS 17,5 – CDC 17
Après 5 heures d’aération : DS 17,5 – LG 17,5/18 – MS 17,5 – PM 18+
La particularité de cette cuvée réside dans la durée de fermentation volontairement poussée à 90 jours afin d’adoucir les tannins. Les meilleurs lots du terroir Bussia sont isolés pour produire ce Riserva élevé durant 5 années dans de gros foudres Piémontais.
Magnifique robe écarlate, grenat-rubis intense tirant vers l’ocre. Au nez, des complexes senteurs de fruits rouges acidulés (griottes, cerises, fraises, prunes, raisins secs, figues), de fleurs, tabac, cuir, réglisse, avec des arômes de foin infusé, d’herbes fraîches et épicées explosent comme un feu d’artifice.
A la dégustation, le Riserva dévoile une grosse matière encore tannique qui demande à se patiner tant le potentiel est présent. Le Barolo Riserva est juteux, vibrant d’énergie, de fond et de densité. Bien qu’il se montre charnu, puissant et tannique, il n’en demeure pas moins très élégant, équilibré, avec un fond magnifique sur la finesse, l’élégance, le raffinement de texture. Il est délicatement relevé par des notes bienvenues d’épices, de fleurs et d’herbes sauvages.
26 – Barolo : Ferdinando Principiano « Boscareto » 2011
A l’ouverture : DS 16 – CDC 17
Après 5 heures d’aération : DS 17 – LG 18 – MS 18 – PM 18+
La cuvée haut de gamme du vigneron est particulière à plusieurs égards. Tout d’abord, les plus vieux ceps d’une cinquantaine d’années proviennent du terroir Boscareto. Ce fabuleux terroir est situé juste en dessous de Francia & Arione de Giacomo Conterno. Ensuite, les raisins sont vinifiés en vendanges entières, puis foulés aux pieds comme jadis. Enfin, la fermentation dure de 1 à 3 mois, sans levures, ni sulfites.
Le nez est explosif et envoutant de fruits rouges acidulés (fraises, groseilles, airelles rouges, figues), de fleurs fanées type pot-pourri (pétales de roses séchées ainsi que d’agréables senteurs d’herbes sauvages et de foin séché).
La bouche est confondante de douceur avec une grande fraîcheur en attaque, puis une sensation de densité, de matière, portée par un délié aérien d’une extrême finesse. La finale est juteuse, salivante avec une grande persistance tout en gardant de la fraîcheur. Le goût est renversant, profond, complexe, vibrant, énergique. Le Barolo Boscareto est complexe, ciselé, élancé dans un style aérien et raffiné à la Bourguignonne.
27 – Barolo : Aurelio Settimo « Riserva Rocche Dell’Annunziata » 2009
A l’ouverture : DS 18,5 – CDC 18
Après 5 heures d’aération : DS 18 – LG 16,5 – MS(16,5) – PM 18,5/19
Ce Barolo Riserva est rare et exceptionnel à plusieurs titres. Tout d’abord il est élevé durant 8 années avant sa commercialisation : 2 années en cuve ciment, puis 3 années en gros foudre et enfin 3 années de nouveau en cuve ciment ; plus 1 année au repos après la mise en bouteille. Ensuite, ce Riserva est la sélection des meilleures parcelles de Rocche, fabuleux terroir historique avec comme voisin immédiat la meilleure parcelle de Lorenzo Accomasso, ainsi que celle de Maria-Teresa Mascarello !
Le vin est vinifié par Tiziana, fille d’Aurelio Settimo dans un style traditionnel, à l’ancienne, sans aucun pesticides ni levures (label green experience). Sur 10 millésimes, seulement 3 Riserva sont produits : 2004, 2009 et le futur 2012.
Le Riserva 2009 délivre de superbes arômes intenses de fruits (cerises, groseilles, fraises), de pétales de roses avec des notes de terre et de cuir. En bouche, il fait preuve d’une impressionnante présence. Il est large, sphérique, corsé, enveloppant, avec beaucoup de goût : cerise noire, prune, truffe blanche, tabac, réglisse, noix, cannelle, épices, herbes … Le fond du vin, le corps et la texture sont hédonistes, capiteux, tout en ayant de la fraîcheur, malgré un millésime solaire ! Il révèle une succulente puissance capiteuse contenue dans une texture de soie ; l’ensemble est harmonieux, très élégant, sublime, avec une profonde et longue finale salivante.
Conclusion sur les impressions après 5 heures d’aération
Le voyage gustatif proposé en terre Piémontaise pour découvrir les cépages autochtones emblématiques de l’appellation comme le Dolcetto, le Barbera et surtout le Nebbiolo ont procuré un plaisir au-delà de nos espérances !
Les commentaires ainsi que les notes de dégustation révèlent une très grande majorité de vins autour de 16/20 et pratiquement une dizaine de magnifiques vins notés entre 16,5 et 18,5/19 ce qui, dans le contexte d’une dégustation, ne se rencontre pas régulièrement.
Il est vrai que les vins sélectionnés sont des dignes et vénérables vins de connaisseurs produits par des vignerons d’exception, dont les prix sont en adéquation avec la qualité de haut vol (prix caviste de 50 à 90 €). Cependant, de nombreux Barolo & Barbaresco notés autour de 16 à 17/20 ont des tarifs sages et compétitifs (prix caviste de 38 à 45 €).
La palme revient bien évidemment au Barolo, star incontestée, considéré comme l’un des meilleurs vins italiens, si ce n’est le meilleur ! Au regard de la qualité exceptionnelle, de nombreux Barolo aux sublimes terroirs sont en mesure de faire la course en tête ou bien un jeu égal face aux meilleurs vins de Bourgogne !
A cet égard, de nombreux amateurs ont déjà pris position depuis des années pour devenir allocataire ou effectuer des achats sur place. En 10 années, la demande pour ses vins d’exception est telle que la quasi majorité des domaines ne sont plus en mesure de proposer des vins à la vente aux nouveaux clients. Par ailleurs, le classement mondial au patrimoine de l’Unesco a intensifié son attraction. De même, les notes élogieuses des journalistes renforcent les visites d’amateurs venant du monde entier, notamment USA, Russie, Brésil, Asie, les pays du Nord de l’Europe …
Pour revenir au thème du vin, la sélection des vins est volontairement orientée vers des vignerons de petites tailles, de 3 à 12 hectares. Ce sont tous des artisans dont la philosophie est la plus proche de la nature, aux méthodes de travail traditionnelles, ancestrales. En cela cette noble vision s’oppose aux vignerons dits « modernistes » qui ne sont volontairement pas sélectionnés.
Les Vins du Piémont Italiens demandent une longue aération pour révéler leur très grand potentiel dégustatif. De nombreux amateurs ne sont pas encore familiarisés avec les cépages du Piémont. Parfois cela nécessite pour les moins avertis un temps d’adaptation, surtout pour les cépages les plus « acides » comme le Barbera d’Alba.
Même si les vins affichent des degrés d’alcool relativement élevé de 13,5 à parfois 15%, aucune sensation ne se ressent à la dégustation. Cela est engendré par l’acidité des cépages qui permet de contre balancer la charge alcoolique et d’apporter un magistral équilibre au vin.
Tous les vins de Barolo et de Barbaresco dégustés sont produits avec un mono cépage : le Nebbiolo. Ils sont tous issus de domaines dont la quasi majorité des vignes se trouvent sur des collines aux pentes escarpées. Parfois aucun outil mécanique n’est utilisable. La plupart des domaines n’utilisent pas de pesticides et limitent l’utilisation de la chimie. Les vignes sont toutes enherbées, la récolte des raisins est totalement manuelle. La vendange a lieu un peu plus tard qu’en France, courant octobre sauf exception.
En ce qui concerne les vignerons, ils sont tous avenants, abordables, attachants. Il règne encore une agréable atmosphère de gens de la terre. Rien n’est ostentatoire, clinquant, bien au contraire tout semble paisible, reposant, authentique avec un réel art de vivre, loin de l’agitation et du tumulte. Ils parlent pratiquement tous le français, adorent le Champagne et sont intarissables de louanges pour les vins de la belle Bourgogne !
En guise de conclusion, les vins de Barbaresco et surtout de Barolo ne cessent d’enchanter les amateurs du monde entier. En toile de fond se dessine un terroir de classe mondiale en pleine transformation et mutation malgré l’enracinement. En ce qui concerne le patrimoine viticole, le prix des vignes a été multiplié par 3 en quelques années, les biens immobiliers ont également suivis cette tendance depuis le passage au Patrimoine Mondial de l’Unesco. De nombreux domaines réputés investissent dans de nouveaux chais, la plupart creusés dans la roche ou la terre. De nouvelles générations prennent le relais, notamment des filles.
Année après année, de nombreux domaines restructurent de grands terroirs avec de gros travaux de drainage, d’aménagement des sols, de replantation. De nombreux champs ou prairies sont transformés en vignes. Le bâti est également transformé, ré aménagé, embelli … De nouveaux commerces aux enseignes modernes voient le jour, des bus de touristes asiatiques sont désormais visibles dans le petit village de Barolo (800 habitants).
Au bout de la chaîne, le prix du vin de Barolo ne cesse d’augmenter et nous sommes nombreux à penser que les tarifs rejoindront un jour ceux de Bourgogne. Depuis une à deux années, les cavistes contingentent la plupart des vins, même ceux revendus autour de 50 € pour satisfaire le nombre croissant d’amateur. La pression ainsi que la spéculation pointent déjà le bout du nez. Pour les amateurs de grands vins, il est encore temps de faire le plein de trésors et pépites de Barolo & Barbaresco, à un prix encore sage au regard de la qualité exceptionnelle, avant que les prix explosent et ne soient plus accessibles …